Cet article a été publié dans le National Observer.
La Journée nationale des peuples autochtones, des gens de tout le pays se rassemblent pour souligner et célébrer l’héritage, les traditions et les connaissances uniques des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Nous réfléchissons aujourd’hui à l’importance du leadership autochtone en matière de politiques climatiques.
Ce n’est pas de ce qui nous vient spontanément à l’esprit lorsqu’on pense aux contributions autochtones, mais ce devrait l’être. Les peuples autochtones, qui s’avèrent souvent les premiers témoins des impacts climatiques, sont à l’avant-garde dans le développement d’une économie propre.
Nous le constatons en ce moment : les communautés autochtones font face aux effets dévastateurs des feux incontrôlés alimentés par les changements climatiques sur de vastes étendues. Parallèlement, les nations autochtones pilotent le changement pour mieux se préparer aux feux à venir en ravivant des pratiques de brûlage culturel longtemps utilisées en gestion des terres.
Tandis que la majorité du pays œuvre au lancement de grands projets en raison de l’incertitude commerciale qui règne au sud de la frontière, les peuples autochtones continuent de nous rappeler qu’ils sont des partenaires stratégiques, peu importe la trajectoire choisie. Ils ont tracé la voie en ce qui a trait à la transition énergétique, au développement de projets d’énergie renouvelable, de stockage par batterie, de transport d’électricité et d’exploitation minière, et plus encore.
Les systèmes de connaissances autochtones soutiennent les communautés depuis la nuit des temps et font partie intégrante des approches relationnelles et holistiques de gestion des terres et des eaux. La réflexion sur cette relation doit se poursuivre et être incorporée à notre façon d’aborder, d’élaborer et d’appliquer des politiques climatiques. Peut-être avez-vous déjà appris la langue d’un pays que vous avez visité, mais avez-vous appris une langue autochtone du territoire où vous vivez? Cet apprentissage peut transformer nos connaissances du territoire, de la crise climatique et de la survie culturelle des peuples qui y sont le plus étroitement liés.
Pour favoriser le leadership climatique autochtone, nous devons passer outre les idées conventionnelles de collaboration et mettre à l’avant-plan l’autonomie nationale des Autochtones. Pour ce faire, il faut adopter des systèmes autochtones de gouvernance des terres et des eaux qui offrent des approches plus équitables et réciproques à l’égard des politiques et des processus décisionnels.
Promouvoir les solutions climatiques dirigées par des Autochtones
Il y a cinq ans, l’Institut climatique du Canada et le Centre for Indigenous Environmental Resources ont créé ensemble le programme Perspectives autochtones. Cette initiative de mentorat et d’études de cas a été conçue pour promouvoir les études dirigées par des Autochtones qui proposent des stratégies efficaces, mettent en lumière des obstacles systémiques et présentent des leçons tirées par les Autochtones en matière de réponse aux impacts climatiques, d’efforts d’atténuation et de transition vers l’énergie propre.
Chaque année, nous soutenons l’élaboration d’études de cas à l’aide d’allocations de recherche et offrons une plateforme pour les études dirigées par des Autochtones, pour les Autochtones. Afin de contribuer à l’appel de soutien langagier et culturel de la Commission de vérité et réconciliation et de respecter les pratiques consacrées de savoir-faire et de savoir-être, les études de cas peuvent être traduites.
Le programme d’études de cas culmine avec une table ronde virtuelle en direct qui rassemble un public national composé de membres des communautés, de représentants gouvernementaux, de leaders de l’industrie, de chercheurs et d’organismes sans but lucratif. La table ronde est un espace pour présenter les recommandations de politiques climatiques autochtones, répondre aux commentaires des participants et mettre en avant les personnes et les organisations qui instaurent des changements dans leur communauté.
La table ronde rassemble des leaders autochtones et allochtones pour discuter, apprendre et collaborer afin d’élaborer des politiques climatiques dirigées par des Autochtones.
La gouvernance autochtone, un moteur pour les politiques climatiques
Cette année, comme lors des cinq précédentes, nous avons entendu des témoignages éloquents de leaders autochtones en matière d’action climatique de partout au pays. Leurs perspectives mettent en lumière tant des réussites que des échecs systémiques continus, notamment les limites persistantes des cadres de collaboration qui ne tiennent pas entièrement compte des systèmes de gouvernance autochtones.
Sur la côte est, nous avons entendu parler des incroyables occasions qui s’offrent aux communautés autochtones comme le North Shore Mi’kmaq Tribal Council de mener la transition vers l’énergie propre à l’aide de systèmes énergétiques distribués appartenant aux communautés. Non seulement cette approche réduit les émissions, mais elle favorise aussi l’autodétermination et l’indépendance économique.
Dans le cadre de la conversation nationale en cours sur les corridors énergétiques, nous avons vu de quelle façon les projets de transport de l’électricité incluant des Autochtones pourraient permettre l’exploitation du remarquable potentiel d’énergie renouvelable du Canada, un élément crucial pour créer des réseaux électriques plus étendus, plus propres et plus intelligents essentiels afin de réduire les émissions et de soutenir une économie propre.
En territoire Cowichan, nous avons entendu parler des occasions et des défis qui se présentent à Quw’utsun Kw’atl’kwa Enterprises, une entreprise de pêche détenue et exploitée par les tribus Cowichan qui s’efforce de relever les défis interreliés des changements climatiques, des pratiques du secteur et de la durabilité environnementale en matière de gestion adaptative des pêches à l’aide d’une vision holistique.
Sur le territoire des Cris d’Omushkego, également appelé peuple de l’eau, nous avons appris comment le groupe Friends of the Attawapiskat River permet de faire entendre les voix des communautés autochtones qui veulent protéger les terres pour les générations futures dans la région du Cercle de feu de l’Ontario.
Ces risques, ainsi que la demande de retour à la gouvernance autochtone, sont des thèmes qui ont été maintes fois entendus dans les récits du Anishnabe Moose Committee, un collectif de différentes communautés Anishnabe (Algonquin) qui œuvre pour la protection des orignaux, des terres et de la culture des répercussions de la déforestation, de la mauvaise gestion et des changements climatiques.
Un appel à réfléchir et à apprendre
Les perspectives de chaque autrice ajoutent une dimension importante à la façon dont nous relevons les défis liés aux changements climatiques et créons un meilleur avenir ensemble.
À l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, nous invitons chaque personne à penser aux terres où elle habite. Réfléchissez à la diversité des peuples autochtones, à l’histoire des traités (ou l’absence de traité) et les relations profondes entre les peuples, les terres et les autres êtres vivants.