Exploiter l’énergie renouvelable non utilisée au Canada

Éléments que les responsables des politiques doivent prendre en compte afin de créer des cadres pour les projets de transport de l’électricité incluant des Autochtones.

Les auteurs dédient ce document à la mémoire de Byron LeClair. Ces travaux ont été rendus possibles grâce aux efforts qu’il a déployés.

Introduction

En période d’incertitude, une chose est évidente : les communautés autochtones du Canada joueront un rôle central dans la transition évolutive vers l’énergie propre. Un rapport récent de l’Institut climatique du Canada montre que ce processus de réconciliation économique fondé sur la durabilité est sur la bonne voie; au cours des dernières décennies, on a constaté une augmentation des projets autochtones en matière de production d’énergie propre. Les temps changent. Les entités autochtones jouent désormais un rôle important dans d’autres aspects de la transition énergétique, allant au-delà de la production d’énergie classique, comme l’énergie solaire, l’hydroélectricité au fil de l’eau et l’énergie éolienne. Cette évolution nécessaire comprend la mise en service d’une nouvelle infrastructure de transport. L’extrait ci-dessous, tiré du rapport Les vagues du changement de 2022 de l’Institut climatique du Canada  mentionné plus haut, confirme l’autochtonisation émergente du transport et l’avenir concret, pratique et aucunement appelé à être normatif de cette augmentation de la participation des Autochtones au chapitre du transport de l’électricité :

La période de 2015 à 2020 a aussi été marquée par une forte augmentation de la participation autochtone aux projets de transport d’électricité. Au total, 19 projets ont été réalisés ou entrepris, dont des projets majeurs raccordés au réseau (ex. : projet hydroélectrique de la Romaine, au Québec), des projets d’interconnexion communautaire hors réseau (ex. : projet de Wataynikaneyap Power, en Ontario) et des projets de renforcement du réseau (ex. : ligne Bipôle III, au Manitoba).

En particulier, les organisations autochtones participent à ces secteurs capitalistiques en tant que dirigeantes et propriétaires majoritaires. Dans ce nouvel environnement participatif, il est nécessaire d’ajouter des commentaires ancrés dans la communauté et axés sur les responsables des politiques. L’intégration des populations autochtones dans les projets de nouvelles lignes de transport d’électricité présente des avantages juridiques, sociaux, économiques et (ce qui est particulièrement important ici, compte tenu des forums) environnementaux. Il est essentiel que les responsables des politiques au Canada prennent soigneusement en compte ces avantages au moment de déterminer la meilleure façon d’affecter le peu de temps et d’argent dont ils et elles disposent à la réconciliation économique avec les Autochtones et à l’atténuation des changements climatiques, deux défis déterminants pour le Canada au 21e siècle.

[Cliquez ici pour voir la version en français] Ōma nīhithaw kakīskīkīmowin-masinahikan ikīmasinahikātīk, kawīcihikocik omistikōsiwak, aniki kātoskātākwāw  pithīsīskotīw, ka-kiskīthītākwāw īsi nīhithawak ka-mitho-wītatoskīmīcik, īsi nīhithawak kā-isi-nistōtākwāw ōmītowak atoskīwin.

En gardant ces tendances à l’esprit, la perspective autochtone suivante est axée sur le maintien de l’élan en ce qui concerne la participation des Autochtones aux projets d’infrastructures de transport, en tenant compte des options pragmatiques qui pourraient accélérer les progrès existants.

Nous considérons que notre travail répond en partie à un déséquilibre dans la littérature sur la transition énergétique pour ce qui est de la mobilisation des Autochtones dans la production d’électricité propre. Cette (sur)importance historique, bien que louable et compréhensible, doit maintenant s’étendre à la transmission (ainsi qu’à d’autres sujets pertinents touchant la chaîne de valeur de l’électricité, comme la distribution de l’électricité). Des recherches approfondies montrent que le leadership et la participation des Autochtones sont possibles quant à de multiples dimensions de la transition énergétique complexe (cliquer ici pour voir nos travaux les plus récents sur ce sujet, et ici pour consulter nos travaux antérieurs sur les nouvelles idées autochtones en matière de transport). Dans le présent document, nous mettons l’accent sur des bases conceptuelles concrètes et réalistes à l’intention des responsables des politiques souhaitant faire avancer des projets d’électricité incluant les Autochtones qui auront des retombées générales pour la population canadienne.

Qui nous sommes

Menée par Frank Busch, le premier PDG inscrit visé par un traité d’une entreprise canadienne de niveau 1 cotée en bourse, cette perspective intègre un point de vue autochtone ancré et corroboré par les réflexions et les expériences des auteurs qui y ont collaboré. Nous commençons cette section en insistant sur le fait que cette perspective autochtone est une perspective éclairée, mais très spécifique à une ou à plusieurs personnes, ancrée dans les pratiques de développement énergétique et économique des communautés autochtones. En outre, il ne s’agit pas de la perspective prédominante de chaque communauté. En fait, il ne faut même pas la considérer comme la perspective collective de la nation des Cris de Nisichawayasihk (Nee-chise-away-a-see), dont est originaire Frank Busch. Nous espérons plutôt que ce travail favorisera un dialogue naissant, mené par les Autochtones, sur les aspects qui ne sont pas liés à l’opération de la transformation de l’énergie propre.

En tant qu’équipe d’auteurs autochtones et non autochtones, nous cherchons à fournir ce que sont, selon nos expériences de praticiens et d’universitaires, des pratiques exemplaires et de choix pour les communautés qui cherchent à déterminer à quoi servira finalement leur participation à l’avenir du transport d’électricité au Canada. Nos recommandations tiennent compte de certaines théories et de certains documents existants, tout en restant ancrées dans la pratique (en prenant particulièrement en compte les expériences vécues et les observations directes de l’auteur principal).

Pour ne citer que quelques exemples du contexte sur lequel nous nous appuierons, Frank Busch a visité plus de 300 communautés autochtones au cours des deux dernières décennies, tandis que les autres membres de l’équipe de rédaction ont vécu dans des communautés isolées (Joel Krupa) ou ont soutenu des évaluations environnementales menées par des Autochtones dans l’Ouest canadien (Kevin Hanna – voir Nishima-Miller et coll.). Ces travaux résument l’expérience au chapitre de la transition énergétique et du développement communautaire acquise pendant ces décennies, à laquelle s’ajoutent des exemples tirés de la littérature ou du monde réel, allant des essais de faisabilité à un stade précoce aux opérations à long terme.

Pourquoi le transport importe-t-il et pourquoi la propriété autochtone représente-t-elle un triple avantage rare sur les marchés de l’énergie?

La mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, que le Canada a signée, exige que tous les projets de transport d’électricité prévus dans le cadre de l’objectif du Canada qui est de parvenir à la carboneutralité d’ici 2050 fassent l’objet d’une consultation auprès des Autochtones, que ces derniers et dernières aient part au capital ou aient part à la construction. Même en 2025, de nombreuses communautés autochtones continuent de dépendre d’une électricité produite avec du diesel qui s’avère coûteuse, souvent peu fiable et parfois dangereuse, qui nuit aux efforts déployés par les nations pour développer les économies locales et offrir de meilleures perspectives aux jeunes. Ce statu quo, qui découle au moins en partie des lacunes en matière de transport, aboutit à ce que Kristen van de Biezenbos appelle la pauvreté énergétique persistante au Canada. Comme le souligne Kristen van de Biezenbos, non seulement cette situation crée une injustice énergétique inacceptable, mais elle étouffe également la croissance économique dont nous avons tant besoin. Il est peu probable que la pauvreté persistante en matière d’énergie change sans une nouvelle réflexion sur les projets de transport en particulier.

Au-delà de la base sociojuridique solide des nouvelles actions déployées au chapitre du transport décrites jusqu’à présent, la motivation liée au climat pour accroître la prise en compte des Autochtones dans l’analyse des projets de transport de l’électricité est tout aussi évidente. Cela pourrait se faire dans un vaste éventail de scénarios, comme le prolongement prévu des lignes intraprovinciales existantes ou, à moyen terme, les liens facilitant la hausse du commerce de l’électricité entre les provinces, des lignes supplémentaires reliant le Canada et les États-Unis, ou même (plus théorique) des connexions intraprovinciales de grande distance entre des régions peu peuplées, mais riches en électricité propre, et les centres industriels ou les régions urbaines qui ont besoin d’un approvisionnement supplémentaire en électricité. Souvent, on envisage la transition vers l’énergie propre comme un exercice de mise en service de niveaux beaucoup plus élevés de ressources éoliennes, solaires et hydroélectriques. Toutefois, sans interconnexions de transport adéquates, l’énergie renouvelable produite (qui est souvent située dans des endroits éloignés dotés d’excellentes ressources éoliennes ou d’un ciel ensoleillé) n’a nulle part où aller. Bien qu’il soit sous-estimé, le transport est le point d’ancrage de la réalisation des grandes ambitions en matière de changement climatique.

Des études canadiennes montrent que l’expansion et l’interconnexion des réseaux de transport permettent de réaliser des économies systémiques et de réduire les émissions, par exemple en valorisant mieux l’extraction en matière d’énergie propre et en augmentant la valeur des politiques de tarification du carbone. Comme le suggérait l’article important s’intitulant The cost of decarbonizing the Canadian electricity system, le transport représente également pour la population canadienne l’une des options de réduction des émissions dont le coût est le plus bas.

[Click here to see the English version] ōma pithīsīskotīw atoskīwin ōta ministik kānata kwayask mistahi atoskīwin, mistahi mīna ikota oci kakī-sōniyākipathiw māka, poko nīhithawak kawītatoskīmīcik.

Tout simplement, l’exploitation du potentiel d’électricité renouvelable du Canada nécessite d’importants investissements dans le transport. Ce transport ne peut se faire qu’avec l’inclusion des Autochtones.

Évidemment, obtenir des résultats optimaux est plus facile à dire qu’à faire. En fait, la construction de lignes de transport est un processus long et ardu. Le transport d’électricité exige d’énormes mises de fonds, la capacité de réunir et d’organiser une équipe diversifiée de professionnels et professionnelles (juridiques, techniques et autres) pendant plusieurs années, voire plusieurs décennies, et la capacité de surmonter un nombre remarquable d’obstacles différents. Parmi les sujets préoccupants, la feuille de route historique de l’intégration accrue du transport (comme au Manitoba, la province de Frank Busch) suggère que les résultats environnementaux obtenus ne sont pas uniformément avantageux. Bien que ces contraintes et ces inconvénients dépassent grandement le champ d’application de cette brève étude de cas, nous voulions nous assurer qu’ils soient reconnus d’emblée alors que nous nous apprêtons à fournir des points de départ concrets que les responsables des politiques, en particulier, devraient prendre en considération.

Prochaines étapes pragmatiques pour permettre aux responsables des politiques de soutenir l’intégration des Autochtones dans le transport d’électricité

De nombreuses communautés autochtones cherchent à développer des économies locales, durables et respectueuses de l’environnement, en plus d’accroître l’accès à l’emploi de leurs membres grâce à des actifs générateurs de revenus susceptibles d’améliorer leur situation financière. Les recommandations suivantes sont cinq recommandations précises, qui recoupent toute la série de recommandations beaucoup plus longue fournie dans la récente stratégie autochtone nationale d’électrification de la First Nations Major Projects Coalition. Nous formulons les recommandations suivantes comme points de départ pour les responsables des politiques œuvrant auprès des Autochtones afin qu’ils et elles considèrent les moyens possibles de parvenir à une plus grande souveraineté économique et politique pour leur avenir énergétique.

Piyak-kakīskīkīmowin: kāpacītāniwaki ōki “5 Cs” masinahikan
Recommandation 1: mettre en œuvre le cadre des « 5 C »

Dans l’article publié en 2012 s’intitulant Identifying barriers to Aboriginal renewable energy deployment in Canada, Joel Krupa a décrit les principes fondamentaux d’un cadre réussi de déploiement de l’énergie renouvelable par des Autochtones. À l’époque, on avait souligné qu’il était essentiel de mettre l’accent sur trois « C », soit le capital (l’argent), la clarté (plus précisément au chapitre des règlements et des politiques) et la capacité (particulièrement dans les communautés et les réserves). Offrir un accès accru aux capitaux reste la principale priorité des communautés autochtones à la recherche de possibilités dans le domaine de l’énergie renouvelable, tout comme le fait d’améliorer la clarté des règlements et des politiques pour les personnes à la tête des communautés. Il reste également nécessaire de renforcer la capacité des communautés dans différents domaines (humains, comme nous l’avons déjà indiqué, mais aussi techniques, financiers et autres).

Au cours de la dernière décennie, nous avons élargi le cadre des « 3 C » pour y inclure les champions et championnes de l’absence de corruption et les champions et championnes de la communauté et ainsi former les « 5 C ». Le premier concept est explicite, tandis que le second appelle à une innovation permanente au sein des communautés afin de garantir l’émergence et l’épanouissement de visionnaires communautaires capables de mettre en œuvre une planification à long terme difficile.

Ces concepts prennent racine dans l’expérience sur le terrain de Frank Busch ainsi que dans l’expérience acquise par Joel Krupa pendant les nombreuses années passées à travailler pour la Première Nation Biigtigong Nishnaabeg (anciennement les Ojibwés de la Première Nation de Pic River) et à vivre dans cette communauté, qui fait partie des pionniers dans le domaine de l’énergie propre autochtone. Ce parcours, décrit dans Blazing a new path forward : A case study on the renewable energy initiatives of the Pic River First Nation, a mis en évidence, à maintes reprises, les avantages remarquables du leadership du champion de cette communauté : le regretté Byron LeClair. (Le rôle de ce dernier, plus précisément, est confirmé dans des textes essentiels, comme Aboriginal Power : Clean Energy and the Future of Canada’s First Peoples de Chris Henderson et Phil Fontaine.) La ténacité et le dévouement de LeClair ont joué un rôle prépondérant dans la constitution d’un panier éventuel d’énergies propres comprenant, entre autres, l’un des premiers sites hydroélectriques au fil de l’eau appartenant entièrement à des Autochtones.

[Click here to see the English version] Aniki nīhithaw-itāwina āsay kā-sōki-atoskāsocik, iyakwani mwāci kāmithokāpawicik ispihk ōma pithīsīskotīw-atoskīwin pikiskwācikātīki, iyakwani nīkān kakī-pīkiskwātīcik. 

Les communautés affichant une forte capacité, dirigées par des championnes et champions compétents et bien informés, sont les catalyseurs les plus importants pour les projets autochtones de transport d’électricité.

Nīso-kakīskīkīmowin: kanistawinikātīk nīhithaw kiskinwāhamākīwina, nīhithaw itāwina anohc kā-isi-pimipathītāniwaki, mīna īsi ōma pithīsīskotīw-atoskīwin kātī-isi-wathasowācikātīk.
Recommandation 2: reconnaître le lien entre les valeurs autochtones, les communautés autochtones contemporaines et la planification du transport d’électricité

Nous devrions être sceptiques face aux tentatives de présenter une voix « autochtone » homogène parmi l’ensemble des voix qui doivent définir toutes les tentatives faites au 21e siècle de communiquer avec les Autochtones. Néanmoins, on peut dire qu’il existe au moins deux thèmes communs qui tendent à unir les communautés autochtones :

  1. Elles souhaitent préserver l’intégrité de l’environnement, qui peut se manifester à différentes échelles (mondiale, régionale ou territoriale).
  2. Les communautés autochtones sont liées à la terre de multiples façons : physiquement, émotionnellement et spirituellement. Cette stabilité s’accompagne d’une probabilité relativement faible d’afflux importants d’immigrants et immigrantes dans de nombreuses communautés autochtones, en particulier dans les régions éloignées qui pourraient être touchées de manière positive par les projets de transport d’électricité.

Autrement dit, les caractéristiques des projets de transport d’électricité (notamment leur longue durée, leurs répercussions minimes sur les terres par rapport à d’autres projets d’infrastructure et leur capacité à faciliter l’intégration de technologies propres et renouvelables) vont de pair avec les valeurs autochtones générales, soit protéger la terre et vivre en relation étroite et respectueuse avec elle. D’autres caractéristiques des lignes de transport (comme leur potentiel de création d’emplois et leur présence physique dans des zones reculées) vont de pair avec les caractéristiques des communautés autochtones d’aujourd’hui.

C’est pourquoi il convient de noter que les communautés préféreront probablement un mode de transport favorable à la décarbonation plutôt que des solutions de rechange comprenant des combustibles fossiles, sauf s’il n’existe pas d’autres solutions de rechange attrayantes. Dans le cas de l’installation de gaz naturel liquéfié flottante Ksi Lisims proposée par la nation Nisg̱a’a, Shannon Waters montre qu’il existe des tensions entre les groupes autochtones à propos de l’exploitation de ce gaz. De toute évidence, il est difficile de demander aux communautés de renoncer à leur autonomie économique au profit d’avantages environnementaux à l’échelle du système. Parmi les domaines clés sur lesquels les responsables des politiques doivent mettre l’accent, il y a le fait de reconnaître l’existence de cette tension et de cet équilibre, et de s’efforcer d’offrir des solutions de rechange écologiques avantageuses et convaincantes aux projets ayant des répercussions plus importantes sur l’environnement.

[Click here to see the English version] Owathasowītinowak poko kamiskawācik aniki nīhithawak kā-nōtī-wītatoskīmīcik, aniki nīhithawak pimiy-atoskīwin kā-nōtī-atoskātākwāw- ōma transmission-atoskīwin kākī-māci-atoskācikātīw.

Les responsables des politiques doivent s’efforcer de trouver des solutions de rechange attrayantes pour les nations qui envisagent d’avoir recours aux combustibles fossiles, en commençant par le transport.

Nisto-Kakīskīkīmowin: manācītāk nīhithaw kiskīthītamowin, kistīthīta īsi kēhtē-ayak kā-isi-kiskīthītākwāw.
Recommandation 3: accorder la priorité aux perspectives des gardiens et gardiennes du savoir et des Aînées et Aînés autochtones

Le rôle indispensable que jouent les gardiens et gardiennes du savoir et les Aînées et Aînés quand vient le temps d’orienter une étape importante pour la communauté, comme la participation à un projet de transport, peut être facilement négligé en raison de l’enthousiasme que suscite la réalisation d’un nouveau projet. Il s’agit d’un processus pratique, qui peut être intégré à n’importe quel stade du cycle de vie du projet, y compris les toutes premières étapes. Il ne faudrait pas sous-estimer les avantages financiers concrets qu’une telle approche pourrait procurer. Par exemple, les promoteurs de longue date (eux-mêmes autochtones) de Five Nations Energy, dans le nord de l’Ontario, ont cherché à assurer la participation des Aînées et Aînés pour définir le tracé final du projet, des lignes de transport d’énergie à travers un terrain complexe sur le plan géomorphologique.

Frank Busch a été le témoin direct de l’élaboration d’un processus participatif novateur à l’occasion de la construction de la centrale électrique de Wuskwatim, un barrage hydroélectrique de 200 mégawatts d’une valeur de 1,3 milliard de dollars, et une ligne de transport d’électricité connexe de 300 millions de dollars construite à l’aide d’un partenariat entre la nation crie de Nisichawayasihk et Manitoba Hydro. Lors de l’élaboration du projet, des Aînées et Aînés reconnus ont été embauchés comme consultants communautaires et ont participé à la sélection du lieu, au droit d’entrée et de sortie et à la mobilisation communautaire, en compagnie d’ingénieurs et d’ingénieures et d’autres professionnels et professionnelles. Même si les spécialistes étaient, au départ, sceptiques, il est rapidement devenu évident qu’il y avait des synergies en raison des connaissances des Aînées et Aînés de la communauté qui étaient consultantes sur le terrain et des résidents et résidentes, le tout associé à des pratiques scientifiques judicieuses et à l’ingénierie.

En plus de ces contributions techniques utiles, il y avait également des avantages au chapitre de l’acceptation sociale. Le personnel de Manitoba Hydro savait qu’il allait devoir évoluer dans un milieu hostile, car nombre de membres de la communauté éprouvaient de la colère et du ressentiment à l’égard du service public provincial en raison du projet de dérivation de la rivière Churchill au début des années 1970. Si les Aînées et Aînés qui ont agi à titre de consultants communautaires n’avaient pas fait les présentations, il est probable que beaucoup de nombreux membres de la communauté auraient évité d’interagir de manière utile avec Manitoba Hydro (ou auraient même décidé de ne pas participer). Grâce à un dialogue approfondi avec la communauté et à un programme d’éducation de la population à l’appui, les citoyennes et citoyens de la nation crie de Nisichawayasihk ont commencé à considérer le projet comme une occasion économique et éducative. Le projet a finalement été achevé avec succès en 2006, créant une nouvelle voie pour les projets d’hydroélectricité au Manitoba (dont le projet Keeyask de 695 mégawatts d’une valeur de 8,7 milliards de dollars achevé en mai 2022).

[Click here to see the English version] Owathasowītino-masinahikīwak, nawac kakī-pimicisāhakwāw nīhithaw kiskīthītamowin ispihk kākithaw ōma pithīsīskotīw-atoskīwin atoskācikātīki -ispihk mīna transmission-atoskīwin atoskācikātīki.

Les responsables des politiques devraient mieux intégrer les connaissances des gardiennes et gardiens du savoir à chaque étape de la chaîne de valeur des technologies propres, y compris le transport.

Nīyo-kakīskīkīmowin: kinawāpāta kākithaw atoskīwina kāmitho-kīsītāniwaki ōta ministik-kānata mīna opimī
Recommandation 4: évaluer les retombées des projets réussis au Canada et ailleurs

Il existe des exemples de projets réussis riches en enseignements. Le premier point de départ le plus évident consiste pour les communautés à exploiter stratégiquement les possibilités que proposent les modèles de partenariat sous forme de consortium qui réunissent plusieurs communautés, tout en procurant une valeur ajoutée évidente à d’autres groupes d’intervenants, comme les contribuables ou les défenseurs et défenseuses de l’environnement. C’est le principe selon lequel « l’union fait la force ». Et c’est possible!

Une fiche de renseignements d’une grande entreprise de service public appartenant au secteur privé, NextEra Energy, fait état de plusieurs principes de base pour ce type de réussite dans une brève étude de cas sur le projet de raccordement électrique Est-Ouest dans le nord de l’Ontario, le long de la rive nord du lac Supérieur. Tout d’abord, sur un plan très élémentaire, le projet de raccordement électrique Est-Ouest de 450 kilomètres, que l’on décrit comme « l’un des plus grands investissements dans le réseau électrique du nord-ouest de l’Ontario depuis des décennies », a facilité l’expansion continue de la capacité (dont les investissements dans des actifs d’électricité propre) dans la région. Cela pourrait comprendre certains projets, comme l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’hydroélectricité au fil de l’eau, ainsi que des possibilités potentielles de décarbonation pour l’avenir, comme le nouveau projet des chutes Chigamiwinigum, situé à la fois dans le parc national Pukaskwa et sur le territoire traditionnel des Biigtigong Nishnaabeg. Le projet de 777 millions de dollars s’est efforcé d’assurer la participation d’une myriade de communautés autochtones et non autochtones le long de la ligne, les communautés autochtones ayant la possibilité de participer à la fois pour ce qui est des capitaux et des emplois au cours de la construction et de l’exploitation. Enfin, cette ligne achetée de manière concurrentielle offre d’excellents avantages en termes de fiabilité et de souplesse pour les contribuables, tout en proposant de nouvelles perspectives au secteur industriel.

Parmi les autres exemples aux États-Unis qui méritent d’être soulignés, il y a le nouveau financement tribal, mis en place grâce à des lois phares sur l’énergie propre de l’ère Biden. Le Greenhouse Gas Reduction Fund et le Loan Programs Office de l’administration Biden a fourni une assistance technique et un renforcement des capacités ainsi que des ressources pour le financement des projets d’énergie tribaux, allant du soutien à l’inclusion de prêteurs commerciaux à l’intégration d’outils de réduction des risques, comme des garanties de prêt pour un vaste éventail de projets.

Plus près de nous, des projets, comme celui de la ligne de transport Wataynikaneyap (ou « Watay »), ont non seulement contribué à l’électrification des communautés situées le long de son tracé, mais ont également aidé à améliorer l’environnement grâce à la réduction de l’utilisation du diesel et au potentiel d’intégration de l’énergie renouvelable améliorée et de croissance économique générale, qui peut comprendre des possibilités d’extraction de minéraux critiques capable de soutenir les technologies de décarbonation. Il ne s’agit là que de quelques idées : on a désormais accès à une multitude de leçons tirées de projets passés. Il serait bien que les futurs promoteurs fassent leurs devoirs.

[Click here to see the English version] Owathasowītino-masinahikīwak poko kakinawāpātākwāw aniki atoskīwina kākī-mitho-kīsītāniwaki, mīna ispihk kāti-māci-wathasowācikātīki nīhithaw-kiskinōtawi-masinahikana, kamamitonīthīcikātīki aniki āsay kākī-mitho-atoskācikātīki -mīna, aniki kīkwāya namwāc kākī-mithopathiki atoskīwina. 

Les responsables des politiques doivent s’appuyer sur les réussites passées et, lorsqu’ils établissent les cadres de la participation autochtone, garder à l’esprit ce qui a fonctionné et, peut-être plus important encore, ce qui n’a pas fonctionné.

Niyānan kakīskīmowin: kākiskīthīcikātīk, kākithaw nīhithawak pītos isi-atoskīwak.
Recommandation 5: éviter une participation prescriptive et adapter les méthodes pour qu’elles tiennent compte du contexte

Lever des fonds à l’échelle nécessaire pour participer au transport d’électricité peut s’avérer difficile, mais c’est manifestement possible. Dans notre province, la Colombie-Britannique (C.-B.), des projets de transport et de distribution d’électricité de 36 milliards de dollars prévus par BC Hydro pourraient procurer d’importantes possibilités aux promoteurs autochtones et s’ajouteraient aux projets d’énergie propre de quelque 3 milliards de dollars appartenant à des Autochtones annoncés en décembre 2024 par le gouvernement provincial.

Cela signifie que les communautés doivent continuer de faire preuve de souplesse en ce qui a trait à la forme que pourraient finalement prendre les retombées d’un projet de transport. Ces avantages peuvent inclure des emplois dans le secteur de la construction, au début du projet ou tout au long de sa durée de vie, ou des possibilités de participation aux capitaux propres, leur permettant de détenir une part importante du projet, en fonction du capital humain et financier disponible. L’engagement pris par Hydro One de permettre aux nations autochtones de détenir une participation dans les capitaux propres de 50 % pour ce qui est des nouvelles lignes de transport d’électricité de l’Ontario est un exemple de mesure qui pourrait réduire les risques pour les partenaires autochtones, l’industrie et les prêteurs. Quelle que soit l’entente définitive, les projets de transport d’électricité peuvent offrir un vaste éventail de possibilités d’emploi, qu’il s’agisse de postes pour des membres de professions, comme des gestionnaires de projet qui supervisent des projets de construction pluriannuels, ou de métiers spécialisés et de postes polytechniques, comme des monteurs de lignes, qui assurent la fiabilité des opérations.

L’agnosticisme quant à la participatif s’étend également à l’échelle du projet réalisé. Par exemple, certaines communautés peuvent souhaiter réaliser l’interconnexion énergétique, d’autres pourraient soutenir la souveraineté énergétique, et d’autres pourraient encore accéder à des gains économiques. Cependant, elles doivent toutes faire preuve de pragmatisme au regard de la possibilité de financement du projet. Existe-t-il une politique et un règlement clairs, idéalement soutenus par des outils de réduction des risques, comme des garanties de prêt? Un copromoteur aux moyens importants pourrait-il fournir du financement? Existe-t-il plutôt des options de financement créatives, comme la syndication, les capitaux privés ou autres? Existe-t-il des spécialistes internes ou externes crédibles pour obtenir les meilleures conditions, optimiser la comptabilité et promouvoir une gouvernance organisationnelle responsable? Il faut avoir des conversations honnêtes et franches pour décider de la meilleure façon de faciliter la participation des Autochtones.

[Click here to see the English version] Namōtha kākithaw nīhithawak kakī-isi-pamiyāwak. Kisowāk kakī-wītatoskīmīcik nīhithawak. Īta kākaskītāniwak, kamitho-sītoskācik nīhithawak, nawac kamitho-wīcihisocik.

Les responsables des politiques doivent éviter de proposer des solutions homogènes à des communautés hétérogènes et, dans la mesure du possible, combler les lacunes en matière de capacité afin de garantir des règles du jeu équitables.

Dernières réflexions

Nous ne saurions trop insister sur le fait que, comme dans le cas des autres infrastructures, le transport de l’électricité a des impacts. Ces répercussions peuvent être d’ordre physique et modifier considérablement le paysage. (Les impacts des projets de Manitoba Hydro sur les communautés autochtones sont particulièrement instructifs à ce sujet.) Elles peuvent également être sociales ou émotionnelles, façonnant et modifiant la manière dont une communauté interagit avec son territoire traditionnel. Les responsables des politiques devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour veiller à ce que les nouveaux projets soient réalisés en tenant compte de considérations économiques, sociales et environnementales (pas nécessairement dans cet ordre).

Cependant, malgré ces problèmes, nous restons optimistes et pleins d’espoir quant à l’avenir des projets de transport incluant les Autochtones au Canada. Comme nous l’avons souligné précédemment, nous avons élaboré cette brève perspective en tant qu’équipe formée de praticiens et d’universitaires autochtones et non autochtones. Les communautés autochtones partout au Canada pourraient faciliter l’établissement de l’infrastructure de transport indispensable pour assister à une révolution de l’énergie propre. En 2025 et au cours des années ultérieures, l’analyse du lien entre l’autochtonité et l’expansion du transport est une priorité essentielle de la recherche sur la décarbonation. L’intégration des voix et des perspectives autochtones sera nécessaire pour la transition énergétique au Canada et ailleurs dans le monde.

Ce n’est pas une simple question d’altruisme; c’est une réalité juridique. Ce n’est pas non plus une question visant à susciter l’enthousiasme. Les populations autochtones ont constaté la réussite de certains groupes hydroélectriques et de transport à l’œuvre, comme le travail de feu le chef Billy Diamond au Québec (comme décrit dans le livre Chief, de Roy MacGregor, publié en 1989), et sont tout à fait conscientes qu’il faut faire beaucoup plus et beaucoup plus vite. Nous soulignons la nature quelque peu atypique de la participation des Autochtones au marché de l’énergie propre au moyen de l’expansion du réseau de transport, qui est de type « gagnant-gagnant-gagnant » sur le plan économique, social et environnemental. Il est essentiel que les perspectives autochtones fassent partie de la planification fondamentale du transport d’énergie au Canada; sans une telle collaboration et de tels partenariats, il sera difficile de susciter la prospérité et d’obtenir les possibilités énergétiques dont le Canada a besoin.

Remerciements

Les auteurs remercient Naoko Ellis, Derek Gladwin, Maria Shallard, Jessie Sitnick, Jason Dion, Grace Donnelly et Avery Velez pour les commentaires et idées qu’ils et elles ont présentés, surtout au début de la rédaction du présent document. Les auteurs assument l’entière responsabilité de toute erreur contenue dans le présent document. Dans le cadre de son travail, Joel Krupa a reçu le soutien de Mitacs, par l’intermédiaire du programme Accélération. Joel Krupa remercie également le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, plus précisément le programme Accélérer la transition énergétique des collectivités, pour son soutien. Les sources de financement n’ont eu aucune incidence sur la rédaction du présent document. Toutes les opinions exprimées et toutes les erreurs sont celles des auteurs. Frank Busch, Joel Krupa et Kevin Hanna affirment en outre que toutes les opinions exprimées dans le présent document représentent le point de vue des auteurs et ne doivent donc pas être considérées comme représentatives du point de vue de toute organisation à laquelle ils ont été, sont ou seront affiliés. Enfin, Joel Krupa et Frank Busch souhaitent remercier tout particulièrement Adita Ortega Perez et Angie Busch, qui ont offert un soutien considérable pour que cette perspective autochtone franchisse la ligne d’arrivée.

Références

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