Crédit d'image: Le premier ministre Mark Carney prononce un discours en direct sur le plan du Canada visant à renforcer l'économie avant le budget de 2025, à l'Université d'Ottawa, à Ottawa, le mercredi 22 octobre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

Nos attentes envers la stratégie de concurrentialité climatique du Canada 

Nous avons cerné quelques améliorations de politiques qui renforceraient la stratégie nationale.

Cet article a précédemment été publié dans le National Newswatch.

Le gouvernement fédéral doit présenter son budget cette semaine, le premier sous la direction du premier ministre Carney. Ce budget devrait notamment comprendre une stratégie de concurrentialité climatique ayant pour objectif d’aider les entreprises canadiennes à se démarquer dans un marché mondial qui se tourne rapidement vers l’énergie propre et les technologies électriques.

L’idée est bonne. Reste à voir si le budget tient ses promesses.

Le Canada a besoin de toute urgence de politiques intelligentes capables à la fois de soutenir la croissance économique et d’aider les entreprises à réduire leurs émissions et à se tailler une place sur les marchés internationaux au-delà des États-Unis. Ailleurs dans le monde, notamment dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et en Chine, les gouvernements ont continué de prendre des mesures rigoureuses pour accélérer la transition vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques. Le succès sur ces marchés sera essentiel pour atteindre l’objectif du premier ministre, soit doubler les exportations vers des destinations autres que les États-Unis au cours des dix prochaines années.

Prenons deux points de données provenant de l’Agence internationale de l’énergie. 

Cette année, les investissements mondiaux dans les technologies propres seront deux fois plus importants que les investissements dans les combustibles fossiles. Il s’agit d’un changement radical : il y a à peine dix ans, la tendance était inverse.

Deuxièmement, cette année, plus d’une voiture sur quatre vendue dans le monde devrait être électrique. Et cette part de marché devrait passer à 40 % d’ici seulement cinq ans. 

Mais que devrait faire le gouvernement fédéral pour rendre l’économie canadienne plus concurrentielle sur le plan climatique? L’Institut climatique du Canada a cerné quelques améliorations de politiques qui renforceraient la stratégie nationale.

Premièrement, le gouvernement devrait faire le nécessaire au pays pour moderniser les systèmes de tarification du carbone industriel en place. Il s’agit d’une mesure essentielle, et les détails comptent pour beaucoup.

La modernisation de la tarification du carbone industriel impliquerait de régler les problèmes liés aux marchés du crédit de carbone provinciaux qui sous-tendent ces systèmes. Il faudrait donc créer de la certitude sur les marchés du carbone pour les entreprises qui prévoient faire de gros investissements au-delà de 2030.

La tarification du carbone industriel est le plus grand levier de réduction des émissions dont le pays dispose. De plus, cette politique est remarquablement peu coûteuse pour les entreprises et n’engendre pratiquement aucun coût supplémentaire pour les consommateurs

Deuxièmement, le Canada peut accélérer la construction de réseaux électriques plus vastes et plus propres. L’électricité propre est l’avantage naturel du Canada, mais il faut en produire beaucoup plus.

Le gouvernement fédéral devrait tirer parti de l’efficacité du Règlement sur l’électricité propre en complétant son crédit d’impôt à l’investissement dans l’électricité propre et en faisant de l’intégration améliorée des réseaux électriques provinciaux un projet d’édification nationale de premier plan, en partenariat avec les peuples autochtones. Ce serait là un moyen intelligent et rentable d’exploiter des sources d’énergie fiables et propres pour alimenter l’industrie et contribuer aux efforts de décarbonisation.

Troisièmement, le gouvernement devrait achever son projet de réglementation de longue date visant à réduire davantage les émissions de méthane du secteur pétrogazier. Ces dernières continuent d’augmenter et restent un problème de taille pour les progrès du Canada en matière d’émissions. Le méthane est un gaz à effet de serre remarquablement puissant. Non seulement sa réduction s’ajoutera aux grands progrès du pays dans ce dossier, mais elle ouvrira aussi de nouvelles portes aux entreprises canadiennes qui ont joué un rôle de premier plan dans la commercialisation des technologies de gestion du méthane.

Quatrièmement, le maintien de l’exigence de vente de véhicules électriques permettrait aux Canadiens d’accéder à une grande variété de produits de haute qualité à moindre coût. L’exigence actuelle est l’une des seules politiques axées sur la réduction des émissions dans le secteur du transport, qui est pourtant la deuxième source d’émissions en importance au pays.

Cinquièmement, une taxonomie nationale des investissements climatiques pour le secteur financier fournirait un ensemble de critères bien définis pour déterminer les activités et les actifs économiques qui contribuent aux objectifs climatiques. Les investisseurs pourraient alors l’utiliser afin d’évaluer les possibilités et les risques financiers concrets engendrés par les perturbations climatiques – comme les perturbations des chaînes d’approvisionnement ou la hausse des coûts découlant des catastrophes climatiques – ainsi que par la transition énergétique mondiale. 

Enfin, le gouvernement fédéral doit redoubler d’efforts pour préparer le pays aux catastrophes climatiques à venir par le déploiement de la Stratégie nationale d’adaptation. C’est là un incontournable pour assurer la sécurité physique de la population partout au pays et pour veiller à ce que notre économie reste vigoureuse.

La dernière année s’est hissée au deuxième rang des pires saisons des feux de forêt jamais enregistrées. Un an plus tôt, les dommages assurés attribuables aux catastrophes météorologiques avaient fracassé des records au pays. Les changements climatiques au Canada affecteront grandement la santé et la sécurité de la population ainsi que les exportations de marchandises locales. Il existe une panoplie de solutions rentables pour multiplier les réseaux énergétiques propres du Canada et réduire les risques de feux de forêt et d’inondations extrêmes; encore faut-il que les gouvernements les mettent en œuvre.

Au bout du compte, c’est le contenu de la stratégie de concurrentialité climatique qui déterminera comment le Canada pourra se tirer d’affaire dans cet environnement en constante évolution tout en préservant l’abordabilité pour les consommateurs. Bien menée, la future stratégie peut rendre notre économie plus propre, plus sûre et plus résiliente pour l’avenir.

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