Cet article a précédemment été publié dans Corporate Knights.
Dans les prochains jours, le gouvernement fédéral publiera sa très attendue stratégie de concurrentialité climatique. Ce sera un moment décisif pour les politiques climatiques et économiques de notre pays. Ou du moins, ce devrait l’être.
Actuellement, une grande partie du pays est animée, à juste titre, par le besoin urgent de diversifier ses échanges commerciaux ailleurs qu’aux États-Unis. Notre allié autrefois stable a rapidement mis en place une série erratique de droits de douane auto-imposés et menacé notre souveraineté nationale.
Concrètement, cela signifie que les entreprises canadiennes devront être concurrentielles sur des marchés qui se tournent rapidement vers l’énergie propre. Prenons l’exemple de l’Union européenne et du Royaume-Uni : ces deux territoires de compétence continuent d’enregistrer une adoption croissante des énergies renouvelables et des véhicules électriques. Et tous deux s’apprêtent à imposer des taxes carbone sur les importations qui ne sont pas encore soumises à des niveaux précis de tarification du carbone. En Chine, autre marché incontournable, environ la moitié des voitures neuves vendues sont déjà électriques, et cette proportion augmente rapidement. Le nombre d’installations d’énergie renouvelable dépasse toutes les prévisions. Et le pays étend la couverture de son immense marché national du carbone.
En réalité, la transition vers l’énergie propre s’opère à un rythme effréné dans de nombreux pays, au-delà de ces quelques exemples. Pour paraphraser l’économiste Nicholas Stern, l’investissement dans l’action climatique est le principal apport à la croissance économique du siècle présent. Le coût de l’énergie solaire et des batteries a chuté de 80 % au cours de la dernière décennie. Les coûts des éoliennes côtières et maritimes ont respectivement baissé de 73 % et 57 %. Le coût des batteries aux ions de lithium, lui, a diminué de 90 % depuis 2010.
Ces prix cassés ont alimenté une révolution technologique qui transforme rapidement les marchés mondiaux de l’énergie. Pour la toute première fois, on a produit plus d’électricité avec des énergies renouvelables que du charbon au cours de la première partie de l’année. Selon les dernières données de l’Agence internationale de l’énergie, la quantité d’installations d’énergie renouvelable devrait plus que doubler en seulement cinq ans. À l’échelle mondiale, plus d’un véhicule sur quatre devrait être électrique cette année.
Même si Trump accapare la une de l’actualité, les progrès en matière de décarbonisation restent importants aux États-Unis. Par exemple, la Californie, grâce à une combinaison de politiques et d’investissements ciblés, a accru sa capacité de stockage d’énergie au niveau commercial de 3 000 % depuis 2020, et d’autres augmentations sont prévues.
Tous ces points de données confirment que la décarbonisation est en voie de devenir le principal moteur du progrès économique à l’échelle mondiale. Cela a d’importantes répercussions pour le Canada et la stratégie de concurrentialité climatique à venir. Des politiques climatiques fortes qui encouragent les investissements dans les technologies sobres en carbone seront essentielles pour assurer la santé économique du pays.
Alors, à quoi devrait ressembler cette stratégie? Il existe un certain nombre de mesures que le gouvernement fédéral peut mettre en œuvre immédiatement pour catalyser la croissance sobre en carbone.
La priorité absolue devrait être le renforcement de la tarification du carbone industriel au pays. Cela permettra d’accroître la certitude pour les entreprises et d’attirer les investissements. Cette mesure pourrait éliminer les obstacles au commerce interprovincial et favoriser la diversification des exportations.
La construction de réseaux d’électricité plus grands, plus propres et plus intelligents est une autre mesure évidente qui devrait figurer sur la liste. Il en va de même pour la réduction accrue des émissions de méthane issues du secteur pétrogazier et la création d’une taxonomie des investissements durables.
De plus, il existe des politiques importantes que le gouvernement devrait continuer de défendre. La plus évidente est la norme du gouvernement fédéral sur la disponibilité des véhicules électriques.
Quelle que soit la stratégie adoptée, il est judicieux de mettre l’accent sur une politique climatique forte comme catalyseur de la réussite économique pour notre pays. Bon nombre des éléments nécessaires sont déjà en place : il faut maintenant les relier entre eux et les renforcer.