Donald Trump ferait-il tourner le vent dans la lutte pour le climat?

Personne n’accusera Donald Trump de se soucier du changement climatique. Mais la défaite de ses alliés dans le monde pourrait profiter à la lutte environnementale.

Cet article a précédemment été publié dans Corporate Knights.

Personne n’oserait accuser Donald Trump de se soucier de l’environnement. Après tout, il a affirmé que les changements climatiques créeraient davantage de propriétés en bord de mer et épilogué à répétition sur les risques d’électrocution par batterie par rapport aux risques d’attaque de requin.

Cependant, un phénomène intéressant s’observe depuis qu’il est entré en fonction, il y a de cela (à peine) 133 jours. Depuis le 20 janvier, les différentes élections à travers le monde ont été ponctuées d’un sentiment anti-Trump palpable, qui se répercute de façon importante – et positive – sur la lutte contre les changements climatiques.

Nous savons ce qu’il est advenu de l’élection canadienne : devant la rhétorique annexionniste délirante de la Maison-Blanche, nous avons élu un premier ministre qui nous semblait capable de résister à cette menace économique, ou pire. Ce sentiment anti-Trump était si fort qu’il a permis à Mark Carney et au Parti libéral de rattraper l’avance de 20 points des conservateurs, les propulsant vers l’une des victoires les plus improbables de l’histoire récente au Canada. La plateforme libérale, contrairement à la plateforme conservatrice, comprenait des plans approfondis pour poursuivre la lutte climatique.

Quelques jours plus tard, l’Australie nous a emboîté le pas : le Parti travailliste australien a réussi une remontée spectaculaire, stimulée par la peur de Trump. Les politiques climatiques bénéficieront de cet improbable revirement de situation. En effet, le Parti travailliste promet des mesures environnementales rigoureuses, notamment quant à la transition du pays vers l’énergie propre.

On voit aussi des répercussions en Europe. Par exemple, malgré le soutien éhonté d’Elon Musk au parti néonazi l’Alternative pour l’Allemagne, c’est l’Union chrétienne-démocrate qui a remporté l’élection allemande de février. Là aussi, c’est une victoire majeure pour les politiques climatiques : l’Union a non seulement accepté de relever le défi de la carboneutralité d’ici 2045, mais s’est aussi engagée à respecter la cible européenne de décarbonisation à 90 % d’ici 2040.

En Roumanie, le candidat appuyé par Trump a essuyé une défaite inattendue il y a moins d’un mois. Le nouveau président, Nicuşor Dan, a promis de continuer à travailler à la décarbonisation. Quelques jours plus tard, l’Albanie a emprunté une voie similaire.

Bien sûr, je ne prétends pas que tout est rose. Au contraire, dans les derniers jours, le favori de Trump en Pologne a battu de peu le candidat espéré de l’Europe, ce qui annonce un recul dans le leadership polonais en matière de changements climatiques.

Néanmoins, la trâlée de défaites électorales des amis de Trump sur trois continents au cours des quatre derniers mois est signe que nous sommes nombreux à y voir clair : les idées de Trump – sur l’Ukraine, sur les tarifs douaniers et sur la décarbonisation – sont nocives.

Le Canada se fait inonder de nouvelles américaines chaque minute de chaque jour. Il est donc facile de passer à côté du fait que la réduction des émissions de gaz à effet de serre continue de s’accélérer dans le reste du monde.

Les bonnes nouvelles ne manquent pas : les ventes de véhicules électriques sont toujours à la hausse et atteindront le quart des ventes de voitures cette année, d’après l’Agence internationale de l’énergie. D’ici 2030, cette proportion devrait atteindre 40 % des ventes, ce qui réduira la demande mondiale de plus de cinq millions de barils de pétrole par jour.

En Chine, les énergies éolienne et solaire ont avalé de grandes parts du marché du charbon. Au cours des 10 dernières années, la production d’électricité au charbon a diminué de presque 75 % du marché en 2015 à 54 % en avril, tandis que les énergies éolienne et solaire ont grimpé de plus de 20 %. Le président est ferme : le pays ne ralentira pas et continuera d’élargir massivement son marché du carbone pour y incorporer l’acier, le ciment et l’aluminium.

Prises ensemble, toutes ces nouvelles brossent un tableau positif d’action et d’espoir face au chaos et au recul climatique au sud de la frontière.

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