Crédit d'image: Le président Donald Trump signe des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, lundi 20 janvier 2025, à Washington. AP Photo/Evan Vucci

Face aux changements climatiques, Donald Trump ne peut que retarder l’inéluctable

Quatre tendances qui sont à l’origine de progrès climatiques et qui résisteront à tous les assauts de M. Trump.

Cet article a précédemment été publié dans le Toronto Star.

Voilà qui était peu réjouissant.

Chose promise, chose due, Donald Trump est revenu sur les initiatives fédérales relatives aux changements climatiques dès le premier jour de son mandat. Qu’il s’agisse de quitter l’accord de Paris, de geler les permis pour les projets éoliens ou de limiter les dépenses pour une économie propre prévues par la fameuse Inflation Reduction Act, le nouveau président a signé un déluge de décrets régressifs visant à nier la nécessité de la désormais inéluctable transition énergétique mondiale.

Nul doute que certaines de ces mesures, comme la tentative d’empêcher les États de réglementer les émissions des véhicules, seront contestées devant les tribunaux. Cependant, elles vont manifestement retarder et entraver les progrès des États-Unis en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Malgré tout, les avancées ne s’arrêteront pas, et les émissions du pays continueront de baisser, mais au ralenti. Des facteurs qui n’entraient pas en ligne de compte durant le premier mandat de M. Trump, et qui échappent à son contrôle, influencent aujourd’hui considérablement la discussion entourant les changements climatiques.

Voici quatre tendances qui sont à l’origine de progrès climatiques et qui résisteront à tous les assauts de M. Trump :

  1. L’inquiétude publique à propos des phénomènes météorologiques extrêmes. Les incendies dévastateurs, comme ceux qui ravagent Los Angeles, et les inondations majeures, comme celles qui ont eu lieu au Québec l’été dernier, deviennent de plus en plus monnaie courante. Dans les dernières années, un nombre croissant de personnes ont commencé à voir les changements climatiques comme une menace directe à leur santé et à la sécurité de leur communauté. Cela pourrait porter à croire qu’ils sont maintenant en tête de liste des priorités de chacun, mais bien sûr il n’en est rien. Toutefois, les phénomènes météorologiques extrêmes ont définitivement sorti les changements climatiques du cadre des « politiques environnementales » auquel ils se confinaient, pour en faire le sujet de politiques publiques d’une portée bien plus grande, au même titre que la santé et la criminalité.
  1. Les mesures infranationales se multiplient. Même avant la dernière vague de feux incontrôlés, la Californie avait la ferme intention de prendre les choses en main en adoptant une politique étatique de réduction des émissions. Sont aussi dans ce cas les États de New York et du New Jersey, ainsi que la vingtaine d’États qui se sont réunis sous la bannière de la United States Climate Alliance. Au total, ces États représentent 60 % de l’économie étasunienne. Ils se sont engagés à maintenir le cap vers une réduction ambitieuse des émissions dans la prochaine décennie. À l’instar du Canada, le système fédéral des États-Unis accorde aux gouvernements infranationaux des pouvoirs considérables pour limiter la pollution. 
  1. La transition vers une économie carboneutre est inévitable. En Chine, par exemple, la consommation de pétrole a atteint un pic en 2023 et devrait maintenant baisser, notamment grâce à l’augmentation fulgurante du nombre de véhicules électriques. D’ailleurs, les ventes mondiales de tels véhicules ont battu un nouveau record en 2024 et, selon les prévisions, réduiront la demande mondiale de pétrole de six millions de barils par jour d’ici 2030. À l’échelle internationale, les investissements dans les énergies propres, comme le solaire et l’éolien, étaient en voie d’atteindre deux billions de dollars l’an dernier, soit presque deux fois le montant investi dans les combustibles fossiles, grâce à des prix cassés. Par exemple, dans la première moitié de l’année seulement, le prix de l’équipement solaire photovoltaïque a chuté de 20 %. Le coût de l’énergie éolienne a connu une baisse tout aussi spectaculaire, qui devrait se poursuivre à un rythme soutenu.
  1. Les nouvelles machines sobres en carbone sont tout bonnement meilleures. Je suis assez âgé pour me rappeler la transition des téléphones à cadran aux téléphones cellulaires, des cassettes à la diffusion en continu et des calculatrices de poche aux ordinateurs portables. Parfois, les nouvelles machines sont simplement meilleures que les anciennes. Chaque minute de chaque jour, partout dans le monde, des millions d’utilisateurs de technologies sobres en carbone arrivent à la même conclusion. Les véhicules électriques sont agréables à conduire, c’est tout. Ils bénéficient d’une accélération exceptionnelle et d’une maniabilité excellente. La grande majorité des personnes constatent d’importantes économies sur le plan du carburant et de l’entretien, par rapport aux véhicules à essence. Il n’est donc pas surprenant qu’au Canada, neuf propriétaires d’un véhicule électrique sur dix se déclarent prêts à en acheter un autre. Quant au chauffage résidentiel, les thermopompes électriques non polluantes sont également gagnantes : plus de 80 % des propriétaires sont satisfaits de leur système.

Le progrès pour l’environnement a toujours été une lutte de longue haleine. Il est vrai que l’élection d’un saboteur climatique au sud de la frontière complique la situation. Toutefois, même les immenses pouvoirs du président des États-Unis n’ont plus aucune emprise sur les catalyseurs de la transition vers la carboneutralité.

Publications liées