Cet été, la menace des changements climatiques se rapproche un peu trop dangereusement. Les feux incontrôlés obligent des millions de Canadiens à quitter leur domicile. La fumée assombrit l’horizon des villes lointaines et on bat les records de chaleur.
Une toile de fond saisissante pour la publication, cette semaine, de la version finale de la stratégie nationale d’adaptation du gouvernement fédéral. La finalisation de cette stratégie est un grand pas en avant dans l’effort gargantuesque d’avoir des infrastructures, des communautés et des modes de vie plus résilients face aux impacts des changements climatiques qui s’aggravent. Afin que la stratégie soit concluante pour la population canadienne, les gouvernements à travers le pays devront se coordonner, garder le cap et investir massivement.
Pourquoi la stratégie d’adaptation du Canada est-elle importante?
Vu l’ampleur des risques climatiques et les mesures d’adaptation nécessaires pour rendre les communautés au Canada plus résilientes, l’adoption d’une stratégie nationale est essentielle. Les maisons et les bâtiments doivent être modernisés pour protéger les gens contre la chaleur extrême. Les infrastructures critiques, comme les lignes électriques de surface et les tours de services internet et de téléphonie cellulaire, sont les plus à risque lors d’une inondation ou d’un incendie – précisément au moment où on en a le plus besoin. De plus, dans la foulée de la crise du logement qui secoue le pays, les maisons de millions de personnes sont menacées par les inondations et les feux incontrôlés, particulièrement dans les communautés autochtones.
On estime que l’adaptation des infrastructures et des communautés aux menaces climatiques coûtera des milliards de dollars chaque année. Cependant, sans la vision commune et précise apportée par une stratégie nationale d’adaptation, les efforts et les investissements du Canada n’atteindront jamais ce niveau.
Que fait la stratégie nationale d’adaptation?
Face à cette nécessité importante et grandissante, la stratégie nationale d’adaptation contient l’essentiel pour aider les gouvernements, les entreprises et la population à trouver des solutions communes pour relever ce défi. Elle établit des priorités à l’échelle nationale. Elle a des objectifs mesurables pour bâtir la résilience face aux plus grands risques climatiques.
La stratégie, par exemple, aide les gouvernements fédéral et provinciaux à repérer et cartographier les zones les plus à risque d’inondation au Canada. Elle aide à prendre des mesures pour protéger la population et les communautés établies dans ces zones. Elle incite les gouvernements et les ordres de certaines professions clés, comme les ingénieurs et les urbanistes, à collaborer à former des praticiens qui bâtiront la résilience climatique par d’importants aménagements et décisions. Enfin, elle engage le gouvernement fédéral à appuyer les municipalités et les communautés autochtones en leur fournissant le financement ou le matériel pour bâtir des infrastructures adaptées.
Prochaines étapes: que faut-il pour transformer la stratégie en réalité?
Maintenant, le défi, c’est de traduire cette stratégie globale ambitieuse en résultats. Cela nécessite trois choses :
- Des mesures concrètes et du financement : Le gouvernement fédéral a promis d’investir 1,6 milliard de dollars sur plusieurs années dans la création ou l’amélioration de programmes qui soutiennent certains des objectifs de la stratégie. Toutefois, cette mesure ne fait que compenser pour la fin d’autres programmes sans ajouter de financement fédéral. Le gouvernement fédéral doit agir et investir immédiatement et massivement pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale d’adaptation. Cela commence par l’Énoncé économique d’automne de 2023 et le Budget de 2024.
- Coordination au sein des gouvernements et entre les gouvernements : Actuellement, la responsabilité de la mise en œuvre de la stratégie revient à Environnement et Changement climatique Canada. Cependant, pour coordonner le projet au sein du gouvernement avec toute l’efficacité requise, les décideurs fédéraux hauts placés devront concevoir des directives pour obliger les autres ministères et organismes à contribuer à la mise en œuvre. Le gouvernement fédéral doit également agir rapidement sur les plans d’action bilatéraux et le programme du leadership climatique autochtone proposés dans la stratégie. Son succès dépend de la mise en commun des connaissances, des pouvoirs et des ressources des gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones.
- Suivi, responsabilisation et amélioration continue : Le gouvernement fédéral doit surveiller le progrès de la stratégie pour veiller à ce que les mesures qui y figurent soient mises en œuvre, et évaluer la manière dont ces actions contribuent à la résilience du Canada et de sa population. La stratégie doit tenir les individus et les entités responsables de leur inaction. Si les mesures prises n’ont pas l’effet escompté, ces actions – voire la stratégie elle-même – devraient être reconsidérées. La stratégie actuelle propose un suivi préliminaire et un plan d’évaluation. Elle devrait être considérablement améliorée pour garantir la responsabilisation et l’amélioration continue.
Le climat du Canada change, et ce, rapidement; les lacunes en matière d’adaptation ne cessent de prendre de l’ampleur. Maintenant que nous avons une stratégie nationale d’adaptation complète, les gouvernements partout au pays doivent travailler ensemble et créer des mesures et des investissements qui donneront vie à cette stratégie. Le plus tôt ils agissent, le plus rapidement les résultats seront concluants. Cela sauve ainsi des vies et des gagne-pain à un moment où les répercussions climatiques nous touchent de plus près que jamais.