Crédit d'image: Des hélicoptères équipés de seaux d'eau pour lutter contre l'incendie de forêt de Flood Falls Trail prélèvent de l'eau dans le fleuve Fraser, à Hope, C.-B., le lundi 12 septembre 2022. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

Les dommages climatiques font grimper le coût de la vie pour tous les canadiens

Les coûts liés aux conditions météorologiques extrêmes augmentent, ce qui rend la vie plus chère, même dans les endroits où les catastrophes sont rares.

Cet article a précédemment été publié dans Le Devoir.

Qu’il s’agisse de la saison des feux de forêt qui a commencé tôt plus tôt que jamais en Alberta, ou des inondations au Québec et en Colombie-Britannique, ce printemps nous rappelle impitoyablement que les changements climatiques sont déjà là.

Non seulement les changements climatiques augmentent-ils la fréquence et la gravité des catastrophes météorologiques partout au Canada, mais ils augmentent aussi le coût de la vie pour tout le monde.

Lorsque des conditions météorologiques extrêmes font des ravages, il semble impossible d’envisager les années à venir, ou même les jours à venir. Et si la sécurité et le soutien des populations sont la priorité absolue au lendemain d’une catastrophe, la politique, la planification et l’investissement à plus long terme sont essentiels pour sauver des vies et réduire les coûts de la destruction future causée par le climat.

Les changements climatiques coûtent plus cher que jamais à la population canadienne

Au cours des 50 dernières années, le coût des catastrophes météorologiques telles que les inondations, les tempêtes et les feux de forêt au Canada est passé de dizaines de millions de dollars à des milliards de dollars par an. De 2010 à 2019, les pertes assurées pour les événements météorologiques catastrophiques se sont élevées à plus de 18 milliards de dollars, et le nombre d’événements catastrophiques a été plus de trois fois supérieur à celui des années 1980. Douze des 15 catastrophes météorologiques qui ont été les plus coûteuses pour les gouvernements canadiens en matière d’aide financière se sont produites depuis 2010, et trois d’entre elles ont eu lieu en Colombie-Britannique en 2021.

Les changements climatiques entraînent également une hausse du coût de la vie pour tous les Canadiens et Canadiennes, qu’ils vivent ou non dans des zones exposées aux catastrophes. Chaque année, il en coûte à chaque ménage 700 $ en moyenne pour les frais liés au climat, qu’il s’agisse de factures d’épicerie plus élevées en raison des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, de l’augmentation des primes d’assurance habitation, ou des hausses d’impôt servant à payer les dommages causés par les événements météorologiques.

Faute de mesures d’adaptation, les changements climatiques continueront à augmenter le coût de la vie au Canada, sans parler des dangers qu’ils présentent.

Il est rentable d’aider les collectivités à s’adapter

Les administrations gouvernementales au pays doivent augmenter considérablement les investissements publics dans l’adaptation, avant que les catastrophes ne surviennent. Ceci est d’autant plus vrai pour les collectivités marginalisées et méritant l’équité, qui sont souvent exposées à des risques plus importants en raison d’un sous-financement chronique des services et de l’aide, d’infrastructures inadéquates et d’un héritage de politiques discriminatoires.

En veillant à ce que les collectivités disposent des ressources et des capacités nécessaires pour assurer la sécurité des personnes et des infrastructures en cas de catastrophe naturelle, et en bâtissant des infrastructures essentielles comme des routes et des réseaux d’électricité capables de résister à des conditions météorologiques extrêmes, on peut sauver des vies et réduire considérablement les coûts. Par exemple, l’utilisation de matériaux résistants au climat lors de l’entretien et de la réfection des routes peut réduire jusqu’à 98 % le coût des dommages liés à la chaleur et aux précipitations. À elle seule, cette mesure permettrait de réaliser jusqu’à 5 milliards de dollars d’économies à l’échelle nationale au cours des prochaines décennies, mais elle exige des décideurs qu’ils effectuent dès le départ des investissements stratégiques.

Le Canada est loin derrière ses pairs lorsqu’il s’agit de faire de l’adaptation une priorité nationale et d’agir en ce sens. Bien que chaque dollar investi dans l’adaptation produise des retombées économiques de l’ordre de 13 $ à 15 $, le financement de l’adaptation aux changements climatiques a systématiquement accusé un retard par rapport aux autres financements consacrés au climat par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.

Publiée l’automne dernier, la Stratégie nationale d’adaptation du Canada représente une étape importante pour favoriser des collectivités plus sûres et plus résilientes. Mais cette stratégie n’est qu’un premier pas : les gouvernements doivent maintenant consentir les investissements nécessaires pour qu’elle devienne une réalité.

Pour anticiper les dommages futurs, il faut s’attaquer à l’adaptation avec une urgence qui ne se manifeste généralement qu’au lendemain d’une catastrophe. Compte tenu des vies et des moyens de subsistance qui sont en jeu, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre.

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