OTTAWA – Rick Smith, président de l’Institut climatique du Canada, a fait la déclaration suivante en réponse à la stratégie de compétitivité climatique du gouvernement fédéral présentée dans le budget 2025 :
« L’activité économique mondiale générée par la décarbonisation est l’un des plus grands débouchés de notre siècle. La stratégie de compétitivité climatique du Canada, annoncée aujourd’hui par le gouvernement fédéral, est un bon premier pas pour assurer la prospérité du pays. Si le Canada espère doubler ses exportations en dehors des États-Unis au cours des dix prochaines années, il devra impérativement accroître ses échanges commerciaux vers l’Europe, l’Asie et les Amériques, des régions qui continuent de prendre des mesures rigoureuses pour accélérer la transition vers les technologies électriques sobres en carbone, comme les énergies renouvelables et les véhicules électriques.
« Or si le budget comprend de nombreuses mesures positives pour renforcer la compétitivité climatique du Canada, des détails importants restent à régler, particulièrement au chapitre des politiques centrales, comme la tarification du carbone industriel, le resserrement des règlements sur le méthane et les crédits d’impôt pour l’expansion de l’électricité propre. Nous avons hâte de travailler avec le gouvernement fédéral sur ces politiques essentielles pour assurer l’abondance et l’abordabilité de l’énergie, attirer des investissements pour les industries canadiennes, stimuler la création d’emplois bien rémunérés et la croissance économique du pays, et affermir la sécurité et la résilience des collectivités.
« Il est indispensable à la réussite de la compétitivité climatique que les priorités établies soient mise en place rapidement. Chaque détail manquant ajoute à l’incertitude entourant les politiques et mine la capacité des entreprises canadiennes à attirer des investissements. »
ÉLÉMENTS CENTRAUX DES POLITIQUES
Au cours des six derniers mois, l’Institut climatique a mis de l’avant six grandes priorités en matière de compétitivité climatique. Ce budget aborde chacun de ces éléments, avec un niveau de détail variable.
Tarification du carbone industriel
La modernisation de la tarification du carbone demeure l’une des meilleures options à l’échelon fédéral pour réduire les émissions tout en maintenant les coûts bas pour les entreprises et en prévenant les répercussions sur le coût de la vie. Cette mesure implique toutefois de régler les problèmes actuels dans les marchés du carbone provinciaux et de créer une certitude au-delà de 2030 afin d’inciter les entreprises à investir gros dans les projets sobres en carbone.
Fait marquant, le budget 2025 prend un engagement clair pour renforcer la prévisibilité du système de tarification du carbone industriel. Il prévoit de fixer le cadre fédéral de référence (qui définit les normes minimales pour les systèmes provinciaux), d’améliorer le système fédéral de repli, qui sera appliqué de façon rigoureuse dans les provinces ne respectant pas ce cadre, et d’établir une trajectoire de prix à long terme. Les détails et modalités de ces changements seront déterminants pour l’efficacité de cette politique, tant sur le plan climatique qu’économique. Nous sommes impatients de contribuer aux efforts du gouvernement pour améliorer cet outil de politique publique essentiel.
Réglementation sur le méthane dans le secteur pétrogazier
Nous appuyons l’engagement du gouvernement à finaliser des règles renforcées pour réduire les émissions de méthane dans le secteur pétrolier et gazier. Les émissions du secteur pétrogazier demeurent un frein au progrès climatique général du Canada et représentent près du tiers des gaz à effet de serre du pays. S’il y avait des règles plus strictes pour réduire la pollution par le méthane, cela bonifierait encore le succès déjà impressionnant des provinces comme la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan, et créerait de nouvelles occasions pour les entreprises canadiennes qui se sont imposées comme chefs de file dans la commercialisation des technologies de gestion du méthane.
Crédit d’impôt à l’investissement dans l’électricité propre
Le budget 2025 reconnaît explicitement l’importance d’augmenter considérablement les investissements dans le réseau électrique au pays. Il s’engage à déposer sous peu une loi pour mettre en œuvre le crédit d’impôt à l’investissement pour l’électricité propre, afin d’appuyer les provinces dans la modernisation et l’expansion de leurs réseaux, en plus d’améliorer les crédits d’impôt existants. Nous appuyons également la décision de maintenir le Règlement fédéral sur l’électricité propre, qui contribuera à accélérer la transition vers une énergie propre et fiable. L’électricité à faibles émissions de carbone constitue déjà un atout concurrentiel majeur pour le Canada. Assurer son accessibilité et son abondance sera essentiel pour préserver cette compétitivité, alors que la demande continue d’augmenter.
Taxonomie des investissements climatiques
Fait important, le budget réitère l’engagement du Canada à finaliser d’ici la fin de 2026 une taxonomie nationale des investissements climatiques (désignée sous le nom de lignes directrices sur l’investissement durable), destinée au secteur financier. Ces lignes directrices volontaires établiront les critères nécessaires pour aider les investisseurs à évaluer les risques et les occasions liés à la transition. Le budget 2025 mentionne également l’intention du gouvernement d’examiner la mise en place d’un cadre d’obligations durables, afin d’émettre des obligations vertes et de transition harmonisées à la taxonomie canadienne, mobilisant ainsi davantage d’investissements pour soutenir la transition.
Norme sur la disponibilité des véhicules électriques du Canada
Bien que le budget 2025 indique que la norme nationale sur la disponibilité des véhicules électriques soit actuellement en révision, nous pressons le gouvernement fédéral de maintenir les éléments essentiels de cette politique afin d’améliorer l’accès des consommateurs canadiens à des véhicules électriques de qualité et abordables. Le gouvernement doit également respecter son engagement à assurer la clarté et la transparence de toute modification à cette politique au cours des prochaines semaines.
Communautés et infrastructures résilientes
Le budget 2025 est avare de détails sur l’aide que le gouvernement fédéral fournira aux provinces et aux collectivités pour rendre les infrastructures plus résilientes à la météo extrême d’origine climatique. Les investissements dans l’adaptation ne sont pas du luxe : il sera crucial de moderniser les infrastructures en fonction des conditions météorologiques extrêmes actuelles et futures pour éviter des milliards de dollars en perturbations du commerce et autres répercussions économiques. Cela devrait être un élément principal de toute stratégie de compétitivité climatique.
L’enveloppe annoncée de 51 milliards de dollars du Fonds pour bâtir des collectivités fortes devrait être soigneusement conçue pour que les projets financés par ce programme ne rendent pas le Canada plus vulnérable aux changements climatiques. Ces projets devraient à la fois renforcer la résilience par la construction d’infrastructures résistantes à un climat toujours plus rigoureux et volatil, et éviter d’encourager de nouvelles constructions dans des zones qui sont ou seront menacées, entre autres, par des inondations et des feux de forêt.
Minéraux critiques
Le budget 2025 répond directement à plusieurs préoccupations soulevées par l’Institut climatique dans son rapport Trajectoire critique, qui recommandait des politiques visant à réduire les risques liés aux investissements dans les projets canadiens de minéraux critiques. Le budget y répond en annonçant la création d’un nouveau fonds doté de 2 milliards $, destiné à effectuer des investissements stratégiques dans des projets et entreprises du secteur. Si elle est bien mise en œuvre, cette approche permettra de mobiliser des investissements privés dans les projets canadiens, afin de saisir les occasions croissantes offertes par la transition énergétique mondiale, tout en renforçant la sécurité économique des chaînes d’approvisionnement canadiennes en électrification.
Logement autochtone
Le budget de 2025 s’engage à s’attaquer aux défis uniques et persistants en matière de logement et d’infrastructures auxquels font face les communautés autochtones. Il prévoit de collaborer avec les dirigeantes et dirigeants autochtones pour élaborer le programme Maisons Canada de façon à ce qu’il réponde aux besoins et aux priorités exprimés par les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Le budget confirme également un investissement de 2,8 milliards de dollars pour le logement autochtone dans les milieux urbains, ruraux et nordiques, ainsi qu’une augmentation de la cible de la Banque de l’infrastructure du Canada pour les investissements dans les infrastructures autochtones, passant d’au moins 1 milliard à 3 milliards de dollars. Dans la mise en œuvre de ces mesures, le gouvernement fédéral devrait veiller à ce que ces actions soient liées à la fois aux objectifs de réconciliation et aux objectifs climatiques.
RESSOURCES ADDITIONNELLES
- Article d’opinion | What to look for in Canada’s climate competitiveness strategy
- Billet de blogue | Le gouvernement fédéral doit agir résolument pour moderniser la tarification du carbone industriel
- Analyse de 440 mégatonnes | L’achèvement de la réglementation canadienne sur le méthane pétrogazier serait une victoire facile pour le climat
- Communiqué | Estimations des émissions de 2024 : le progrès stagne et le Canada s’éloigne de sa cible à l’horizon 2030
- Rapport | Trajectoire critique : Sécuriser la place du Canada dans la course internationale aux minéraux critiques
COORDONNÉES
Claudine Brulé (heure de l’Est)
Cheffe, communications et affaires externes
Institut climatique du Canada
514 358-8525
À propos de l’Institut climatique du Canada
L’Institut climatique du Canada est l’organisme par excellence au pays pour la recherche sur les politiques climatiques. Il produit des analyses rigoureuses, des modélisations économiques et des études approfondies pour stimuler la croissance économique propre et la compétitivité sobre en carbone, pour réduire les émissions et accélérer la transition du Canada vers la carboneutralité, et pour augmenter la résilience de l’économie et des infrastructures face au réchauffement climatique. institutclimatique.ca