Inflation Reduction Act : quatre facteurs accélérant la transition vers l’énergie propre du Canada

Cet ensemble d’importantes politiques a des répercussions qui transcendent les lois et les marchés financiers américains et changent la donne pour le Canada.

Cet article a précédemment été publié dans le Toronto Star.

L’Inflation Reduction Act a maintenant été signé, et le Canada se retrouvera dans une situation peu familière : en retard sur les enjeux climatiques par rapport à son voisin du sud.

Les dispositions sur le climat de ce projet de loi réduiront les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis de 41 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. Pour ce faire, l’Inflation Reduction Act incite les Américains à fabriquer, vendre et acheter des véhicules, des thermopompes, des éoliennes et des panneaux solaires qui alimenteront leurs foyers et leurs entreprises de manière économe et efficace tout au long de la transition énergétique.

Propulsant la transition vers l’énergie propre, cet ensemble d’importantes politiques a des répercussions qui transcendent les lois et les marchés financiers américains et changent la donne pour le Canada. L’Inflation Reduction Act accentuera notamment la transition vers la carboneutralité du Canada de quatre façons.

Les cibles du Canada pour 2030 correspondent maintenant à ce qu’auront accompli les États-Unis la même année.

Jusqu’à l’adoption de l’Inflation Reduction Act, les États-Unis avaient des cibles ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans avoir de politique fédérale claire pour les atteindre. Si cela semble familier, c’est que la politique canadienne sur les changements climatiques est elle aussi en chantier.

Le gouvernement fédéral mène actuellement des consultations concernant une nouvelle norme sur l’électricité propre, un plafond pour les émissions des industries pétrolière et gazière, des réglementations plus strictes pour réduire les fuites de méthane, ainsi que l’amélioration de la tarification du carbone : des éléments essentiels à l’atteinte des objectifs du Canada, selon les calculs de l’Institut climatique du Canada.

Il est important que ces initiatives aillent de l’avant au plus vite afin de suivre le rythme du géant économique au sud de nos frontières.

Le déchaînement des marchés financiers menace la compétitivité du Canada.

Les investisseurs et les marchés financiers ont besoin d’une certaine stabilité politique pour miser gros sur l’énergie propre et les technologies climatiques. Bien que l’éclaircissement de l’orientation stratégique canadienne ait été bénéfique, les marchés financiers mondiaux attendaient que les États-Unis entrent en scène – et c’est maintenant chose faite.

Depuis longtemps, les entreprises et les institutions financières canadiennes s’inquiétaient qu’on agisse prématurément en matière de politique climatique, ce qui désavantagerait le Canada par rapport aux États-Unis. C’est aujourd’hui tout le contraire : le danger est maintenant d’agir trop lentement.

Si le Canada prend du retard, le talent et le capital pourraient être attirés de l’autre côté de la frontière. Au moment où les occasions commerciales en Amérique du Nord se multiplient, les entreprises canadiennes risquent de ne pas être en mesure de mobiliser le capital financier et humain nécessaire à leur expansion et leur réussite.

Les gouvernements canadiens ont aussi un rôle important à jouer. L’Institut climatique du Canada a récemment proposé un éventail de politiques qui aideraient les entreprises canadiennes à demeurer concurrentielles dans les marchés financiers nord-américains – qu’il s’agisse de lancer davantage de nouvelles entreprises ou de commercialiser les prochaines grandes entreprises phares.

Une politique climatique judicieuse est aujourd’hui l’un des meilleurs remèdes à l’augmentation du coût de la vie.

Comme l’expliquait récemment Jesse Jenkins, professeur en génie à Princeton, ce n’est pas un hasard si cette nouvelle loi américaine porte le nom d’Inflation Reduction Act. « La hausse des coûts de l’énergie est actuellement l’un des principaux facteurs d’inflation », explique-t-il. « Selon nos modèles, l’Inflation Reduction Act réduirait directement les dépenses énergétiques annuelles des États-Unis d’au moins 4 % d’ici 2030, soit l’équivalent de près de 50 milliards de dollars par année pour les foyers, les entreprises et les industries. Cela signifie des centaines de dollars en économies sur les coûts d’électricité pour les ménages américains. »

Comme les Canadiens ressentent également les effets de l’inflation et de la hausse des prix de l’essence, nos responsables politiques devraient étudier l’Inflation Reduction Act de près afin d’offrir aux familles canadiennes des économies semblables sur les plans de l’énergie et de l’efficience.

De nouvelles occasions se présentent pour le secteur industriel canadien.

Contrairement à une version antérieure du projet de loi qui aurait tenu les constructeurs automobiles canadiens à l’écart des mesures incitatives sur les véhicules électriques, l’Inflation Reduction Act reconnaît que le Canada est un partenaire important du succès de la transition vers l’énergie propre des États-Unis. Les produits et composants canadiens (y compris les véhicules fabriqués au Canada et les minéraux nécessaires à la fabrication des batteries) sont donc admissibles à la pleine subvention pour véhicule électrique de 7 500 $.

En préparation à une telle éventualité, les constructeurs automobiles ont déjà investi des milliards de dollars afin de modifier leurs installations pour la fabrication de véhicules électriques. Ces investissements visent l’entièreté de la chaîne d’approvisionnement, de l’achat des minéraux et des métaux nécessaires au pays au développement de technologies de traitement et de recyclage en vue de l’introduction massive de batteries dans le système de gestion des déchets. Grâce à l’orientation claire adoptée par les États-Unis, le Canada est maintenant en mesure d’accélérer la transition de l’un de ses plus importants moteurs économiques. L’adoption de l’Inflation Reduction Act est un moment charnière de la politique climatique. Du jour au lendemain, les États-Unis sont pleinement impliqués dans la transition vers la carboneutralité. Le Canada se doit maintenant de mettre en œuvre des politiques conséquentes afin de mener à bien sa propre transition et ne pas être laissé en plan.

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