Le déploiement accru de valeurs sûres et de paris risqués, un facteur indispensable pour la compétitivité canadienne

Aucune technologie seule ne permettra au Canada d’atteindre la carboneutralité. Le pays a besoin à la fois de valeurs sûres et de paris risqués, et d’un soutien politique adapté à chaque solution.

Ce post de blogue a précédemment été publié dans The Hub.

La technologie contribue considérablement à la lutte contre les changements climatiques et la transition vers une économie propre. Pour réduire les émissions nocives de gaz à effet de serre, il est absolument fondamental de transformer les technologies sur lesquelles repose notre économie. Le succès des efforts en ce sens et la prospérité future du Canada dépendront des mesures que prendront les gouvernements et le secteur privé pour accélérer l’adoption de technologies propres. 

Dans une nouvelle série de profils technologiques, l’Institut climatique du Canada s’intéresse à l’état actuel de certaines de ces technologies essentielles ainsi qu’à ce que les gouvernements peuvent faire pour accélérer l’adoption et bénéficier des retombées au plus vite. En fonction des risques encourus et des récompenses en jeu, chaque technologie est classée soit comme une « valeur sûre », soit comme un « pari risqué ».

Prise séparément, aucune technologie ne permettra au pays d’atteindre ses objectifs de réduction d’émissions et de croissance économique propre. Pour parvenir à ses fins, le Canada devra combiner des valeurs sûres et des paris risqués. Il lui faudra donc tirer parti de la croissance mondiale en matière d’innovation et de déploiement technologiques, qui offre de considérables avantages économiques pour les entreprises, les industries et les communautés canadiennes.  

Le portefeuille du Canada doit comprendre des valeurs sûres et des paris risqués

Les valeurs sûres sont des solutions éprouvées, qui joueront un rôle dans tous les cas. Elles comprennent des technologies viables, disponibles sur le marché et concurrentielles, quel que soit le scénario de transition énergétique. L’efficacité énergétique, le réseau intelligent, l’hydroélectricité et l’énergie éolienne en sont des exemples. Elles fonctionnent et sont adaptées à l’économie actuelle, mais pour être adoptées et généralisées rapidement, elles doivent faire l’objet de politiques favorisant leur utilisation.

Plus d’incertitude pèse sur les paris risqués, c’est-à-dire des technologies qui n’en sont encore qu’à leurs balbutiements ou qui risquent d’être éclipsées par d’autres options. Les petits réacteurs modulaires, l’hydrogène vert et les technologies de captation et de stockage du carbone à partir des émissions de sources diffuses, comme l’air ambiant, appartiennent à la catégorie des paris risqués. Avec le temps, quelques-unes de ces technologies pourraient devenir des solutions répandues et viables… mais pas toutes.

Les valeurs sûres et les paris risqués ne nécessitent pas les mêmes politiques. Les valeurs sûres sont efficacement encouragées par des mesures gouvernementales qui accélèrent leur déploiement. Ces mesures peuvent se traduire par l’approbation plus rapide de projets, par des incitations à l’adoption de technologies et par le maintien d’un contexte politique stable. De leur côté, les paris risqués demandent un soutien sur les plans de l’innovation et de la commercialisation.

Si le Canada souhaite atteindre ses objectifs climatiques et rester concurrentiel dans l’économie mondiale, il a besoin d’un portefeuille fort, comprenant ces deux types de solutions.

Les technologies propres sont un atout potentiel pour le Canada

Heureusement, le Canada est déjà en position de force : il possède l’un des réseaux électriques les plus propres du monde sur le plan énergétique et continue de l’améliorer. L’accès à une énergie fiable, propre et abordable peut faire toute la différence pour une entreprise choisissant l’emplacement de ses nouvelles usines. Dans un contexte de demande croissante d’électricité propre, il faudra davantage d’investissements pour accroître la capacité électrique ainsi que des réseaux plus intelligents pour garder cet avantage. Les technologies éprouvées de réseaux intelligents doivent donc être déployées plus vite, à plus grande échelle, pour que les opérateurs de réseaux puissent mieux répondre à la demande d’énergie.

En ce qui concerne les paris risqués, le Canada dispose également d’avantages concurrentiels. Son expertise en matière d’énergie nucléaire, dans la technologie émergente des petits réacteurs modulaires, pourrait lui ouvrir des portes, au vu de la demande massive d’électricité propre. Dans l’Ouest du Canada, les ressources géologiques et l’expertise technique liée à l’extraction de pétrole et de gaz créent de nouvelles possibilités pour la géothermie avancée et pour la captation, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC). L’entreprise Eavor de Calgary est dirigée par des vétérans du secteur pétrolier qui réutilisent des technologies de forage de pétrole et de gaz, au profit de l’énergie géothermique avancée. Par ailleurs, elle a reçu un financement s’élevant à plusieurs centaines de millions de dollars en capital de risque.

Acteurs de plus en plus importants dans les projets de technologies propres, les peuples autochtones peuvent et doivent bénéficier de perspectives d’emploi et de croissance économique. En effet, les partenariats avec les Autochtones autour de projets (évoqués dans le profil technologique de l’éolien terrestre) deviennent la norme partout au Canada, comme au Québec, en Nouvelle-Écosse et en Ontario.

Néanmoins, pour tirer parti de ses avantages naturels, le Canada a besoin d’un contexte politique favorable à l’essor de la technologie propre.

Des politiques réfléchies peuvent transformer les avantages technologiques du Canada en victoires

Le déploiement des valeurs sûres et le développement des paris risqués nécessitent des politiques claires et cohérentes qui promeuvent ces technologies et établissent des conditions concurrentielles équitables. Ces politiques peuvent cibler, par exemple, des règles sur l’électricité propre prévisibles à long terme, et des mesures de tarification du carbone industriel stables à l’échelle nationale.

En outre, certaines barrières demandent des mesures politiques spécifiques pour être levées. Toutes les valeurs sûres ont besoin de soutien pour leur déploiement, mais ce soutien ne prend pas la même forme selon les technologies. Par exemple, la simplification des autorisations réglementaires offre une belle occasion d’accélérer le développement de l’énergie éolienne. En revanche, des applications éprouvées de CUSC connaîtraient une croissance plus rapide, à condition de politiques sur le carbone et d’encouragements à l’investissement plus stables et cohérents.

De la même manière, un large soutien à la recherche et au développement profite généralement aux paris risqués, mais toutes les technologies de cette catégorie n’ont pas les mêmes exigences. Dans le cas des petits réacteurs modulaires et de la géothermie avancée, les gouvernements donneraient aux investisseurs plus de visibilité sur les perspectives de commercialisation s’ils clarifiaient les environnements réglementaires et les octrois de permis propres à chacune de ces technologies.

En conclusion, le Canada doit compter sur les valeurs sûres autant que les paris risqués, deux solutions favorisées par des décisions judicieuses à l’endroit des technologies. L’économie mondiale accordant une place grandissante aux énergies propres, le pays doit impérativement fournir un soutien politique adapté à chaque solution pour accroître ses chances de réussite.

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