L’an dernier, notre petite famille de Vancouver a remplacé sa chaudière au gaz par une thermopompe basse température. Nous avons été conquis par la possibilité de nous rafraîchir pendant les chaleurs estivales de la Colombie-Britannique, de réduire les émissions de notre ménage et de profiter des incitatifs gouvernementaux. Le côté économique de la chose nous semblait moins certain au départ, mais nous avons désormais une année complète de données à disséquer.
Le verdict : nous avons économisé environ 200 $ sur nos frais totaux de chauffage et de climatisation pour l’année, et nous anticipons des résultats similaires pour la suite. Il est toutefois important de souligner que les programmes gouvernementaux ont été cruciaux pour atténuer les coûts initiaux et nous permettre de faire le saut. Avec l’élimination de certains des plus grands incitatifs au pays, c’est tout l’avenir de la décarbonisation des bâtiments qui est compromis.
Notre thermopompe a réduit notre consommation – et notre facture – d’électricité
Tout d’abord, quelques précisions : nous avons remplacé une chaudière au gaz de 10 ans, raisonnablement efficiente, par l’une des thermopompes basse température les plus efficaces sur le marché, qui se qualifiait pour des remises fédérales et provinciales (nous y reviendrons). Notre chaudière commençait à se faire vieille, et nous y voyions l’occasion parfaite de réduire nos émissions, d’installer de la climatisation et de tirer parti des incitatifs gouvernementaux.
L’installation s’étant faite à la mi-mars 2024, nous avons plus d’un an de données à comparer et à analyser. Examinons les principaux constats sur l’énergie et les coûts.
En comparaison avec l’année précédente, la thermopompe a réduit notre consommation d’énergie mensuelle de 41 %. Si nous savions que les thermopompes basse température étaient écoénergétiques, nous sommes demeurés surpris de cette baisse immédiate (voir la figure).
La thermopompe s’est aussi avérée économique : nos factures d’électricité dans les 12 mois suivant l’installation totalisaient environ 200 $ de moins que nos factures de gaz et d’électricité des 12 mois précédents.
Mais le plus impressionnant, c’est que la réduction de notre consommation et de nos factures coïncide avec une année où nos besoins ont en fait augmenté. Nous avons eu un bébé en décembre 2023, donc nous avons fait une foule de brassées de lavage de plus pendant l’année où nous avons recueilli des données sur la thermopompe (le sèche-linge est notre appareil le plus énergivore). Sans compter que l’hiver a été plus froid, avec une plus grande proportion de journées sous la barre des 5 °C.
Grâce à notre nouvelle thermopompe, notre logement est pour la toute première fois climatisé en été, ce qui a considérablement amélioré notre confort et nous permet enfin de garder les fenêtres fermées lorsque les feux de forêt répandent leur fumée. De plus, la climatisation s’est avérée plus écoénergétique qu’anticipé. Comme le montre la figure ci-dessous, notre consommation estivale a augmenté (en 2024 et en 2025), mais elle demeure relativement faible comparativement à la charge hivernale.

Les subventions gouvernementales ramènent les coûts initiaux des thermopompes sur un pied d’égalité avec les appareils au gaz
Parlons maintenant des politiques. Sans elles, il nous en aurait coûté gros d’installer une thermopompe, d’autant plus que nous avons simultanément mis à niveau notre panneau électrique (ce qui représentait environ le quart des coûts totaux), et que notre choix s’est arrêté sur une thermopompe basse température, plus coûteuse que les modèles traditionnels – mais aussi plus efficace et fiable par temps froid. Heureusement, nous étions admissibles à un mélange de subventions fédérales et provinciales qui ont épongé 11 500 $ au total. Nous avons aussi pu obtenir un prêt sans intérêt du gouvernement fédéral.
Bien que la situation de chaque ménage soit différente, sans ces incitatifs, nous n’aurions pas pu faire le saut. En excluant les coûts de la mise à niveau du panneau électrique (qui devait être faite peu importe), les subventions ont ramené les coûts d’installation d’une thermopompe près de ce qu’il nous en aurait coûté d’installer une nouvelle chaudière au gaz à haute efficacité et un climatiseur. Et avec la réduction modeste de notre facture d’énergie, la thermopompe nous fait en réalité économiser de l’argent.
Enfin, le prêt sans intérêt du fédéral nous a permis d’assumer les coûts initiaux, qui auraient autrement été difficiles à couvrir d’un seul coup, malgré les subventions. Le prêt étale les coûts sur 10 ans et se rembourse sur une base mensuelle, comme un prêt hypothécaire.
Les thermopompes sont une technologie efficace pour décarboniser les ménages
Notre exemple offre une fenêtre sur les défis et les avantages de la décarbonisation des bâtiments au pays. Les analyses de l’Institut montrent que l’électrification du chauffage et de la climatisation grâce aux thermopompes est la façon la plus avisée et efficace de procéder. Si le Canada espère atteindre sa cible de carboneutralité, ce sont 229 000 thermopompes de plus qui devront être installées entre 2024 et 2026.
Or, les reculs récents des politiques climatiques compliquent les choses et laissent un gros manque à combler, particulièrement pour les ménages à revenu moyen. La Subvention canadienne pour des maisons plus vertes a notamment pris fin plus tôt cette année, et le programme de prêt sans intérêt s’est interrompu abruptement le 1er octobre. La tarification du carbone pour les consommateurs, qui tenait compte des coûts environnementaux du chauffage aux combustibles fossiles et rendait l’option d’une thermopompe électrique comparativement plus attrayante, a aussi été éliminée, ce qui a fait disparaître l’un des leviers les plus rentables pour l’adoption de cette technologie.
Les incitatifs restants ont des critères d’admissibilité plus restreints et s’adressent principalement aux ménages à faible revenu. Par exemple, le programme fédéral pour la Conversion abordable du mazout à la thermopompe donne une avance aux familles qui souhaitent remplacer leur chaudière au mazout par une thermopompe et est bonifié par de nombreux programmes provinciaux et territoriaux. Bien que ces options soient salutaires pour les ménages les moins bien nantis, elles excluent une foule de familles à revenu moyen.
Sachant que les bâtiments sont responsables de 12 % des émissions totales du Canada, il est capital de les décarboniser pour atteindre nos objectifs climatiques. Alors que deux des plus grands programmes fédéraux tirent à leur fin et que les critères d’admissibilité se resserrent, de nouvelles politiques et de nouveaux incitatifs s’imposent pour continuer d’assurer l’accès de la majorité des ménages à ces solutions économiques.