Ce billet de blogue a précédemment été publié dans BIV.
Le logement reste un problème majeur en Colombie-Britannique en raison de prix astronomiques qui le rendent de moins en moins accessible aux locataires et aux nouveaux propriétaires. En réponse à ce problème, un déluge de mesures ont été prises pour agrandir le parc de logements. Parmi celles-ci figuraient d’importants nouveaux investissements et des réformes réglementaires visant à accélérer la construction de nouvelles maisons, ô combien nécessaires.
Les mesures ciblent le bon objectif et la Colombie-Britannique a effectué des changements considérables sur le plan politique pour traiter cette question épineuse.
Cependant, un facteur crucial qui influe sur l’accès au logement a été largement ignoré jusqu’à présent : les répercussions des changements climatiques.
Dans un nouveau rapport, une équipe de l’Institut climatique du Canada montre qu’en l’absence de changements politiques, la Colombie-Britannique pourrait perdre deux milliards de dollars supplémentaires en dommages, par an et en moyenne; des dommages liés à la construction de nouvelles maisons dans des zones exposées à un risque élevé d’inondations et de feux incontrôlés d’origine climatique. Par rapport aux autres provinces, la Colombie-Britannique s’expose à une facture bien plus salée, qui couvrirait les deux tiers des futures pertes nationales d’ici à 2030.
Les chiffres, très élevés, auront des conséquences bien réelles sur l’accessibilité. Les dégâts menacent d’augmenter le coût de la vie pour tout le monde, d’ajouter aux factures (individuelles et publiques) le coût des réparations et des remplacements, de faire grimper les primes d’assurance et d’alourdir les mesures de rétablissement après sinistre financées par les contribuables.
Autrement dit, le logement le plus abordable est celui qui n’a pas à être reconstruit après un sinistre.
Où les dangers sont-ils les plus grands?
En ce qui concerne les feux incontrôlés, nous estimons que 92 % des nouvelles pertes seraient concentrées dans seulement 20 municipalités sur l’ensemble du Canada, dont 16 se trouvent en Colombie-Britannique (dans les régions de Thompson-Okanagan, du Nord-Est, de Cariboo et de Kootenay).
Au total, le coût des nouvelles maisons pourrait être plus de trois fois supérieur à celui des dommages aux bâtiments résidentiels et dépasser un milliard de dollars par an, en moyenne, d’ici 2030.
Quant aux inondations, elles risquent de provoquer les plus grandes pertes, chiffrées à 1,1 milliard de dollars, dans les basses-terres continentales et le sud-ouest de la province.
Heureusement, parmi les nouvelles maisons nécessaires à l’amélioration de l’accessibilité, seule une petite partie est susceptible d’être construite dans des zones à haut risque. En Colombie-Britannique, il serait possible d’économiser jusqu’à 97 % des futurs coûts liés aux inondations en redirigeant seulement 6 % de ces logements vers des terrains plus sûrs.
Rediriger les logements vers des terrains plus sûrs
Pour ce faire, les gouvernements disposent de leviers d’action concrets, qui ne demandent pas ou peu de financement public et qui ne diminueront pas l’offre totale de logements.
Premièrement, les gouvernements fédéral et provinciaux devraient éloigner les investissements dans le logement et les infrastructures des zones à haut risque et les guider vers des zones à bas risque. La Colombie-Britannique doit revoir ses politiques en la matière pour diriger les investissements vers des endroits non touchés par les inondations et les feux incontrôlés.
Deuxièmement, elle doit prendre des mesures provinciales afin que les nouvelles constructions soient érigées en lieu sûr. Pendant plus de vingt ans, elle a laissé la réglementation du logement entre les mains des collectivités locales, qui rencontrent souvent des obstacles techniques et financiers. Dans d’autres provinces, comme en Ontario, les règlements provinciaux imposent la construction de logements dans des zones à bas risque. Par conséquent, les dangers d’inondation y sont bien moins élevés en moyenne qu’en Colombie-Britannique.
Troisièmement, les gouvernements fédéral et provinciaux doivent revoir l’aide aux sinistrés pour décourager les constructions risquées, en prévenant que les nouveaux logements construits dans certaines zones pourraient devenir inadmissibles à l’indemnisation. Dans l’avenir, le gouvernement de la Colombie-Britannique doit aussi fixer un plafond à l’aide que peut recevoir une propriété, pour ne pas financer des cycles répétés de destruction et de reconstruction.
Enfin, tous les ordres de gouvernements doivent publier des cartes des zones à risque et imposer la divulgation de ce type d’informations lors des transactions immobilières pour permettre aux propriétaires, locataires et promoteurs de s’adapter. Actuellement, ces données sont incomplètes, dépassées et difficiles d’accès.
À terme, nous ne pouvons pas construire les logements dont nous avons tant besoin en ignorant la multiplication et l’aggravation des risques d’origine climatique. Les politiques visant à mettre les nouvelles maisons en lieu sûr constituent l’une des meilleures solutions : elles garantissent à davantage de Britanno-Colombiens la possibilité de faire leur vie dans la province, aujourd’hui comme demain.