Need a reason to care about Saskatchewan’s high emissions? Try the economy

Besoin d’une raison pour vous préoccuper des fortes émissions de la Saskatchewan? En voici une : l’économie

Les éléments de l’économie actuelle de la Saskatchewan peuvent constituer le fondement de la croissance future.

Ce post de blogue a précédemment été publié dans le Regina Leader-Post.

Le premier ministre Scott Moe entrevoit un bel avenir pour la Saskatchewan : celui d’une province qui répond à la demande mondiale croissante en produits durables – de l’énergie à l’alimentation en passant par l’engrais et le fourrage. Si l’objectif est réaliste, il reste encore beaucoup d’obstacles à surmonter pour concrétiser cette ambition.

Pour placer la Saskatchewan – le plus gros fournisseur de potasse et exportateur de lentilles au monde – en position de satisfaire l’appétit mondial pour les biens durables et sobres en carbone, le premier ministre Scott Moe devra s’intéresser de plus près aux mesures provinciales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

L’accélération de la transition vers la sobriété en carbone représente un tournant majeur pour chaque région du Canada – et la Saskatchewan ne fait pas exception. Cette transition engendrera une transformation en profondeur des marchés mondiaux, riche en perturbations comme en nouveaux débouchés. Pour la Saskatchewan, qui détient le record mondial peu enviable du plus haut taux d’émissions de GES par habitant, il reste encore fort à faire.

L’analyse à paraître de l’Institut climatique du Canada, qui fait suite à son récent rapport Ça passe ou ça casse : transformer l’économie canadienne pour un futur sobre en carbone, compare la performance économique des provinces dans la transition vers la carboneutralité. Et les résultats pour la Saskatchewan sont préoccupants. Alors que toutes les provinces progressent, la Saskatchewan tarde à exploiter son potentiel.

La Saskatchewan regorge d’avantages naturels. Ses ressources éoliennes et solaires sont parmi les plus importantes au pays. Elle compte parmi les provinces et territoires présentant le plus fort potentiel dans les domaines de la géothermie et de la captation du carbone. Et elle dispose de cavernes de sel qui pourraient servir à stocker l’énergie ainsi que de gisements d’hélium et de minéraux critiques, comme le lithium, nécessaires à la fabrication de batteries.

Certains éléments de l’économie actuelle de la Saskatchewan pourraient constituer la pierre d’assise de sa croissance future. Son solide secteur agricole se diversifie pour conquérir des marchés porteurs dans la transition vers la carboneutralité, comme les technologies agricoles et les protéines végétales. Plus de 40 % des entreprises prometteuses de la Saskatchewan – c’est-à-dire des entreprises positionnées exclusivement sur des marchés amenés à se développer dans le contexte de la transition – sont du secteur des technologies agricoles.

Les entreprises des secteurs traditionnels décident également d’investir massivement dans des projets à faibles émissions en Saskatchewan. Foran Mining, par exemple, s’est engagée à faire de la mine McIlvenna Bay la première mine de cuivre carboneutre au monde. L’entreprise de fabrication d’engrais Nutrien, quant à elle, se diversifie : en collaboration avec son partenaire en transport, EXMAR NV, elle travaille sur un projet de navire zéro carbone alimenté à l’ammoniac.

Cependant, il n’y a pas de quoi pavoiser. Sans concertation des décideurs sur les débouchés et la croissance naissante en Saskatchewan, la province risque fort de prendre du retard. Si nous calculons le montant total des investissements des entreprises prometteuses de chaque province entre 2015 et 2020, en tenant compte de la taille relative des économies provinciales, la Saskatchewan arrive avant-dernière, tout juste devant Terre-Neuve-et-Labrador. Et même si le nombre d’entreprises prometteuses de la province a décuplé dans les 20 dernières années, l’activité entrepreneuriale reste inférieure à celle des autres provinces canadiennes.

Pendant des années, la richesse économique de la Saskatchewan a été étroitement liée aux combustibles fossiles et à une industrie à forte intensité carbonique : la hausse du PIB et la création d’emploi s’accompagnaient d’une hausse des émissions de GES. Le pétrole et le gaz contribuent à un sixième du PIB et à un quart des exportations de marchandises de la province. À mesure que diminue la demande en combustibles fossiles, la Saskatchewan devra trouver de nouvelles sources d’emplois et de revenus. D’autres secteurs, comme la chimie ou la fabrication d’engrais, pourront maintenir la demande pour leurs produits, mais devront diminuer drastiquement leurs émissions s’ils veulent rester concurrentiels à l’échelle internationale, car les options sobres en carbone sont de plus en plus prisées par les clients. Les nouvelles cibles d’électricité renouvelable pourraient être utiles, mais le réseau de la Saskatchewan, extrêmement dépendant des combustibles fossiles, décourage les entreprises qui souhaitent réduire leurs émissions grâce à l’électrification. Sans diversification ni décarbonisation, l’économie de la Saskatchewan est vulnérable.

La transformation des marchés mondiaux pourrait pénaliser particulièrement les personnes et les collectivités qui dépendent d’emplois à forte intensité en carbone. En Saskatchewan, 6 % de la main-d’œuvre travaille dans des secteurs vulnérables à la transition – le plus haut taux au Canada après l’Alberta. Dans certaines collectivités rurales, le pourcentage est encore plus élevé. En planifiant la transition, la Saskatchewan devra absolument créer des débouchés dans les régions rurales et éloignées ainsi que dans les communautés autochtones.

La Saskatchewan peut s’inspirer des provinces en tête de peloton pour exploiter son potentiel de croissance sobre en carbone. L’Ontario et l’Alberta, par exemple, ont de solides écosystèmes d’innovation qui peuvent faciliter l’accès des entreprises à des fonds de capital de risque et à d’autres de sources de financement à grande échelle. Des politiques provinciales claires, qui orientent la demande vers des technologies et des énergies propres à fort potentiel, peuvent grandement contribuer à attirer les investissements et à accélérer les innovations sobres en carbone. En Colombie-Britannique, par exemple, l’instauration de règlements et d’objectifs ambitieux dans les secteurs du bâtiment et du transport a stimulé la demande.

Malgré les progrès réalisés, la Saskatchewan a encore beaucoup à faire, et elle doit agir vite. Dans la course mondiale aux parts de marché, les économies qui s’implantent rapidement auront de meilleures chances de succès à long terme. Alors oui, les décideurs doivent se préoccuper des émissions de la province. Autrement, la Saskatchewan risque de se retrouver hors course.

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