Cet article a précédemment été publié dans Corporate Knights.
Cette année, la rentrée parlementaire sonne aussi le début de l’une des périodes les plus charnières de l’histoire pour la politique climatique canadienne.
L’été a été marqué par des catastrophes historiques. Les feux de forêt causés par les changements climatiques continuent de faire rage à travers le pays. Au moment d’écrire ces lignes, plus de 8,7 millions d’hectares – une superficie environ 2,5 fois celle de l’île de Vancouver – y sont passés, dans ce qui s’avère être la deuxième saison des feux la plus ravageuse qu’a connue le Canada. Les effets de toute cette fumée sur la qualité de l’air se sont fait ressentir à des centaines de kilomètres à la ronde. Une sécheresse a frappé de nombreuses régions du pays; c’est le cas du Sud de l’Ontario, où je vis et où il n’a pratiquement pas plu en juillet et en août.
Outre l’ampleur du désastre, les derniers mois ne laissent également rien présager de bon pour l’avenir. L’été 2023, la pire saison des feux enregistrée au pays, a engendré une grosse réaction de surprise. L’été 2024, moins intense, a été accompagné d’un sentiment de soulagement. Mais cet été montre clairement que 2023 n’était pas une situation unique : les feux sont de retour en force. La tendance est désormais évidente. Il faut agir rapidement et décisivement pour préserver la sécurité de la population et des collectivités canadiennes. La seule manière d’y arriver, c’est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’investir dans de l’infrastructure résiliente au climat.
La saison des feux de forêt au Canada n’a rien d’exceptionnel. Des pays aux quatre coins du globe sont dans la même situation. Presque partout, les gouvernements se sont penchés sur les solutions nécessaires et redoublent d’efforts pour décarboniser et se préparer aux répercussions climatiques de plus en plus graves. Par exemple, l’Union européenne travaille actuellement sur un plan pour réduire la pollution qui engendre les changements climatiques de 90 % d’ici 2040.
Toutefois, en Amérique du Nord, il y a abondance de nouvelles concernant la vendetta irrationnelle de Donald Trump contre toute mesure à saveur climatique. En effet, la haine que l’éolien suscite chez le président américain tirerait en fait ses origines d’un conflit personnel concernant son terrain de golf en Écosse.
Le gouvernement fédéral américain est en train de renoncer à ses mesures de lutte contre les changements climatiques (il convient toutefois de préciser que de nombreux États gardent le cap vers la carboneutralité), et certaines voix au Canada s’élèvent pour réclamer que l’on s’aligne sur le programme rétrograde de Trump.
J’ai espoir que la grande majorité des Canadiens et Canadiennes comprennent l’absurdité d’un tel alignement. Nous savons que les idées de Donald Trump sont terribles, terribles et re-terribles, que ce soit par rapport à l’Ukraine, par rapport aux tarifs, ou ici, par rapport aux changements climatiques.
Non, ce qu’il faut, c’est regarder où la puck s’en va, et patiner dans ce sens-là. Si l’on considère les politiques climatiques actuelles et envisagées de tous les autres marchés avec lequel le Canada désire diversifier ses échanges, on peut voir qu’elles sont toutes à l’opposé de ce que fait Trump.
Il y a plus de quatre mois, le gouvernement fédéral actuel a été élu sur une plateforme robuste et claire concernant les changements climatiques. Mais depuis, il se fait pratiquement muet sur le sujet. Malheureusement, ce silence radio a laissé le champ libre à des intérêts particuliers et toute leur litanie d’arguments absurdes pour l’abandon complet de la lutte contre le réchauffement climatique.
La prochaine session parlementaire est le moment de réformer et relancer les démarches de décarbonisation du Canada.
Les priorités sont claires. Il faut au moins une poignée de lois (nouvelles ou déjà en vigueur) pour faire progresser les choses : au moins corriger notre système de tarification du carbone industriel, établir de nouveaux règlements sur le méthane, créer des projets d’électricité propre, et amener plus de véhicules électriques abordables entre les mains des Canadiens et Canadiennes.
Nous devons renouveler les efforts en matière de changements climatiques, en pensant à la population canadienne et non à Donald Trump. Et ça presse.