D’un côté, les changements climatiques touchent de manière disproportionnée les peuples, les communautés et les territoires autochtones, de l’autre, les chercheurs et gardiens du savoir autochtones conçoivent des solutions ancrées dans leur territoire et leur culture. Afin de promouvoir leur indispensable travail, l’Institut climatique a publié quatre nouvelles études de cas dans le cadre de sa série Perspectives autochtones, qui vise à mettre en lumière la recherche et les politiques climatiques exemplaires :
- Dans « La rés-ilience des Gitxsans : La résilience climatique comme Naadahahlhakwhlinhl (interconnexion) », Janna Wale se penche sur les répercussions du réchauffement de la planète sur le circuit saisonnier des activités liées aux ressources naturelles qui assurent la subsistance des peuples autochtones depuis la nuit des temps. Elle s’appuie sur des entrevues et des sondages auprès de membres de la communauté Gitxsan pour poser les bases d’une interprétation plus holistique, plus concrète et plus axée sur les forces de la résilience ou de ce qu’elle appelle la rés-illience, une version centrée sur les perceptions, les valeurs et les visions du monde autochtones.
« La clé, pour la suite des choses, est d’aborder la résilience aux changements climatiques avec la même force de caractère que nos ancêtres. Appliquer les leçons du circuit saisonnier et savoir qu’il y a un temps pour chaque chose. Appliquer les leçons des valeurs et de la culture et savoir que la résilience est indissociable des identités autochtones. Prendre conscience que malgré tout ce que nous avons traversé, comme Autochtones, nous sommes toujours là. » - Dans « ʔuyaasiłaƛ n̓aas, ou “Il est arrivé quelque chose au climat” : Sagesse des toponymes autochtones dans un climat en évolution : s’inspirer de la démarche d’élaboration d’une vision de l’utilisation du territoire par la Première Nation Ahousaht », Tara Atleo soutient que les toponymes autochtones peuvent être utiles à l’aménagement du territoire en fournissant des renseignements sur les services écosystémiques, les lieux d’importance culturelle et les secteurs particulièrement vulnérables aux changements climatiques. Elle avance qu’à travers le prisme du langage et des récits, et de l’histoire et des valeurs qu’ils véhiculent, « nous pouvons mieux comprendre les changements climatiques et la façon d’y réagir, dans le cadre des principes moraux et des enseignements vivants d’une gérance efficace de l’environnement, dans le but de vivre en plus étroite communion avec notre planète ».
- « Une approche à deux voies de la remise en état collaborative : placer les voix et le leadership autochtones au cœur de la transition énergétique du Canada » est une remarquable collaboration entre 19 cochercheurs, détenteurs de droits et universitaires de la Première Nation de Fort McKay, de l’Université de Calgary et de l’Université de Waterloo. L’étude de cas présente et décrit le processus qui a mené à la cocréation d’une panoplie d’outils de planification interculturels visant à placer les voix et le leadership autochtones au cœur de la transition énergétique du Canada. « Même si les cochercheurs de Fort McKay s’entendaient tous pour dire que les travaux historiques et contemporains de planification des fermetures de mines sur leur territoire traditionnel n’ont jusqu’ici pas répondu aux besoins de la communauté en matière d’utilisation du territoire, concluent les auteurs, ils ont espoir qu’avec la dimension interculturelle du projet commun de remise en état ainsi qu’avec la réelle inclusion de leur nation dans le projet, le travail de remise en état portera fruit pour les générations futures. »
- Enfin, « L’alliance Bagida’waad : sortir de la brume pour se frayer un nouvelle voie » de Natasha Akiwenzie est une émouvante pièce d’auto-ethnographie autochtone. L’auteure raconte sa propre expérience de la réinvention lorsqu’elle est passée de pêcheuse à éducatrice sur le climat, en réponse aux conséquences désastreuses du réchauffement climatique et de l’intensification des vents sur sa vie à Neyaashiinigmiing, en Ontario.
Il est pour le moins remarquable – et c’est pour nous une source de fierté – que les quatre études de cas de cette année soient signées ou cosignées par des femmes autochtones. Là n’était pas notre intention lorsque nous avons sélectionné ces quatre études de cas parmi les nombreuses excellentes propositions reçues, mais cette constatation démontre à quel point les femmes autochtones rivalisent d’ardeur lorsqu’il est question d’assumer notre responsabilité partagée et de déployer les efforts collectifs que les changements climatiques exigent de nous. Il y a beaucoup à apprendre de ces modèles d’inspiration.
L’Institut climatique du Canada s’engage à soutenir l’autodétermination des peuples autochtones par son travail et à intégrer les pratiques, les valeurs et les savoirs autochtones dans ses recommandations de politiques. Nous savons que cela doit être fait par des Autochtones, pour les Autochtones. Nous sommes donc ravis de vous présenter les praticiens et chercheurs importants que sont les auteurs de cette série.
Shianne McKay est membre du Conseil consultatif de l’Institut climatique du Canada, gestionnaire principale de projet au Centre for Indigenous Environmental Resources (CIER), et membre de la communauté ojibwée des Traités no 2 et no 4, et de la Première Nation de Pine Creek au Manitoba. Le CIER est le premier organisme environnemental sans but lucratif dirigé par des Autochtones au Canada. Il a été fondé en 1995 par 10 chefs des Premières Nations de partout au pays. Le CIER aide les communautés et les peuples autochtones à apporter des changements positifs pour l’environnement, en s’appuyant sur les connaissances occidentales et autochtones pour créer un monde harmonieux qui favorise le bien-être de tous les êtres vivants. Depuis 1995, le CIER a dirigé 450 projets en collaboration avec plus de 300 nations autochtones au pays.
David Mitchell est spécialiste principal de la communication à l’Institut climatique du Canada et vit sur le territoire du Traité no 4 en Saskatchewan.