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Les entreprises s’engagent à l’égard de la carboneutralité comme jamais. Quelles sont celles qui donnent suite à leur promesse ?

Atteindre des objectifs de carboneutralité dans la prochaine décennie dépendra du succès de la mise en place des engagements climatiques.

Plus du tiers des grandes sociétés cotées en bourse dans le monde se sont fixé des objectifs de carboneutralité, notamment les deux tiers des grandes entreprises canadiennes. Elles voient déjà l’avenir, un avenir sobre en carbone. Cependant, parmi ces sociétés, quelles sont celles qui mettent véritablement en place des mécanismes pour tenir leurs promesses?
 
Rendons-nous à l’évidence : certaines ne le font pas. Un groupe d’experts de l’Organisation des Nations Unies a d’ailleurs récemment constaté que bon nombre de sociétés n’ont pas entrepris de leur propre chef le travail difficile nécessaire à la réduction des émissions.

Il est difficile, pour les entreprises, de faire de véritables progrès sans investissement dans des changements durables aux modèles d’affaires, qui dissocient la croissance de la dépendance à l’égard des combustibles fossiles et les émissions de carbone qui en résultent. Comment cela se traduit-il dans la réalité?

Prenons le cas de Loblaws. La société s’est engagée à atteindre la carboneutralité d’ici 2030 pour sa flotte de camions et d’ici 2040 pour ses magasins, ses franchisés et ses bureaux. Depuis, elle a fait des progrès constants en investissant dans divers secteurs d’avenir pour l’entreprise tout en réduisant ses émissions. Au nombre des initiatives, mentionnons le déploiement de ses premiers camions lourds entièrement électriques au Québec, de même qu’une première, l’achat d’énergie renouvelable en Alberta pour ses supermarchés, ses pharmacies, ses bureaux et ses centres de distribution, dans le but de réduire les émissions générées par ses activités à l’échelle du pays de 17 %. Loblaws a réalisé plus de 250 projets l’an dernier en vue d’atteindre ses objectifs climatiques, des projets qui ont contribué à réduire ses émissions de 8 % par rapport à ses niveaux de référence pour 2020, assortis d’un objectif provisoire de 50 % des niveaux de 2020 d’ici 2030.

De plus, Loblaws a indiqué l’an dernier qu’elle envisagerait d’inclure ses émissions de portée 3, dans le cadre de son engagement lié à la carboneutralité, d’ici 2050. (Les émissions de portée 3 sont des émissions générées indirectement, comme celles des déplacements ou de la chaîne d’approvisionnement – d’ailleurs, un tiers seulement des entreprises au Canada ont les émissions de portée 3 dans leur mire.) Autrement dit, Loblaws entend réduire les émissions tout le long de sa chaîne d’approvisionnement, ce qui en ferait la première grande chaîne d’alimentation au Canada à s’attaquer aux émissions indirectes générées par sa chaîne d’approvisionnement. L’entreprise a fait savoir qu’elle donnerait de plus amples renseignements l’an prochain, et jusqu’à présent, ses efforts se sont traduits par des changements dans des pratiques d’approvisionnement, qui ont été remplacées par des solutions sobres en carbone, par son engagement avec la Canadian Alliance for Net-Zero Agriculture et par la réduction des déchets alimentaires qu’elle a détournés des décharges.

On peut également regarder du côté des associations professionnelles. Par exemple, l’Association canadienne du ciment a pris plusieurs engagements sérieux dans son plan pour la carboneutralité. Elle a su récolter l’appui des plus grands producteurs de ciment canadiens et a publié un plan d’action décrivant une série d’étapes à court et à long terme pour que le secteur atteigne la carboneutralité, ce qui est loin d’une mince tâche, étant donné que le secteur est l’un des plus difficiles à décarboniser au Canada.

C’est pourquoi le secteur a ciblé cinq domaines de possibilités et d’action où la réduction des émissions est possible. Cela comprendra une vaste gamme d’approches, de nouvelles technologies et de collaborations entre les secteurs public et privé. Des projets innovateurs comme celui de captage et stockage du CO2 de Lafarge, en partenariat avec les entreprises de technologie propre Svante et Dimensional Energy, qui comptent convertir le dioxyde de carbone en cires synthétiques commercialisables, sont appelés à se généraliser.

Cela signifie-t-il que ces plans et ces actions sont parfaits? Aucunement. Il y a encore du chemin à faire avant que le secteur privé ne s’embarque dans une réelle trajectoire vers la carboneutralité, et cela ne se fera pas sans embûches. Pourtant, on ne doit pas perdre espoir, puisque le Conseil d’action en matière de finance durable compte élaborer une taxonomie des investissements climatiques qui pourrait aider à mieux comprendre les types d’investissements bénéfiques à une transition faible en carbone. Il ne faut pas non plus oublier qu’en général, on constate maintenant une incroyable transformation des secteurs d’affaires d’ici et d’ailleurs.

La prochaine décennie sera critique pour l’atteinte des objectifs de carboneutralité, qui dépendra de la réussite de la mise en œuvre des possibilités à saisir et des solutions climatiques déployées. Cela signifie qu’il faudra avant tout déterminer s’ils touchent l’entièreté de la chaîne d’approvisionnement d’émissions, et évaluer la façon dont ils comptent atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.

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