Crédit d'image: Une femme promène son chien le long de la rivière Outaouais à Ottawa alors que la fumée des feux de forêt obscurcit Gatineau, au Québec, au loin, le mardi 6 juin 2023. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

Avec un peu de chance, ce sera le pire été de nos vies

Les feux incontrôlés d’Amérique du Nord sont déclenchés par les changements climatiques, impactant notre santé.

Cet article a précédemment été publié dans le National Newswatch

De grands monuments emblématiques, comme la tour de la Paix ou le pont de Brooklyn, engloutis par un miasme orange par un après-midi de juin 2023 : c’est ça, aussi, les changements climatiques.

On imaginait un ours polaire au loin, se débattant sur un radeau de glace, ou l’élévation du niveau de la mer en 2080, bien après notre extinction… La réalité : récréations annulées, air rendu trop toxique pour de jeunes poumons; femme allongée sur une civière, le cœur venant de flancher; port de masques N95 dans les rues, encore.

Les feux incontrôlés qui font rage en Amérique du Nord sont déclenchés par les changements climatiques. Plus destructeurs, ils brûlent à de plus hautes températures que jamais. En mai, des vagues de chaleur inhabituelles ont secoué le Canada, créant une situation propice aux incendies. La saison des feux incontrôlés a donc commencé plus tôt que d’habitude, à des endroits inhabituels comme la Nouvelle-Écosse.

Le ciel orange et les irritations oculaires, effets collatéraux de ces feux climatiques, ponctuent aujourd’hui le quotidien des habitants de l’est de l’Amérique du Nord. Et si ce n’était que de légères irritations et des photos instagrammables

La situation est bien pire. La matière particulaire, qui teinte le ciel d’une couleur mandarine satsuma, est assez petite pour infiltrer notre corps. Irritante pour les poumons – ce qui est mauvais pour les enfants asthmatiques ou les personnes aux prises avec des problèmes respiratoires –, elle peut infiltrer la circulation sanguine, causer des dommages et provoquer un AVC. Une fois à l’intérieur, encore impossible d’y échapper : la qualité de l’air y est tout aussi affectée, à moins de se servir de filtres HEPA en continu.

Au moins 9 millions de personnes meurent chaque année dans le monde des effets de la pollution de l’air, un chiffre qui, sur une planète qui brûle, ne peut qu’augmenter.

Le ciel orange de Manhattan sème une nouvelle fois l’inquiétude à propos du climat, tout comme quand la fumée étouffait le côté gauche de l’Amérique du Nord. Faisons-en plus, agissons maintenant.

Cette dure vérité mérite d’être exprimée, même si elle fait mal. Même si l’on pouvait éliminer toutes les particules de gaz à effet de serre en claquant des doigts, et ce, demain matin, nous devrions tout de même subir les conséquences de notre longue relation avec les combustibles fossiles au cours des prochaines années. Les forêts brûleraient, les étés deviendraient plus chauds et les espèces seraient tout de même en difficulté.

Pour certains, c’est là où le nihilisme s’installe. Moi, cela me motive plutôt à insister encore plus sur le fait que le Canada, et la communauté internationale doivent agir. En agissant rapidement et en utilisant les outils et technologies à notre portée, l’été ne pourra pas empirer.

Ainsi, il nous faudra absolument réduire nos émissions et nous adapter à ce nouveau et terrifiant climat. Des politiques sur la réduction des émissions, comme le Règlement sur l’électricité propre et le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, sont d’ailleurs bientôt prévues. La version finale de la Stratégie nationale d’adaptation sera déposée dans quelques semaines. Espérons que les bouffées de fumée que les parlementaires inhalent actuellement insufflent au gouvernement fédéral le courage nécessaire pour renforcer ces politiques et s’assurer qu’elles soient assez contraignantes.

Les feux incontrôlés de juin 2023 s’apparentent en quelque sorte à la crise cardiaque d’un fumeur de 50 ans : arrêtons de prétendre que nos habitudes ne sont pas nocives pour la santé.

Dans un vieux mème des Simpson où Bart se plaint que c’est le « pire été de sa vie ». Homer le corrige en lui rappelant que c’est le « pire été de sa vie jusqu’à présent. » Instaurer des politiques climatiques rapidement n’aura pas un effet immédiat sur les feux incontrôlés dévastateurs au Canada. Mais en réduisant les émissions, on peut toutefois mettre un frein à cette situation, et empêcher d’autres gens de mourir d’une intoxication à la fumée et d’autres communautés de disparaître, soufflées par un incendie ou submergées par une inondation.

Faisons de l’été 2023 le pire été de notre vie, point final. Assurons-nous que la situation climatique n’empire pas.

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