Moderniser les ports du Canada : une entreprise tant économique qu’environnementale

Le gouvernement a l’occasion de tirer parti de ses investissements historiques dans les projets d’intérêt national et d’infrastructures portuaires pour ouvrir de nouvelles perspectives commerciales.

Cet article a précédemment été publié dans le National Newswatch.

Le Canada ayant la plus longue côte du monde, une zone économique exclusive de près de six millions de kilomètres carrés et le système fluvial des Grands Lacs et du Saint-Laurent, qui relie l’océan Atlantique au foyer industriel de l’Amérique du Nord, il n’est pas étonnant que la prospérité du pays ait toujours été liée à la mer, une force naturelle à ne pas négliger.

C’est d’ailleurs pourquoi la liste des projets d’intérêt national du gouvernement du Canada fait valoir l’importance des ports et des infrastructures maritimes pour l’économie et le commerce. On note parmi les principaux projets l’expansion du port de Montréal, de grands déploiements d’énergie éolienne en mer en Nouvelle-Écosse et l’amélioration des ports au Nord pour augmenter la capacité d’expédition dans le passage du Nord-Ouest.

Or la question est loin de se limiter à la capacité des ports et à l’exportation de combustibles fossiles. La prochaine annonce de projets nationaux, attendue sous peu, sera le moment ou jamais pour le gouvernement fédéral de démontrer qu’il comprend le lien de plus en plus capital entre l’électricité propre et la puissance économique.

Les ports font partie intégrante de la chaîne d’approvisionnement; ce sont eux qui relient les installations d’énergie éolienne en mer au réseau électrique, les industries aux voies d’expédition, et les différents réseaux ferroviaires et routiers entre eux. Des ports modernes et électrifiés favorisent l’investissement générationnel dans l’énergie propre en servant de carrefours pour l’énergie éolienne en mer, le stockage d’énergie, le commerce de carburants durables et le transport électrifié.

Les poids lourds de la scène géopolitique le comprennent bien. La Chine et l’Inde, notamment, se précipitent pour électrifier leurs ports afin d’appuyer une croissance économique et commerciale plus propre. Si le Canada espère pouvoir leur tenir tête, il doit leur emboîter le pas. Nos abondantes ressources éoliennes et solaires nous confèrent un avantage naturel dans la transition vers l’énergie propre; ne pas en profiter nous mettrait à la traîne et nous exposerait à des pénalités sur nos exportations.

Le secteur de l’expédition internationale s’apprête à se doter d’un système de pénalités pour l’expédition polluante et de récompenses pour les utilisateurs précoces des carburants carboneutres ou presque carboneutres, dont les dérivés de l’hydrogène vert. L’Organisation maritime internationale (OMI) espère ainsi réduire de manière importante l’intensité carbonique de l’expédition internationale, et même d’en faire un secteur carboneutre d’ici 2050. Des normes de propreté et un système de tarification mondiale des émissions maritimes devraient d’ailleurs voir le jour d’ici à peine deux ans. Le Global Maritime Forum estime que la demande de carburants dérivés de l’hydrogène (comme le e-méthanol ou le e-ammoniac) dépassera les 500 millions de tonnes d’ici 2040, ce qui créera des débouchés totalisant un billion de dollars ainsi que des centaines de milliers d’emplois verts.

Les ports et les entreprises d’expédition du Canada ont toutefois besoin d’aide pour s’approvisionner en carburants carboneutres et en énergies renouvelables. Autrement, les ports de renom de Vancouver, de Montréal et d’Halifax risquent de devenir la destination de choix pour les bateaux les plus polluants du monde.

Les investissements historiques du gouvernement dans les projets d’intérêt national et les infrastructures portuaires sont l’occasion d’aider les producteurs d’hydrogène et les promoteurs d’énergies renouvelables à tirer parti de la transition du marché. Pour faire concurrence à l’Union européenne et à la Chine, le Canada doit étendre ses relations commerciales sans augmenter ses émissions.

La population s’en remet au gouvernement fédéral pour équilibrer développement économique et action climatique. En incorporant aux investissements portuaires des carburants propres, l’électrification et des technologies marines propres, le Canada pourrait se démarquer au sein du G7 en tant qu’économie forte, nation océanique responsable et partenaire redoutable pour un avenir écoresponsable.

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