Crédit d'image: Cheng Feng Chiang

Aux grand maux, les grands remèdes

En ce Jour de la Terre, regardez autour de vous – les grandes ambitions foisonnent.

Cet article d’opinion a été publié à l’origine dans le Toronto Star.

On ne se mentira pas : la Terre est dans une mauvaise passe. Il est impossible d’ignorer les effets des changements climatiques qui, chaque année, semblent s’aggraver. Déployer des efforts soutenus à l’échelle mondiale pour réduire les émissions n’est pas une mince tâche.

Mais en dépit de ce pessimisme planétaire, j’ai bon espoir. Pourquoi?

La tâche n’est pas insurmontable.

Ce qui me donne énormément d’espoir est que, plutôt que de se laisser abattre par l’ampleur des problèmes, la collectivité mondiale a souvent — pas toujours, mais souvent — sérieusement intensifié l’ampleur des solutions.

Face à l’aggravation de la perte de biodiversité, 190 nations ont récemment convenu de protéger 30 % de la surface de la Terre d’ici 2030. Il s’agit d’une solution de taille et d’une remontée fulgurante de l’ambition. Après tout, il n’y a pas si longtemps, on estimait qu’un pourcentage de 12 % suffirait. Cet engagement international de protection de « 30 % des terres et des eaux d’ici 2030 » s’inscrit désormais dans les stratégies nationales et infranationales du monde entier.

Compte tenu de la crise climatique qui s’aggrave, l’engagement mondial de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 est un autre exemple d’un concept audacieux qui s’est rapidement implanté. En 2019, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à s’engager juridiquement en faveur de la carboneutralité (son objectif précédent était une réduction de 80 % des émissions d’ici 2050) et ce concept a depuis lors fait boule de neige. À ce jour, plus de 70 pays qui produisent 76 % des émissions mondiales et représentent 90 % du PIB mondial se sont officiellement engagés en faveur de la carboneutralité d’ici 2050. Le concept se répand à tous les échelons de gouvernement et à toutes les couches de la société, partout dans le monde.

L’objectif de carboneutralité d’ici 2050 comporte bien des éléments, dont beaucoup sont impressionnants en soi. Par exemple, un nombre croissant de pays, dont le Canada, s’engagent à mettre en place un système énergétique carboneutre. C’est en accélérant la transition énergétique grâce à une électricité à faibles émissions que de nombreux pays, dont le Canada, s’attaquent à ce problème particulier. Ici au Canada, la décarbonation de l’électricité fait baisser les niveaux d’émissions, comme le démontrent les données récentes du gouvernement fédéral.

Parmi les autres annonces récentes concernant l’environnement présentant un degré d’ambition qui était jusqu’à présent inimaginable, mentionnons l’investissement le plus important jamais consenti le mois dernier pour l’assainissement des Grands Lacs et, bien sûr, l’effort le plus important déployé à ce jour par les États-Unis pour limiter le réchauffement planétaire, à savoir l’importante loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act). Des dépenses de 391 milliards de dollars américains consacrées à l’énergie et au changement climatique? Voilà une solution de taille.

Bien sûr, le chemin est semé d’embûches — comme l’Europe qui a fait marche arrière en refusant de remanier son règlement sur les substances chimiques toxiques — et bien d’autres problèmes importants qui n’ont toujours pas de solution correspondante. Un exemple de problème à la recherche d’une solution est le danger croissant de la pollution par les plastiques, que des preuves scientifiques récentes désignent désormais comme un danger pour la santé humaine. Au mois de mai, les nations du monde entier se réuniront à Paris pour le deuxième cycle de négociations en vue d’un nouveau traité mondial destiné à résoudre la crise de la pollution par les plastiques. L’enjeu est important et rien n’est encore joué.

Il y a encore beaucoup à faire pour passer de la parole aux actes. Qu’il s’agisse du « 30 % d’ici 2030 » ou de la « carboneutralité d’ici 2050 », la tâche est lourde pour transformer les engagements en politiques et ensuite obtenir des résultats. Mais dans la résolution de tout problème d’envergure, le premier pas consiste à avoir le courage d’y associer une solution de plus grande envergure encore.

Et c’est précisément ce que fait le monde. Cela donne raison d’espérer et d’éprouver un certain optimisme pour le Jour de la Terre et pour l’avenir.

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