Voir grand : Les meilleures solutions climatiques font dans l’intégration

La complexité des défis à venir signifie que nous devons étendre nos solutions.

Difficile de trouver un défi plus imposant et plus complexe que celui de réussir la transition vers une économie sobre en carbone en cette ère de changements climatiques effrénés.

En effet, l’enjeu est de taille : les changements climatiques nuisent à notre santé et aux lieux que nous adorons, tandis que l’abandon progressif des combustibles fossiles promet d’ébranler nos vies et nos modes de subsistance. Pour bien s’adapter, il faudra transformer notre façon de concevoir l’infrastructure, d’utiliser nos réseaux énergétiques, de gérer nos transports et de bâtir nos communautés.

Pourtant, nous nous attardons trop souvent à une seule partie du problème ou de la solution, parce que c’est plus facile. Quant aux connaissances et aux données – la base même de toute bonne politique –, elles sont souvent dispersées entre les différentes disciplines. Cette façon de faire produit des solutions incomplètes.

Le temps est venu de voir plus grand, de se doter d’une stratégie d’élaboration des politiques climatiques intégrée. Cette stratégie doit tenir compte des causes et effets des changements climatiques tout en faisant en sorte que la vie demeure abordable, que les risques pour la santé soient réduits et que les communautés, l’infrastructure et l’économie canadiennes soient prêtes à affronter ce que l’avenir nous réserve.

La transformation suprême

Pensons, un instant, à la complexité et à l’envergure des défis qui nous guettent.

Pour éviter d’autres changements climatiques coûteux et potentiellement catastrophiques, il faut réduire en toute urgence les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour les pays riches comme le Canada, on parle d’une transition vers la cible de zéro émission nette d’ici 2050.

Mais la réduction des émissions n’est qu’une partie de la solution. La transition vers une économie sobre en carbone aura une incidence considérable sur les travailleurs canadiens, et plus particulièrement sur le type et le nombre d’emplois offerts. Les industries les plus intensives en émissions pourraient se retrouver devant de gros défis pendant que les industries moins polluantes seraient en pleine effervescence. Les nouveautés du côté des technologies et des systèmes énergétiques moduleraient aussi la manière dont les entreprises investissent et dont les administrations locales conçoivent et construisent leurs systèmes de transport.

Parallèlement, les conséquences physiques des changements climatiques mettent en péril notre santé et notre bien-être. Même si nous parvenons à réduire les émissions mondiales, il est attendu que les phénomènes météorologiques extrêmes continueront d’être plus fréquents et plus dévastateurs.

L’intégration, un impératif

Quoique redoutables, les défis qui nous attendent ne sont pas insurmontables. Dans bien des cas, le Canada dispose déjà des outils qu’il lui faut pour réussir. D’ailleurs, tous les ordres de gouvernement ont déjà pris certaines mesures. Et des centaines, peut-être même des milliers de Canadiens travaillent sans relâche à la recherche et aux politiques climatiques.

On ne part pas de zéro (loin de là!), mais on peut certainement faire mieux.

Vu l’envergure et la complexité de l’enjeu, la recherche climatique est souvent fragmentée et cloisonnée – et c’est bien malgré elle. Chaque discipline utilise ses propres méthodes et son propre jargon sans prendre l’habitude de communiquer avec les autres. Dans certains cas, d’importants liens entre économistes, scientifiques, ingénieurs, fonctionnaires et spécialistes des sciences sociales demeurent inexploités ou, pire encore, sont inexistants. Dans d’autres cas, les belles avancées politiques sont mal communiquées aux autres gouvernements.

La stratégie de recherche climatique actuelle a amené bien des réussites. Mais il est temps d’aller plus loin, parce que la création et l’innovation sont à leur comble lorsque travaillent ensemble des gens de tous horizons et de toutes opinions.

De la parole aux actes

L’intégration… plus facile à dire qu’à faire. Il s’agit de mettre au premier plan l’engagement, le dialogue et la communication. Il s’agit aussi de voir les problèmes et les solutions d’un œil complètement nouveau, de reconnaître les zones d’ombre et de corriger le tir pour encourager encore plus d’audace et d’inclusivité.

L’intégration, c’est le fondement même de l’Institut climatique du Canada. Les changements climatiques, nous les étudions selon une approche vaste et systématique, et cela nous permet de reconnaître qu’ils touchent presque chaque facette de la vie des Canadiens et que leurs répercussions sont complexes et dynamiques. Nous travaillons aussi à rétablir, à l’échelle du pays, les liens entre penseurs, idées et solutions. Notre but est de faire naître des conversations difficiles, mais essentielles.

En matière de changements climatiques, l’intégration de la recherche et de l’élaboration de politiques n’est pas une mince affaire. Mais c’est un passage obligé si nous voulons offrir à la population canadienne un avenir sobre en carbone et synonyme de résilience et de prospérité.

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