L’adaptation aux changements climatiques part des collectivités. Ainsi, ce sont ces dernières et leurs caractéristiques – leur climat, leurs rapports sociaux, leur culture et leurs connaissances – qui doivent éclairer l’élaboration des politiques visant à réduire la vulnérabilité aux changements climatiques. Cependant, la collaboration à l’échelle nationale ne doit pas pour autant être négligée; c’est exactement ce principe que l’on a pu voir à l’œuvre lors de la conférence Adaptation Canada 2020, qui a réuni la semaine dernière 700 professionnels, chercheurs et décideurs s’intéressant à l’adaptation.
Tenue à Vancouver, Adaptation Canada 2020 proposait des discussions sur une multitude de sujets allant des projets communautaires de sécurité alimentaire aux leçons concernant la divulgation des risques financiers. Véritable catalyseur de l’échange de connaissances, la conférence a également ouvert une fenêtre sur les sujets de l’heure qui alimentent les conversations et les débats dans les hôtels de ville et les bureaux d’un océan à l’autre.
Voici quatre grandes tendances qui sont ressorties lors de la conférence et qui donnent une idée des développements à venir en matière de politiques d’adaptation.
1. Évaluation des risques
Depuis que les vérificateurs gouvernementaux ont affirmé, en 2016, que les gouvernements devaient radicalement accélérer leurs démarches d’adaptation, les évaluations des risques constituent le volet le plus important des efforts d’adaptation menés au Canada. Et si ces vérifications n’avaient pas suffisamment motivé à agir, Infrastructure Canada a commencé, à la fin 2018, à exiger que les grands projets d’infrastructure financés par le fédéral intègrent une évaluation des risques climatiques conforme à l’Optique des changements climatiques. Ce type d’évaluation peut aider les gouvernements à cerner les conséquences potentielles les plus graves des changements climatiques, comme l’a fait la Colombie-Britannique dans son évaluation stratégique préliminaire des risques climatiques. En outre, ces évaluations permettent de traduire les répercussions des changements climatiques en termes et en valeurs que comprennent les professionnels de la finance, de la sécurité publique et de la gestion d’actifs.
Il n’en demeure pas moins que les évaluations des risques ne suffisent pas à changer la situation; elles doivent mener à la prise de mesures concrètes. Et il est temps que les gouvernements passent à l’action. Malgré leur utilité pour cerner les risques les plus importants, les évaluations à elles seules ne permettent pas d’en déterminer les causes fondamentales ni de définir des solutions efficaces. À Adaptation Canada, l’évaluation des risques a beaucoup retenu l’attention, mais les participants ont aussi discuté des façons d’aller plus loin et d’élaborer des politiques fondées sur des données probantes qui traitent les points vulnérables à l’origine des risques.
À surveiller : Les gouvernements passeront de l’évaluation des risques à l’élaboration de plans et de politiques d’adaptation.
2. De nombreuses façons de savoir
En raison de divers facteurs, comme l’emplacement géographique, la discrimination vécue par le passé, les barrières juridiques et institutionnelles et les caractéristiques socioéconomiques, les conséquences des changements climatiques sont disproportionnées pour les peuples autochtones. Par exemple, les Autochtones vivant en région éloignée sont susceptibles d’être les plus durement touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les feux de forêt, les inondations et les marées de tempête.
Les peuples autochtones sont des acteurs de premier plan de la lutte contre les changements climatiques : leurs connaissances, leur expérience et leur leadership sont essentiels aux efforts d’adaptation à l’échelle nationale. Adaptation Canada 2020 a mis de l’avant des présentations éloquentes sur des projets d’adaptation menés par les Autochtones, lesquelles ont fait ressortir l’importance d’une véritable collaboration avec les communautés autochtones ainsi que la valeur des savoirs traditionnels et des façons ancestrales de transmettre ces savoirs pour la prise de décisions en matière d’adaptation.
À surveiller : Les gouvernements et les autres décideurs apprendront à tenir compte des savoirs issus de systèmes de connaissances non occidentaux.
3. Solutions tirées de la nature
Plusieurs acteurs du pays mènent actuellement d’excellents travaux visant à maximiser l’utilisation des actifs naturels et des solutions tirées de la nature pour réduire les risques climatiques. Les actifs naturels tels que les milieux humides, les forêts, les bandes de protection riveraine et les toits verts peuvent en effet servir tant à l’adaptation aux changements climatiques qu’à leur atténuation. En comparaison des autres mesures de réduction des risques telles que les infrastructures d’ingénierie pour le contrôle des inondations ou l’utilisation accrue de la climatisation, le recours aux actifs naturels peut s’avérer moins coûteux et générer de nombreux bienfaits sociaux et écologiques, y compris la réduction ou la compensation des émissions de GES.
Cependant, bien que les actifs naturels représentent des solutions prometteuses et aisément à notre portée, il ne faut pas oublier que celles-ci ne pourront pas répondre à tous les besoins en matière d’adaptation et d’atténuation. Pour produire les meilleurs résultats, elles devront être combinées à des solutions d’ingénierie.
À surveiller : Plus de solutions tirées de la nature, bientôt dans une ville ou une région près de chez vous.
4. Des politiques centrées sur les gens
L’adaptation vise à protéger les personnes et les collectivités et à améliorer leur bien-être. Toutefois, il arrive que dans le feu de la discussion, les spécialistes glissent trop loin dans la théorie; ils se mettent à convertir les vies et les pertes en montants d’argent, et s’attardent à la protection des infrastructures plutôt que des personnes qu’elles servent. En tant que professionnels, nous devons toujours garder en tête les amis, familles et voisins à qui notre travail est censé bénéficier.
Adaptation Canada 2020 a donné l’occasion d’entendre parler directement des défis que rencontrent de nombreuses collectivités relativement aux changements climatiques ainsi que des solutions qu’elles ont adoptées. Il est essentiel de regrouper et de faire connaître ces expériences d’adaptation locales de partout au Canada; c’est ainsi que nous arriverons à comprendre la portée des conséquences des changements climatiques auxquelles nous devons faire face et la façon dont une connaissance approfondie du contexte peut donner lieu à des solutions novatrices. Ces exemples locaux fournissent de précieuses données qui sont tirées directement de l’expérience des gens et des collectivités.
À surveiller : Les grands ordres de gouvernement se baseront sur les expériences locales pour élaborer des politiques et des programmes nationaux et provinciaux solides.