FICHE DE RENSEIGNEMENTS: Changements climatiques et feux de forêt

Vu l’accélération des changements climatiques, attribuable en grande partie aux combustibles fossiles, les feux de forêt sont plus importants, intenses et fréquents que jamais (Atlas climatique du Canada, s.d.). Le Canada, où se trouvent plus du quart des forêts boréales du monde entier, se réchauffe deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale (Gouvernement du Canada, 2019), ce qui signifie qu’il est frappé de plein fouet par les répercussions du réchauffement de la planète. En 2023, le pays a connu la saison de feux incontrôlés la plus destructrice de son histoire, avec 16,5 millions d’hectares brûlés, soit plus du double du record précédent et près de sept fois la moyenne historique (Ressources naturelles Canada, 2024). 

Selon nos recherches, les gouvernements doivent, pour assurer la sécurité de la population canadienne, agir à la fois défensivement et offensivement, c’est-à-dire protéger les gens et les écosystèmes tout en accélérant l’abandon des combustibles fossiles afin de limiter le réchauffement climatique (Sawyer et coll., 2022).

Les changements climatiques exacerbent les feux de forêt

  • Bien que les feux de forêt soient des perturbations naturelles qui contribuent à la santé et au renouvellement de nombreux écosystèmes forestiers (Conseil canadien des ministres des forêts, 2019), en raison du réchauffement climatique, ils sont de plus en plus intenses et incontrôlables, et donc encore plus destructeurs.
  • Les feux de forêt sont de plus en plus fréquents au Canada (Hanes et coll., 2018). En 2023, la superficie brûlée atteignait plus de six fois la moyenne historique (Centre interservices des feux de forêt du Canada, 2024).
  • En 2023, les changements climatiques ont plus que doublé la probabilité de conditions extrêmes propices aux feux incontrôlés dans l’Est canadien (World Weather Attribution, 2023). 
  • En raison de la surchauffe climatique, les étés sont de plus en plus chauds et venteux au Canada, ce qui donne lieu à des précipitations plus erratiques, notamment une diminution de la quantité de pluie estivale dans certaines régions (Bush et Lemmen, 2019; Gifford et coll., 2022). 
  • La saison des feux de forêt commence plus tôt, dure plus longtemps et est plus difficile à contrôler (Atlas climatique du Canada, s.d.; Ressources naturelles Canada, 2024b; Ressources naturelles Canada, 2022). Des feux zombies couvent maintenant même durant l’hiver (Shingler, 2024).
  • La foudre devient un phénomène plus fréquent à mesure que le climat se réchauffe (McKabe, 2023). En 2023, les feux déclenchés par la foudre ont été responsables de 93 % de la superficie brûlée au Canada, comparativement à seulement 7 % pour ceux d’origine humaine (Jain et coll., 2024).
  • Un risque accru de feux incontrôlés signifie que les feux – quelle qu’en soit la cause – se déclenchent, se répandent et deviennent hors de contrôle beaucoup plus facilement.

Les feux de forêt nuisent à la santé et au bien-être de la population

  • La fumée des feux de forêt peut voyager sur des milliers de kilomètres (NASA Earth Observatory, 2015), forçant ainsi des fermetures d’écoles et entraînant une série de perturbations qui menacent la santé de millions de personnes (Lin, 2023), particulièrement les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des problèmes cardiaques ou pulmonaires. 
  • Les feux de forêt ardents libèrent une dangereuse quantité de particules dans l’air, associées à un risque accru de maladies cardiaques et cardiovasculaires, et de cancer du poumon et du cerveau (Egyed et coll., 2022; Korsiak et coll. 2022).
  • Cette épaisse fumée exerce une forte pression sur le système de santé canadien. On estime qu’en juin 2023, la fumée dégagée après une seule semaine de feux de forêt aurait coûté plus de 1,2 milliard de dollars à l’Ontario (Sawyer et coll., 2023) en raison d’effets sur la santé : décès prématurés, hausse des visites à l’hôpital, urgences médicales, etc.
  • La mauvaise qualité de l’air attribuable à la fumée frappe durement les personnes les plus vulnérables (Gouvernement du Canada, 2022). Les répercussions sont particulièrement importantes pour certains groupes, comme les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes qui travaillent à l’extérieur.
  • La fumée issue des feux de forêt, qui se multiplient et s’aggravent, exacerbe les symptômes d’asthme dans l’Ouest canadien (Matz et coll., 2020), sans compter les répercussions importantes sur la santé mentale des incendies et des inondations attribuables au climat (Belleville et coll., 2019).
  • Les feux incontrôlés peuvent détruire des résidences et des communautés entières, dévaster les écosystèmes fragiles et menacer la sécurité économique. Ces conséquences sont liées à des troubles de stress post-traumatique, à la dépression, à des troubles d’anxiété, voire à des pensées suicidaires (Hayes et coll., 2022).

L’effet de l’exacerbation des feux de forêt sur le coût de la vie

  • Les feux de forêt peuvent détruire des biens, des maisons et des communautés entières, ce qui fait grimper les coûts des assurances et le coût de la vie (Gerety, 2024; Vaillant, 2024). 
  • Depuis les années 1970, on note une hausse d’environ 150 millions de dollars par décennie des coûts liés à la protection contre les feux de forêt (Gouvernement du Canada, 2024). Pour six des dix dernières années, ils ont dépassé le milliard de dollars.
  • En 2016, les feux incontrôlés de Fort McMurray, en Alberta, auraient coûté 9 milliards de dollars en effets directs et indirects sur les plans matériel, financier, environnemental et de la santé (Alam et coll., 2019). Ils ont en outre donné lieu à la plus importante opération d’évacuation de l’histoire du Canada, avec plus de 2 400 structures détruites et 85 000 personnes déplacées.
  • Les feux incontrôlés ont des répercussions dans des secteurs essentiels de l’économie, dont le secteur forestier, un des plus importants employeurs du Canada (Lindsay et Pelai, 2024). Ils peuvent perturber les activités de foresterie et diminuer les stocks de bois, ce qui se répercute sur les travailleurs et les communautés qui en dépendent. En 2017, lors des grands feux en Colombie-Britannique, près d’une quarantaine de sociétés forestières ont dû cesser temporairement leurs activités (ministère de l’Environnement et de la Stratégie en matière de changements climatiques, 2019).
  • Le cumul des répercussions du réchauffement de la planète – dont les feux incontrôlés de plus en plus importants et fréquents – fait augmenter le coût de la vie au Canada en raison des pertes d’emploi, du ralentissement économique et de la hausse des impôts nécessaire pour couvrir la reprise suivant les catastrophes et la réparation des infrastructures. Entre 2015 et 2025 seulement, le fardeau additionnel des changements climatiques coûtera à lui seul 700 $ par année pour un ménage moyen, et ce montant ne fera qu’augmenter (Sawyer et coll., 2022).

Les gouvernements peuvent agir pour protéger les communautés et freiner le réchauffement

  • Les scientifiques préviennent que les conséquences des changements climatiques ne feront que s’aggraver à mesure qu’augmentera la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère (GIEC, 2022). Les gouvernements du monde entier, y compris les nôtres, doivent prendre des mesures immédiates pour réduire ces émissions et freiner le réchauffement climatique.
  • Les répercussions des changements climatiques se faisant déjà sentir et étant appelées à s’aggraver, il importe que les communautés et les gouvernements collaborent dès maintenant pour s’adapter et se préparer au risque accru d’incendies.
  • Les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent favoriser la résilience face aux feux de forêt en limitant les aménagements dans les zones à risque élevé, en renforçant les codes et règlements relatifs au bâtiment (par exemple, l’utilisation de matériaux résistants au feu) et en améliorant la gestion de la forêt et de la végétation, notamment par le brûlage dirigé et d’autres mesures visant à réduire la quantité de combustible susceptible d’alimenter les feux à proximité des communautés à risque (Bénichou et coll., 2021).
  • Les programmes Intelli-feu de l’Alberta et de la Colombie-Britannique sont des exemples d’initiatives qui aident les communautés et les personnes à réduire les risques d’incendie (FireSmart Alberta, 2024; FireSmart B.C., 2024).

Les peuples autochtones touchés de façon disproportionnée et à l’avant-scène des solutions

  • De tout temps, les communautés autochtones au Canada ont utilisé les feux contrôlés comme pratique traditionnelle pour gérer le territoire. En soutenant cette pratique culturelle de brûlage, on peut réduire le risque de feux incontrôlés (BC Wildfire Service, 2022).
  • Au Canada, 80 % des communautés majoritairement autochtones se situent dans des régions sujettes aux incendies (Asfaw et coll., 2019).
  • Plus de 42 % des évacuations attribuables à un feu incontrôlé ont eu lieu dans des communautés majoritairement autochtones (Webber et Berger, 2023).
  • Entre 1980 et 2021, au Canada, 16 communautés (Christianson et coll., 2024) ont été évacuées au moins cinq fois; seules deux d’entre elles n’étaient pas des réserves autochtones.

Ressources

Experts disponibles pour commenter et contextualiser le sujet :

  • Ryan Ness – Directeur, Adaptation à l’Institut climatique du Canada et chercheur principal pour la série Les coûts des changements climatiques de l’Institut (heure de l’Est, en anglais et en français)
  • Sarah Miller – Chargée de recherche en adaptation à l’Institut climatique du Canada (heure du Pacifique, en anglais)

Demande de renseignements ou d’entrevue avec un expert :

Claudine Brulé

Spécialiste des communications et des relations avec les médias
cbrule@institutclimatique.ca
514 358-8525

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