La première Stratégie Nationale d’Adaptation constitue un pas important vers un Canada plus sûr et plus résilient

Alors que les catastrophes plus fréquentes alimentées par les changements climatiques privent l’économie canadienne de milliards de dollars et font grimper les coûts pour les ménages, une coordination nationale plus forte en matière d’adaptation proactive est essentielle, selon les experts.

OTTAWA, le 24 novembre 2022 – La première Stratégie Nationale d’Adaptation du Canada et le premier Plan d’Action fédéral en matière d’adaptation, publiés aujourd’hui, représentent un pas important vers une réponse plus coordonnée et plus efficace aux effets dévastateurs des changements climatiques à l’échelle du pays.

Pour qu’une Stratégie Nationale d’Adaptation permette de sauver des vies et de réduire les coûts, elle doit à la fois définir la bonne direction et être mise en œuvre efficacement. Dans le rapport Combler le retard du Canada en adaptation : Éléments clés d’une stratégie nationale d’adaptation, les experts de l’Institut climatique du Canada identifient quatre éléments clés qui rendraient une telle stratégie solide et efficace. Elle devrait :  

  • Fixer des objectifs et des priorités d’adaptation nationale en fonction des risques ; 
  • Identifier les priorités politiques immédiates et réalisables à court terme ; 
  • Définir des processus de gouvernance clairs pour améliorer l’efficacité et la coordination ; et 
  • créer un cadre solide pour mesurer les progrès et renforcer la responsabilité.

La stratégie et le plan d’action publiés aujourd’hui répondent, en tout ou en partie, à chacun de ces éléments. La Stratégie définit des buts et des objectifs à long terme pour l’adaptation aux changements climatiques au Canada dans cinq domaines clés. Quant au Plan d’action, il énumère de nouvelles mesures et de nouveaux investissements importants que le gouvernement fédéral s’engage à faire pour stimuler les progrès dans ces domaines, en plus de réitérer les investissements existants qui seront maintenus. La Stratégie engage également le gouvernement fédéral à coordonner la mise en œuvre avec les autres ordres de gouvernements et propose des résultats spécifiques en fonction desquels les progrès seront mesurés.

Il y a également plusieurs éléments qui gagneraient à être clarifiés et améliorés. Des détails supplémentaires sont nécessaires concernant la façon dont les objectifs et les priorités de la Stratégie répondent aux plus grands risques climatiques du Canada. Les processus et les responsabilités en matière de coordination de mise en œuvre, de suivi des progrès et de mise à jour régulière de la stratégie et des plans d’action manquent actuellement de clarté. Il y a aussi plusieurs autres leviers que le gouvernement fédéral peut utiliser pour faire avancer l’adaptation au climat au-delà de ceux décrits dans le Plan d’Action.

L’Institut climatique du Canada publiera une analyse détaillée de la Stratégie Nationale d’Adaptation dans les semaines à venir. Nous évaluerons dans quelle mesure la stratégie prépare le Canada à un climat changeant et nous ferons des recommandations pour améliorer la stratégie et sa mise en œuvre au fur et à mesure qu’elle sera finalisée. 

Citations

“De l’ouragan Fiona dans l’Est aux rivières atmosphériques, dômes de chaleur et incendies dans l’Ouest, les changements climatiques sont déjà là. Une Stratégie Nationale d’Adaptation crédible et coordonnée aidera les gouvernements de tout le Canada à prioriser les mesures qui protégeront les Canadiens de ses pires impacts. Cette stratégie constitue une étape majeure vers un Canada plus sûr et plus résilient – il est maintenant temps de régler les détails et de se mettre au travail. Des vies et des moyens de subsistance sont en jeu.” 

-Ryan Ness, Directeur de la recherche sur l’adaptation, Institut climatique du Canada

“Les changements climatiques rendent déjà la vie plus chère et plus dangereuse. Réduire la vulnérabilité des Canadiens à l’aggravation des impacts climatiques est essentiel pour protéger notre santé, notre sécurité et notre prospérité. Chaque dollar investi dans l’adaptation peut permettre d’économiser 13 à 15 dollars à terme – nous ne pouvons pas nous permettre de tarder à rendre nos communautés plus sûres et plus résilientes.” 

-Sarah Miller, associée de recherche sur l’adaptation, Institut climatique du Canada.

“Les dommages causés par les changements climatiques coûtent au Canada des milliards de dollars par an. Cette nouvelle stratégie nous donne une chance de stopper l’hémorragie. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour que cette stratégie donne lieu à des progrès significatifs, sa mise en œuvre aidera le Canada à se préparer aux menaces qui l’attendent.”

-Rick Smith, président de l’Institut climatique du Canada.

Faits saillants

Les mesures d’adaptation n’ont que trop tardé : les dommages résultant des changements climatiques constituent déjà un frein important à la croissance économique et un fardeau financier majeur pour les ménages canadiens, selon le récent rapport de l’Institut intitulé Limiter les dégâts : Réduire les coûts des impacts climatiques pour le Canada. Voici les conclusions de notre recherche : 

  • Les changements climatiques font déjà grimper le coût de la vie au Canada. D’ici 2025, la situation du ménage canadien moyen pourrait se détériorer de 700 $ par année en raison des seuls facteurs liés aux changements climatiques. 
  • L’Alberta, la province la plus exposée aux catastrophes météorologiques, pourrait accuser des pertes de PIB de 2 890 $ par personne dans un scénario d’émissions modérées ou de 3 920 $ par personne dans un scénario d’émissions élevées d’ici le milieu du siècle.
  • Si les investissements en adaptation sont insuffisants, tous les ménages verront leurs revenus diminuer en raison des impacts climatiques, et les ménages à faible revenu seront les plus touchés – ceux-ci perdront entre 12 % de leurs revenus dans un scénario à faibles émissions et 19 % dans un scénario à fortes émissions d’ici la fin du siècle. 
  • D’ici 2025, le Canada subira des pertes de 25 milliards de dollars en raison du réchauffement observé depuis 2015, par rapport à un scénario de climat stable.
  • En 2055, ces dommages pourraient atteindre 100 milliards de dollars et faire disparaître un demi-million d’emplois. 
  • Tous ces dommages ne représentent que la “pointe de l’iceberg” en ce qui concerne les dommages climatiques auxquels l’économie et la société canadiennes sont susceptibles d’être confrontées. Sous la surface, de nombreux risques ne peuvent pas encore être modélisés avec précision.
  • Des mesures d’adaptation proactives peuvent réduire de moitié les coûts liés au climat, et lorsqu’elles sont combinées avec des réductions d’émissions mondiales, c’est le trois quarts des coûts qui sont évités. 
  • L’adaptation offre un important retour sur investissement, produisant des avantages économiques de 13 à 15 dollars pour chaque dollar dépensé grâce aux coûts directs et indirects évités. 

Contact

Pour de plus amples informations ou pour organiser un entretien avec l’un de nos experts, veuillez contacter : 

Julien Bourque

jbourque@institutclimatique.ca

(514) 292-9005

Contexte 

Au cours des dernières années, les collectivités canadiennes ont été durement touchées par les effets dévastateurs du réchauffement climatique : 

  • L’ouragan Fiona a été l’événement météorologique extrême le plus coûteux jamais enregistré au Canada atlantique, selon le Bureau d’Assurance du Canada, entraînant des indemnités d’assurance de 660 millions de dollars (sans compter les dommages supplémentaires non couverts par l’assurance). 
  • L’année dernière, des pluies torrentielles record ont submergé Vancouver, perturbant pendant des mois les 550 millions de dollars de marchandises qui transitent quotidiennement par le plus important port du pays. 
  • Les propriétaires canadiens ont dépensé 42 % de plus pour leurs primes d’assurance habitation au cours de la dernière décennie, en raison des dommages causés aux propriétés par les changements climatiques. Les propriétaires de l’Alberta, qui est particulièrement vulnérable aux feux de forêt, ont connu une augmentation de 140 %. 
  • Les changements climatiques sont également en partie responsables de l’augmentation du prix des denrées alimentaires. L’année dernière, les conditions météorologiques extrêmes ont entraîné une hausse de 28 % du prix des denrées alimentaires dans le monde. 
  • Trois des six plus importantes demandes d’aide en cas de catastrophe présentées par le gouvernement fédéral provenaient de la Colombie-Britannique en 2021 : 3,5 milliards de dollars pour les inondations de novembre, 960 millions de dollars pour les inondations du printemps et 420 millions de dollars pour les feux de forêt.

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