OTTAWA – Une nouvelle étude démontre que les plus grands moteurs de réduction des émissions au Canada risquent de devenir considérablement moins efficaces si les gouvernements n’en revoient pas leur conception.
Selon la recherche menée dans le cadre de 440 mégatonnes, un projet de l’Institut climatique du Canada, l’amélioration des systèmes de tarification du carbone industriel, aussi connus sous le nom de systèmes d’échanges pour les grands émetteurs, pourrait doubler leur incidence sur les émissions. Si rien ne bouge, le Canada pourrait passer à côté d’une réduction d’émissions supplémentaire de 18 à 48 mégatonnes en 2030, soit jusqu’à l’équivalent du trois quarts des émissions totales de la Colombie-Britannique.
Les systèmes d’échanges pour les grands émetteurs sont d’importants outils de réduction des émissions pour les secteurs tributaires du commerce, qui aident aussi à protéger leur compétitivité économique et à éviter les tarifs douaniers sur le carbone. Divers systèmes ont été mis en place dans les provinces et territoires : dans chacun de ces systèmes, les entreprises les plus performantes génèrent des crédits qu’elles peuvent vendre, et les moins performantes sont encouragées à réduire leurs émissions afin d’éviter de devoir les payer.
440 mégatonnes a collaboré avec Navius Research pour modéliser les réductions d’émissions des systèmes d’échanges pour les grands émetteurs en fonction des politiques actuelles et annoncées. Les résultats démontrent que l’état actuel des systèmes peut décourager les entreprises de réduire leurs émissions, principalement en raison de problèmes avec le fonctionnement des marchés de crédits.
Les gouvernements peuvent aborder ces problèmes en imposant des normes de rendement plus strictes à l’égard des émissions, en réduisant le chevauchement entre les systèmes d’échanges et les autres politiques climatiques, et en améliorant la transparence et le fonctionnement des marchés de crédits.
À moins que des changements ne soient apportés aux politiques provinciales et fédérales, une tarification du carbone industriel affaiblie par un marché de crédit saturé éloignerait le Canada de ses cibles d’émissions en abaissant les réductions projetées à seulement 32 ou 33 pour cent sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, comparativement à 36 pour cent si les problèmes étaient réglés.
Renforcer la mise en place des systèmes pourrait aider à combler cet écart et à assurer un progrès continu vers l’objectif de 2030, tout en préservant la compétitivité des secteurs. Les travaux précédents de 440 mégatonnes ont déjà démontré que ces systèmes contribuaient à la compétitivité des entreprises et ont des coûts de conformité faibles.
CITATIONS
« La tarification du carbone industriel pourrait réduire considérablement les émissions au Canada tout en préservant la compétitivité des secteurs, mais seulement si le système fonctionne comme prévu. Cela est encore plus important lorsqu’on considère qu’un nombre grandissant des grands partenaires commerciaux du Canada instaurent les tarifs douaniers sur le carbone. Les gouvernements ont les moyens de régler ce problème; ils n’ont qu’à ouvrir leur boîte à outils et à se mettre au travail. »
– Dave Sawyer, économiste principal, Institut climatique du Canada
« La tarification du carbone industriel est le plus grand moteur de réduction des émissions au Canada, mais seulement si elle est bien conçue. La mosaïque de systèmes présente au pays doit être surveillée et ajustée pour assurer d’importantes réductions d’émissions et aider à protéger la compétitivité des secteurs canadiens. »
– Dale Beugin, vice-président exécutif, Institut climatique du Canada
Ressources
- Document d’information aux médias | Systèmes d’échanges pour les grands émetteurs et de tarification du carbone au Canada
- Analyse de 440 mégatonnes | Une nouvelle étude fait valoir la modernisation de la tarification du carbone industriel
- Analyse de 440 mégatonnes | Une nouvelle analyse montre que la tarification du carbone industriel du Canada protège la compétitivité et la profitabilité
- Analyse de 440 mégatonnes | Quelles politiques climatiques canadiennes auront le plus d’influence d’ici 2030?
PERSONNE-RESSOURCE
Claudine Brulé (heure de l’Est)
Spécialiste des communications et des relations avec les médias
Institut climatique du Canada
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