Le Canada est en voie d’atteindre 85 à 90 % de sa cible pour 2030, selon une évaluation indépendante

La réduction dépendra de la vitesse de mise en application des politiques prévues, disent les spécialistes

OTTAWA – Dans sa nouvelle évaluation indépendante du Rapport d’étape 2023 sur le Plan de réduction des émissions du gouvernement canadien, l’Institut climatique du Canada montre que le pays a fait de belles avancées pour réduire ses émissions, mais qu’il lui faudra encore accélérer le rythme et la cadence s’il veut atteindre sa cible pour 2030.

Les politiques actuelles portent fruit – le Canada est en voie d’atteindre 85 à 90 % de ses cibles d’émissions 2030. L’évaluation de l’Institut comprend des modélisations qui montrent que les émissions seraient plus élevées de 7 % aujourd’hui, et de 41 % en 2030, n’eût été les mesures climatiques appliquées au pays depuis 2015 par tous les ordres de gouvernement.

Le Canada fait aussi des avancées substantielles dans la mise en œuvre des politiques. Depuis le lancement du plan national d’action climatique en mars 2022, plusieurs politiques majeures ont soit pris effet, soit bien progressé vers leur entrée en vigueur, notamment le Règlement sur les combustibles propres, la nouvelle tarification du carbone, le projet de règlement sur l’électricité propre et le plafond proposé pour les émissions pétrogazières.

En dépit de ces signes de progrès, le Canada risque de rater sa cible de 2030 s’il ne prend pas d’autres mesures. Même avec l’application et le resserrement des politiques actuellement en place comme de celles encore sur la table, on s’attend à ce qu’en 2023, les émissions arrivent de 34 à 36 % sous les niveaux de 2005, ce qui est en deçà de la cible nationale de 40 %. L’analyse montre aussi qu’en 2026, les émissions auront fléchi de 19 % par rapport à 2005 pour rater de peu l’objectif intermédiaire du gouvernement de 20 %.

Pour combler l’écart, l’évaluation recommande que tous les ordres de gouvernement, y compris les provinces et territoires, mettent rapidement en œuvre les politiques encore en attente, renforcent celles en vigueur et introduisent de nouvelles mesures.

Parmi les grandes priorités établies plus tôt par l’Institut comme nécessitant une action rapide, notons le renforcement des systèmes d’échanges de crédits par les grands émetteurs, la mise en œuvre de la nouvelle mouture du Règlement sur l’électricité propre, la fixation d’un plafond d’émissions pétrogazières robuste, et l’accélération de l’adoption des solutions tirées de la nature. De plus, le fait de lancer rapidement la future Stratégie canadienne pour les bâtiments verts du fédéral pourrait contribuer à freiner les émissions croissantes dans le secteur du bâtiment. L’évaluation indépendante identifie des options supplémentaires pour renforcer les politiques existantes et en ajouter de nouvelles pour combler les écarts attendus.

L’Institut climatique a par ailleurs établi que le rapport d’étape du fédéral améliorait la transparence et la responsabilisation relativement aux projections et à l’application des politiques au Canada, même s’il reste toujours place à l’amélioration. Les prochains rapports devraient traiter plus en détail de l’avancement des politiques, notamment en présentant les prochaines étapes de la mise en œuvre et une évaluation des résultats obtenus par les politiques implantées. Le gouvernement devrait aussi assurer un suivi – dans le rapport lui-même ou en parallèle ‑ au moyen d’indicateurs de progression plus nombreux et plus précis, comme le déploiement de la technologie, la construction d’infrastructures et les investissements réalisés.

CITATIONS

« Les efforts de réduction des émissions ont permis de bonnes avancées, et le pays entier doit maintenant poursuivre sur cette lancée en mettant en œuvre les politiques rigoureuses prévues. Nous ne pouvons nous permettre de nouveaux délais ou retours en arrière. L’idéal, c’est que les provinces et territoires coopèrent, entre eux et avec le fédéral, dans l’atteinte des cibles. »

– Dave Sawyer, économiste principal, Institut climatique du Canada

« L’action climatique n’est pas un test qu’on peut réussir ou auquel on peut échouer; chaque mégatonne d’émissions en moins compte. C’est encourageant de voir des politiques efficaces faire réduire significativement nos émissions, et de savoir que cet effet se poursuivra. Toutefois, 2030 est à nos portes; les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral doivent finir de mettre au point leurs politiques, renforcer celles déjà en place et adopter de nouvelles mesures pour atteindre nos cibles. »

– Anna Kanduth, directrice de l’initiative 440 mégatonnes

Ressources

PERSONNE-RESSOURCE

Catharine Tunnacliffe
Directrice, Communications
Institut climatique du Canada
(226) 212-9883
ctunnacliffe@institutclimatique.ca

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