Glasgow, Écosse. – Vu la complexité des enjeux, c’est sans surprise que la conférence climatique des Nations Unies à Glasgow, la COP26, suscite des réactions multiples et diverses.
Voici la mienne : je suis agréablement surpris de son succès!
Quelle que soit la question de politique publique, le plus important, c’est l’élan qui la porte. C’est ce qui la propulse en tête des priorités, fait naître chez les gens et les décideurs un espoir de progrès et rassemble les intérêts divergents autour d’un processus de changement.
Après une semaine d’annonces sur différentes questions, de l’élimination progressive du charbon à la multiplication des promesses de carboneutralité au privé, en passant par l’ajout de zones protégées, les initiatives de lutte contre les changements climatiques ont décidément le vent dans les voiles.
Mais ce qui caractérise cette COP, c’est qu’elle donne lieu à des plans concrets. Au cours de la dernière semaine, des feuilles de route bien réelles ont vu le jour, traçant le chemin qu’emprunteront les nations pour atteindre les objectifs fixés il y a déjà longtemps.
Ces plans réservent désormais une place centrale à d’importants domaines visés par les politiques auparavant oubliés dans le débat sur la lutte contre les changements climatiques.
Par exemple, on a annoncé cette semaine que l’Union européenne et les États-Unis avaient conclu un accord de coopération pour « réaliser la décarbonisation des industries de l’acier et de l’aluminium à l’échelle mondiale », notamment par l’application de tarifs douaniers spécifiques – ce qui fait désormais de la politique sur les changements climatiques une politique commerciale.
On a également fait l’annonce d’un partenariat de plusieurs milliards de dollars entre les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Union européenne pour aider financièrement l’Afrique du Sud à accélérer l’élimination de ses centrales au charbon – ce qui fait désormais de la politique sur les changements climatiques une politique d’aide étrangère.
C’est sans compter qu’une nouvelle coalition internationale, composée des plus grandes entreprises de la finance dans le monde, a amassé 130 billions de dollars américains (oui, billion!) en investissements privés pour contribuer à l’atteinte des cibles de carboneutralité d’ici 2050 – ce qui fait désormais de la politique sur les changements climatiques une politique économique.
À la suite de ces nouvelles initiatives détaillées, l’Agence internationale de l’énergie a rapidement pu calculer cette semaine que, si tous les nouveaux engagements sont concrétisés, nous pourrions limiter le réchauffement à 1,8 °C, une première sous les 2 °C et une progression vers la cible convenue de 1,5 °C.
Le « si » revêt ici une importance capitale, car peu importe les accords passés à Glasgow, les pays ne peuvent contribuer à la lutte que par leur propre législation; c’est donc la prochaine étape à franchir une fois la COP26 terminée à la fin de la semaine.
À Glasgow, le Canada a fait figure de force positive, lançant de nombreuses initiatives utiles et concluant maints partenariats importants. Chez nous, tout est en place pour un progrès rapide. Ce chapitre que nous entamons, celui de la planification et de la concrétisation des efforts de réduction des émissions de carbone, pourrait s’avérer le plus intensif de l’histoire du pays. Le gouvernement que nous avons réélu a un plan détaillé de lutte contre les changements climatiques, et ses nouveaux ministres ont l’expérience et la volonté pour faire avancer le dossier. Nous avons d’ailleurs une loi fédérale sur la carboneutralité relativement nouvelle obligeant le gouvernement fédéral à présenter son premier plan national de réduction des émissions de carbone pour 2030 d’ici la fin de décembre 2021. Cette loi définit clairement ce que doit contenir le plan :
« […] la cible d’émissions de gaz à effet de serre pour l’année à laquelle le plan se rapporte, une description des principales mesures de réduction des émissions que le gouvernement du Canada entend prendre pour atteindre sa cible d’émissions de gaz à effet de serre, une description de toute stratégie sectorielle pertinente, et une description des stratégies de réduction des émissions pour les activités du gouvernement fédéral. »
Après une semaine à Glasgow, une chose est pour moi plus claire que jamais : la transition vers la sobriété en carbone gagne en importance et en vitesse. Terminé l’époque où, après un soubresaut d’activités à la conférence de l’ONU, tout le monde rentrait chez soi et plus personne ou presque n’en entendait parler. Maintenant que la communauté des affaires a clairement établi qu’elle devait s’attaquer aux changements climatiques pour continuer de prospérer, on voit du progrès partout, quel que soit le contexte politique ou le parti au pouvoir.
La COP26 nous a donné la preuve indéniable que la réduction des émissions de carbone est désormais un impératif politique et économique – et il était temps!
Initialement publié par Corporate Knights