Crédit d'image: Des panneaux sont placés le long de l'autoroute 99 pour informer les conducteurs des conditions routières causées par l'incendie de forêt de Dryden Creek, au nord de Squamish, C.-B., le mercredi 11 juin 2025. THE CANADIAN PRESS/Tijana Martin

Les feux incontrôlés qui ravagent le Canada appellent à la résilience

Construisons la résilience dont la population canadienne a besoin et mérite.

Les feux incontrôlés dévastent encore une fois de vastes régions de notre pays – Prairies, Colombie-Britannique et Nord de l’Ontario – ce qui a forcé l’évacuation de milliers de personnes. Les enfants sont transportés en lieu sûr par autobus. Même à des centaines de kilomètres, la fumée étouffe des villes et villages. Les dirigeants locaux travaillent sans relâche pour fournir des abris, mobiliser les services d’urgence et rallier leurs communautés malgré les perturbations et la peur.

Ces feux incontrôlés ne sont pas des événements isolés; ils suivent une tendance inquiétante de multiplication des catastrophes climatiques. Ce qui semblait autrefois inusité est désormais la norme. Et même si les communautés font preuve d’une force remarquable, les systèmes censés les soutenir sont mis à rude épreuve.

L’urgence climatique est à nos portes : à nous de relever le défi. La capacité de nos gouvernements et de nos institutions à gérer les risques croissants et à protéger la population canadienne est mise à rude épreuve. Nous devons aussi composer avec des difficultés économiques de plus en plus importantes, puisque les coûts de l’inaction augmentent partout au pays.

Les gouvernements municipaux et autochtones sont souvent aux premières lignes des urgences et des répercussions climatiques. Les dirigeants et le personnel locaux jouent un rôle essentiel dans l’intervention en cas de crise et le rétablissement, mais leurs capacités sont souvent limitées, notamment dans les petites communautés rurales, nordiques ou autochtones qui sont généralement touchées de manière disproportionnée par les feux incontrôlés. Ces contraintes peuvent retarder les interventions, compliquer la coordination et alourdir la charge de travail du personnel, déjà surchargé.

Les municipalités possèdent et exploitent environ 60 % des infrastructures publiques au Canada, dont une grande partie est conçue pour un climat stable. À mesure que la fréquence et la gravité des répercussions climatiques augmentent, elles doivent faire face à des coûts croissants non seulement pour réparer et entretenir les routes, les ponts, les égouts et les bâtiments publics, mais aussi pour les moderniser afin qu’ils résistent aux nouveaux risques. Les services d’urgence débordés, combinés à des infrastructures vulnérables, font en sorte qu’il est plus difficile pour les collectivités de protéger leur population contre les changements climatiques et de se remettre des catastrophes.

Nous ne pouvons pas nous permettre de rester en mode réactif chaque fois qu’une catastrophe survient simplement parce que nous n’avons pas accordé la priorité à la réduction proactive des risques et à la résilience. Nous devons changer notre mentalité, mais aussi l’ampleur de nos actions.

Nous devons commencer par mettre en œuvre l’entièreté de la Stratégie nationale d’adaptation du Canada en veillant à aider les collectivités de toutes tailles. La semaine dernière, le commissaire à l’environnement et au développement durable a relevé à juste titre la nécessité d’une mise en œuvre plus rapide et d’une meilleure coordination intergouvernementale. 

Dans cet esprit, les gouvernements doivent travailler ensemble, plus rapidement et plus efficacement, à faire construire les nouveaux projets loin des zones vulnérables, à moderniser les infrastructures essentielles pour les adapter aux futures conditions climatiques et à fournir aux localités et à leur population des renseignements clairs et précis sur les risques. Nous devons moderniser l’aide financière en cas de catastrophe afin de donner la priorité à la préparation, et non seulement à l’intervention. Le Canada doit également adopter une approche nationale et sociétale pour améliorer la coordination de la préparation, de l’intervention et du rétablissement en cas de catastrophe.

La question de l’adaptation au climat n’est pas qu’accessoire : elle est essentielle à la sécurité économique du Canada. Lorsque des incendies coupent des voies d’approvisionnement ou que des inondations mettent hors service des réseaux électriques, les conséquences se répercutent sur l’ensemble des provinces et des secteurs. La perturbation des chaînes d’approvisionnement, la hausse des coûts d’assurance et le déplacement des travailleurs sont en voie de devenir un risque économique national.

Heureusement, les solutions sont claires et économiques. Une étude de l’Institut climatique du Canada a montré que chaque dollar investi dans des mesures d’adaptation peut générer jusqu’à 15 $ en coûts évités et en retombées économiques. Les codes du bâtiment à l’épreuve des changements climatiques, les infrastructures basées sur la nature, les systèmes d’alerte précoce et la cartographie des risques locaux sont des outils éprouvés pour réduire la vulnérabilité et les dommages. Ce qu’il manque, c’est le sens de l’urgence et la coordination.

Les gouvernements locaux font preuve de leadership face à l’augmentation des risques climatiques en prenant des décisions cruciales sous pression et en innovant pour combler les lacunes. Les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et autochtones jouent également un rôle important en assurant la coordination durant les urgences et en finançant l’adaptation et la préparation. Cela dit, nos efforts collectifs doivent être mieux harmonisés et mieux adaptés aux besoins locaux, et s’inscrire dans une stratégie nationale cohérente pour le développement de la résilience. Nous avons besoin des bons outils, des bonnes politiques, des bonnes ressources et des bons modes de financement, et nous devons les utiliser pour renforcer la résilience de manière proactive et réagir efficacement en cas de catastrophe.

En cette période de crise, n’attendons pas la prochaine catastrophe. Ensemble, faisons preuve de résilience; la population canadienne en a besoin et le mérite.

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