Cet article a précédemment été publié dans La Presse.
La nouvelle année est le moment de repenser nos façons de faire et pour 2025, souhaitons que le Québec ne cède pas devant des pressions politiques, et adopte les meilleures politiques possibles pour prévenir les inondations coûteuses qui seront plus fréquentes et plus intenses en raison des changements climatiques. Les bénéfices de mesures solides dépasseront largement les coûts.
De 1985 à 2015, le nombre de bâtiments se trouvant dans des zones à risques élevés et très élevés a augmenté de 66 % au Québec, selon une étude publiée dans Nature. On peut se demander si les lourds dommages causés par les inondations dévastatrices de Charlevoix en 2023, Gatineau et la Beauce en 2019, ainsi que de lors d’autres sinistres semblables, auraient pu être évités si Québec n’avait pas autorisé si longtemps la construction dans les zones à risque.
Le gouvernement provincial a revu et publié une ébauche des nouvelles cartes inondables et d’une nouvelle réglementation sur la construction dans ces endroits à risque. Il s’est attiré la grogne de certaines municipalités, de promoteurs immobiliers et de propriétaires qui craignent une baisse de la valeur de propriétés ainsi que des répercussions sur les assurances ou les hypothèques. Les propositions mises sur la table par Québec seront bénéfiques non seulement pour la sécurité des Québécois, mais aussi pour leurs portefeuilles.
Les recherches à venir de l’Institut climatique estiment les pertes potentielles annuelles de 70 à 210 millions de dollars si le statu quo perdure.
Les maires et mairesses de la grande région de Montréal ont exprimé l’inquiétude de leurs concitoyens relativement à la perte de la valeur de plusieurs propriétés qui se retrouveront dans les zones nouvellement identifiées comme à risque par la province. Une étude québécoise évalue une perte de 4% de la valeur d’une maison en zone inondable comparativement à celles hors de cette zone. Mais une résidence inondée perdrait de 8 à 25% de sa valeur après un sinistre. Les maisons en zone à très haut risque subiront probablement des dommages de plusieurs centaines de milliers de dollars dans les prochains 25 ans. La plupart d’entre elles ne peuvent déjà plus obtenir d’assurances contre les inondations et dépendent donc de l’aide financière des gouvernements. Au bout du compte, ce sont tous les citoyens qui paient la facture.
Des cartes à jour et accessibles n’auront vraisemblablement pas d’incidence majeure sur l’accès à l’assurance ou à des prêts hypothécaires pour les propriétaires, puisque les assureurs et institutions financières ont déjà en main des cartes achetées d’experts dans le domaine. Cela voudrait surtout dire plus de transparence pour le grand public et plus d’informations qui permettront aux gouvernements provincial et locaux d’adopter aux bons endroits des mesures d’atténuation des risques, comme la construction de digues.
C’est une mince fraction des habitations qui se trouveront dans les nouvelles cartes des zones inondables. Pour atténuer l’impact, on peut investir dans des infrastructures de protection ou accorder des appuis financiers pour rendre les bâtiments plus résistants à la montée des eaux. Si ces solutions s’avèrent trop coûteuses ou inefficaces, le gouvernement pourrait envisager d’indemniser les propriétaires pour qu’ils se déplacent en zones plus sécuritaires.
Il est profitable pour tous les Québécois que le gouvernement aille de l’avant avec les nouvelles politiques sur les résidences en zones à risque d’inondations en 2025. Des cartes précises, accessibles et des politiques robustes permettront des économies considérables pour la province, à un moment où les changements climatiques augmentent fortement la fréquence et l’intensité des inondations.