Le Canada se réchauffe, et les changements climatiques amènent des températures jamais vues. Les étés commencent plus tôt et battent chaque année les records du précédent. Cette situation amène non seulement des nuits et des jours plus chauds, mais aussi des conséquences dispendieuses, voire mortelles pour la population, les collectivités et l’économie.
Nous vivons dans un pays nordique dominé par le froid sur la majeure partie de son territoire – et de son année –, mais il est maintenant temps de nous préparer à la chaleur extrême.
Les dangers de la chaleur extrême
La chaleur extrême peut avoir des répercussions graves sur la santé, particulièrement chez les groupes les plus vulnérables : les personnes âgées, les personnes vivant seules ou à faible revenu, et les personnes aux prises avec des maladies chroniques ou des problèmes de santé mentale. Selon des études internationales, les températures extrêmes seraient responsables de cinq millions de décès par an. En 2021, la vague de chaleur en Colombie-Britannique, d’une durée de six jours, a causé la mort de 619 personnes, dont 93 % n’avaient pas d’air conditionné fonctionnel à la maison.
S’adapter à la chaleur extrême
Les espaces intérieurs de rafraîchissement avec des thermopompes ou des climatiseurs sont très efficaces.
Il est possible de mettre en place des politiques pour garantir l’accès à un conditionnement de l’air efficace et abordable. Par exemple, dès 2025, la Ville de Vancouver obligera les promoteurs à installer des systèmes de refroidissement mécanique dans toute nouvelle maison plurifamiliale. La Ville d’Hamilton, elle, travaille à un règlement qui protégera les locataires de la chaleur extrême en obligeant les propriétaires à maintenir une température sécuritaire dans les logements. De leur côté, Washington et l’Oregon offrent aux populations vulnérables ou à faible revenu des programmes de prêts pour l’installation de systèmes de refroidissement mécanique.
Verdir les villes
Les initiatives de verdissement urbain comme les toits végétalisés et la plantation d’arbres contribuent aussi à protéger la population en refroidissant les maisons et les lieux de travail et en créant des zones d’ombre à l’extérieur. Bien que ces investissements prennent parfois du temps à se rentabiliser, le verdissement urbain et le refroidissement mécanique réduisent les effets de la chaleur extrême sur la santé et l’économie. Dans les basses-terres continentales de la Colombie-Britannique, ces deux mesures d’adaptation pourraient réduire de 30 % les coûts des hospitalisations liées à la chaleur d’ici le milieu du siècle.
Sensibilisation des employeurs et des travailleurs
Peu de secteurs économiques seront épargnés par la chaleur extrême. Plusieurs ne sont pas prêts à affronter ce phénomène, surtout dans les régions moins habituées aux conséquences de la chaleur. La définition de normes professionnelles tenant compte de la température et prévoyant des interventions rapides pour le travail à l’intérieur et à l’extérieur permettrait de protéger la main-d’œuvre et de réduire au minimum les pertes économiques dues aux interruptions. En Californie, les milieux de travail à l’extérieur doivent se doter de plans de prévention des maladies liées à la chaleur et former le personnel en conséquence. L’État travaille aussi à des directives similaires pour le travail à l’intérieur. En Europe, les avis de chaleur publics s’accompagnent de recommandations pour les employés à risque d’exposition à la chaleur. Et en Colombie-Britannique, le gouvernement offre des ressources publiques sur les façons de se protéger pendant une vague de chaleur.
Le fait d’aviser plus rapidement la population des chaleurs à venir peut également contribuer à la protéger et à réduire les conséquences. Actuellement, Environnement et Changement climatique Canada n’émet ses avis qu’une ou deux journées à l’avance. Or, ailleurs dans le monde (États-Unis, Europe, Australie), les avis sont diffusés plusieurs jours d’avance. Cela donne plus de temps aux premiers répondants, aux hôpitaux, aux citoyens et aux employeurs pour se préparer.
Enfin, les employeurs peuvent modifier les horaires en période de chaleur extrême pour éviter de faire travailler le personnel aux moments les plus chauds. Par exemple, pendant la vague de chaleur en Colombie-Britannique, les fruitiers avaient décalé la période de récolte après minuit pour protéger à la fois les travailleurs et la productivité du travail. Cette façon de procéder pourrait éviter à la province des pertes de PIB de 4 millions de dollars par an d’ici les années 2030.
Conclusion
La chaleur extrême n’est pas une menace distante. Elle est déjà bien présente et exerce des pressions majeures sur la population, les collectivités et l’économie. Sans compter son effet domino sur les feux incontrôlés et les sécheresses, et conséquemment sur les systèmes et réserves alimentaires ainsi que sur le personnel, les systèmes et les ressources de santé. Nous devons nous adapter avant la prochaine vague de chaleur. La sûreté, le bien-être et la prospérité de la population canadienne en dépendent d’un océan à l’autre.