Résumé
Partout au Canada, la santé des gens est façonnée par leur situation économique et sociale.
Dans les prochaines années, elle dépendra aussi des répercussions des changements climatiques, par exemple le réchauffement planétaire et l’augmentation de la pollution atmosphérique et des dangers associés au climat.
Les politiques d’adaptation aux changements climatiques passent souvent à côté d’une notion essentielle : les répercussions de ces changements ne sont pas équitables, et la majorité des risques sont causés par la société, et non par l’environnement lui-même.
Pour mettre au point des politiques climatiques plus solides et équitables, il importe que les décideurs comprennent l’effet combiné des répercussions climatiques, du racisme environnemental et des déterminants structurels de la santé sur le bien-être et la santé des gens, et surtout des membres de groupes racisés et marginalisés, qu’il s’agisse de communautés autochtones, noires ou autres.
La présente étude de cas révèle le lien entre, d’une part, les déterminants structurels de la santé et, d’autre part, la vulnérabilité aux changements climatiques et le racisme environnemental dans deux communautés de la Nouvelle-Écosse : les Afro-Néo-Écossais et les Mi’kmaqs.
Introduction
Dans les prochaines années, les changements climatiques auront de plus en plus de conséquences sur la santé de la population canadienne. Pour réduire ces effets – dont les communautés commencent déjà à faire les frais –, nous devons nous doter de politiques d’adaptation fondées sur des données probantes. Les politiques en vigueur ne sont cependant pas toujours aussi rigoureuses ni étayées qu’on pourrait le souhaiter.
Au Canada, ces politiques font généralement l’impasse sur deux concepts importants. D’abord, les conséquences des changements climatiques ne sont pas équitables, parce que la plupart des risques sont attribuables à la société et non à la nature. Ensuite, les principaux déterminants de la santé découlent de facteurs structurels comme l’origine ethnique, le statut (réfugié ou immigrant), la pauvreté, l’éducation, la sécurité alimentaire et l’accès à de l’eau, à un air et à un sol sains.
Pour créer des politiques climatiques solides et accroître notre résilience, il est essentiel de réfléchir à la manière dont les déterminants de la santé, les répercussions climatiques et le racisme environnemental interagissent et influencent la santé et le bien-être.
À partir d’écrits et d’études de cas provenant des recherches et des activités de représentation auxquelles j’ai participé dans les neuf dernières années avec les communautés mi’kmaqs et afro-néo-écossaises, je présenterai ici certains des déterminants structurels de la santé pour lesquels il est le plus urgent d’agir pour ces groupes.
Les communautés dont il est ici question ne représentent qu’un échantillon d’une réalité marquée par le racisme, les iniquités sanitaires et les conséquences des changements climatiques, une réalité que l’on observera non seulement ailleurs en Nouvelle-Écosse, mais aussi au Canada. Les récits et les constats de ces communautés nous aident à comprendre les relations entre les changements climatiques et les iniquités raciales et socioéconomiques.
Influence des déterminants structurels de la santé sur la sensibilité aux changements climatiques
On emploie de plus en plus le terme « déterminants structurels de la santé » pour désigner les conditions sociales, économiques, politiques et environnementales favorisant les maladies (De Leeuw, Lindsay et Greenwood, 2015; Waldron, 2018a, 2019). Ce concept s’apparente à celui des « déterminants sociaux de la santé », qui fait référence au lien entre la santé d’une personne et ses conditions matérielles, par exemple sa situation de vie ou de travail (Davidson, 2015). L’adoption d’un cadre de référence axé sur le caractère structurel des déterminants exige cependant une vision systémique. Les conditions matérielles influençant la santé sont enracinées dans des systèmes qui sont hors du contrôle des gens (politiques économiques et sociales, système judiciaire, etc.) et qui discriminent depuis longtemps les populations racisées et marginalisées (De Leeuw, Lindsay et Greenwood, 2015; Waldron, 2018a, 2019). Par exemple, plusieurs éléments participent aux disparités sanitaires persistantes distinguant les Afro-Néo-Écossais du reste de la population, notamment le manque d’accès aux soins médicaux dans les communautés afro-néo-écossaises rurales jusqu’à la fin des années 1930, la transmission de maladies héritées des premiers colons africains et la discrimination raciale remontant à l’époque de l’esclavage en Nouvelle-Écosse.
« Un revenu, ça équivaut à la santé. Je remarque que, souvent, les personnes qui vivent dans la pauvreté ne sont pas en mesure de bien manger ou d’acheter des médicaments. Ça arrive beaucoup aux aînés de notre communauté. Si aucun emploi n’est disponible, comment les gens vont-ils se nourrir? Comment vont-ils subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille? Comment peuvent-ils rester en bonne santé s’ils ne peuvent acheter leurs médicaments? Cette situation entraîne des sentiments dépressifs, de l’anxiété et du stress. Le stress, c’est perturbant, et ça peut tuer les gens. »
Pour une étude menée récemment, un membre de la communauté afro-néo-écossaise de Lincolnville a expliqué le rapport entre la santé, la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’emploi et l’accès aux services de santé (Waldron, 2016).
Le revenu et l’emploi sont d’importants déterminants structurels de la santé puisqu’ils influencent l’accès à un logement, à des aliments et à des soins de santé appropriés. On observe dans les communautés mi’kmaqs et afro-néo-écossaises davantage d’instabilité du revenu et des taux de pauvreté plus élevés. Frank et Saulnier (2017) signalent que les taux de pauvreté tendent à être plus hauts dans les communautés à prédominance afro-néo-écossaise, notamment dans East et North Preston où, respectivement, 38,9 % et 40 % des familles vivent dans la pauvreté. Dans le recensement de 2006, le taux de chômage chez les Mi’kmaqs vivant sur une réserve était de 24,6 %, comparativement à 9,1 % dans l’ensemble de la population néo-écossaise (Office des affaires autochtones, s.d.; Statistique Canada, 2011; Waldron, 2018a.)
La pénalisation et la discrimination dans le système judiciaire font aussi partie des conditions sociales et économiques influençant la santé. En 2014 et 2015, environ 12 % des jeunes placés en établissement de détention pour la jeunesse et 7 % des adultes incarcérés étaient mi’kmaqs, bien que ce groupe ne représente qu’environ 4 % de la population générale (Luck, 2016). Un rapport sur les interpellations publié par Wortley en 2019 a révélé que les Afro-Néo-Écossais étaient six fois plus à risque d’être arrêtés par la police que les personnes blanches (Wortley, 2019). Les taux de pénalisation supérieurs, qui sont alimentés par des préjugés racistes, font en sorte qu’à toutes les étapes du système de justice pénale, les personnes racisées subissent du racisme et de la violence. Au Canada, on observe davantage de problèmes de santé chez les détenus pour de nombreux marqueurs, notamment les troubles de l’humeur, les maladies transmissibles et la mortalité, particulièrement par suicide (Kouyoumdjian et coll., 2016).
L’éducation est fortement corrélée à la sécurité d’emploi et du revenu et, donc, à la capacité d’une personne à accéder aux ressources favorisant la santé et le bien-être, par exemple la sécurité alimentaire et du logement. Les Mi’kmaqs et les Afro-Néo-Écossais ont moins de chances que les autres Néo-Écossais de terminer leurs études secondaires ou d’aller à l’université. Parmi les Afro-Néo-Écossais de 25 à 64 ans, 77,7 % ont obtenu un certificat ou un diplôme, tandis que cette proportion est de 85,3 % dans la population de la Nouvelle-Écosse (Affaires afro-néo-écossaises, s.d.). Quelque 12 % des Mi’kmaqs de 25 à 64 ans sont titulaires d’un diplôme universitaire, tandis que cette proportion est de 20 % dans la population générale (Office des affaires autochtones, s.d.; Statistique Canada, 2011).
On reconnaît par ailleurs de plus en plus que le stress et les traumatismes associés au racisme affectent le bien-être et la santé des personnes racisées, même en l’absence d’autres facteurs de risque (McGibbon, Waldron et Jackson, 2013). L’Association canadienne de santé publique signale que le racisme systémique, même s’il est subtil, nuit à tous les aspects de la vie. Il est associé à une moins bonne santé dans ces communautés, notamment en ce qui concerne l’hypertension, le taux de naissance de bébés de poids insuffisant, les cardiopathies, le diabète et la santé mentale (ACSP, 2018).
Dans beaucoup de populations racisées et marginalisées, les iniquités structurelles comme la pauvreté et la discrimination contribuent à la détérioration de l’état de santé global, ce qui les rend plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques.
Influence des déterminants structurels sur l’exposition aux dangers climatiques
Au Canada et ailleurs, les communautés marginalisées – qu’elles soient autochtones, noires ou autres – sont plus exposées aux conséquences des changements climatiques (Simmons, 2020). Elles sont en effet plus susceptibles d’habiter des endroits où l’air est impur et où l’eau est contaminée par des usines polluantes, et courent plus de risques d’être touchées par des catastrophes climatiques attribuables, par exemple, à la hausse du niveau des mers ou à des tempêtes violentes, des inondations ou des vagues de chaleur intenses (Organisation des Nations Unies, 2019).
Le concept de racisme environnemental illustre bien le caractère inégal des répercussions de ces dangers. Selon cette idée, en raison de politiques inéquitables et injustes issues d’un racisme et d’un colonialisme historiques et persistants, les communautés marginalisées et racisées sont surreprésentées dans les milieux de vie pollués, contaminés ou touchés par les effets des changements climatiques (Konsmo et Kahealani, 2015; Pulido, 1996). Souvent, ces groupes n’ont pas non plus le pouvoir politique nécessaire pour s’opposer à l’établissement d’usines polluantes dans leur milieu, puisque leurs membres sont exclus de beaucoup des groupes environnementaux et des conseils d’administration, commissions ou organismes de réglementation qui prennent les décisions (Cryderman et coll., 2016; Deacon et Baxter, 2013; Scott, Rakowski, Harris et Dixon, 2015; Waldron, 2018a; Waldron, 2018b).
Les études épidémiologiques associent de plus en plus certaines des maladies (cancers, problèmes de santé reproductive, maladies de la peau, etc.) observées dans les communautés racisées – autochtones, noires ou autres – à leur surexposition à des polluants, à des contaminants et aux dangers climatiques. Dans le cadre du ENRICH Project, mon équipe de recherche a créé une carte recensant les sources de pollution industrielle et d’autres dangers environnementaux menaçant les communautés mi’kmaqs et afro-néo-écossaises de la Nouvelle-Écosse. On y situe les incinérateurs de déchets, décharges, centrales thermiques et usines de pâtes à papier ainsi que les zones contaminées par des matières nocives pour la santé qui sont à proximité de leurs territoires.
Exposition et sensibilité : une boucle de rétroaction
Il existe un lien important entre les déterminants structurels de la santé et le racisme environnemental. Ces deux facteurs concourent effectivement à accroître l’exposition et la sensibilité des communautés racisées et marginalisées aux conséquences des changements climatiques.
À cause de l’héritage laissé par le racisme et la colonisation, beaucoup de ces communautés font face à des iniquités sanitaires persistantes qui les rendent plus sensibles aux conséquences climatiques. En raison du racisme environnemental, bon nombre de ces groupes seront par ailleurs plus exposés à des dangers climatiques potentiellement nocifs.
En réfléchissant à la manière dont les iniquités sanitaires structurelles et le racisme environnemental alimentent cette corrélation, on pourra se doter de politiques climatiques plus solides et plus équitables.
Dans les prochaines sections, nous analyserons certains des principaux déterminants structurels de la santé découlant d’iniquités sociales, économiques, politiques et environnementales qui touchent les communautés mi’kmaqs et afro-néo-écossaises.
Déterminants structurels de la santé dans les communautés mi’kmaqs
Les Mi’kmaqs, ou L’nu, sont les premiers habitants du Mi’kma’ki (que l’on appelle aujourd’hui la Nouvelle-Écosse). Ils s’y sont établis il y a plus de 11 000 ans (Sipekne’katik, s.d. a). Leur territoire va des provinces maritimes à la péninsule gaspésienne, au Québec (Sipekne’katik, s.d. a). Ce peuple compte 13 bandes, ou Premières Nations, qui ont chacune leur chef et leur conseil. Les plus grands des 13 groupes établis en Nouvelle-Écosse sont la nation Eskasoni, avec 4 314 membres, et la nation Sipekne’katik, avec 2 554 membres (Affaires autochtones et du Nord Canada, 2014; Sipekne’katik, s.d. b).
Les iniquités associées à diverses structures sociales (éducation, emploi, justice pénale, environnement, etc.) entraînent des problèmes de santé physique et mentale chez les Mi’kmaqs de la Nouvelle-Écosse et dans les communautés autochtones du Canada.
Les politiques d’urbanisme et d’aménagement ont fait en sorte que les communautés mi’kmaqs sont surexposées aux sources de pollution industrielle et à divers dangers environnementaux. En Nouvelle-Écosse, ces populations ont été victimes de racisme environnemental à plusieurs reprises. En voici quelques exemples.
Sydney, cap Breton
Les étangs de goudron de Sydney, un dépôt de déchets dangereux situé sur l’île du Cap-Breton, ont contribué à déclencher les premières préoccupations concernant les injustices environnementales au Canada. Les Mi’kmaqs avaient l’habitude de chasser aux abords du ruisseau Muggah et de pêcher dans son estuaire, là où l’eau se jette dans le port de Sydney. De 1901 à 1988, la Sydney Steel Corporation a exploité dans la région – et sans contrôle environnemental – une aciérie, aujourd’hui fermée. Plus d’un million de tonnes de particules ont été libérées, et plusieurs milliers de tonnes de goudron de houille ont été déversées dans l’estuaire durant cette période. Certains de ces produits chimiques sont des carcinogènes connus (Lambert, Guyn et Lane, 2006); à cause de ces rejets, le taux de cancer mesuré chez les résidents de Sydney et des environs dépasse de 45 % la moyenne néo-écossaise. Il s’agit du plus haut taux au Canada (Nickerson, 1999).
La Sydney Steel Corporation a généré des quantités considérables de déchets toxiques, mais peu d’argent a été investi pour moderniser les installations ou répondre aux préoccupations des travailleurs quant à leur santé et leur sécurité (Campbell, 2002). En 1974, Environnement Canada a révélé que la pollution atmosphérique issue des opérations de cokage était de 2 800 à 6 000 % supérieure aux normes nationales (Barlow et May, 2000). Comme l’a démontré Campbell (2002), au fil des ans, on a vu plusieurs tentatives de réhabilitation de cet ancien site industriel. En 1980, après la découverte par le ministère fédéral des Pêches et des Océans des niveaux élevés de substances chimiques cancérogènes et de métaux toxiques (comme le mercure, le cadmium et l’arsenic) chez les homards du port de Sydney, on a établi la nécessité d’atténuer les risques environnementaux posés par la production d’acier à Sydney (Campbell, 2002).
En mai 2004, les gouvernements du Canada et de la Nouvelle-Écosse ont annoncé le versement d’une somme de 400 millions de dollars sur dix ans pour réhabiliter les étangs de goudron de Sydney et réduire les risques pour l’écologie et la santé humaine (Walker, 2014). La décontamination s’est terminée en 2013 avec la création du parc Open Hearth, situé sur le terrain où se dressait auparavant l’aciérie (Morgan, 2015).
Première Nation de Pictou Landing
Boat Harbour, un estuaire tranquille situé à proximité de la Première Nation de Pictou Landing, a été propice à la chasse et à la pêche jusqu’en 1967, où, en vertu d’une entente provinciale, une installation de traitement des effluents de la Northern Pulp située en amont a commencé à y rejeter des sous-produits de la fabrication de pâtes et papiers (Idle No More, 2014; Thomas-Muller, 2014; Waldron, 2018a). Le déversement de milliards de litres d’effluents non traités et de divers contaminants industriels dans Boat Harbour a entraîné d’importants coûts écologiques et sanitaires. Parmi les régions sociosanitaires du Canada, celle de Boat Harbour se range au troisième rang pour le taux de cancer par personne (Mirabelli et Wing, 2006; Soskolne et Sieswerda, 2010). D’autres études ont révélé un lien probable entre cette usine et la grande prévalence de maladies respiratoires à Pictou Landing (Reid, 1989). On peut aussi en partie associer à la pollution générée pendant des années par la fabrication de pâte kraft blanchie l’incidence et l’abondance d’une multitude d’autres problèmes de santé (saignements nasaux, cancers, etc.) (Reid, 1989).
Première Nation de Sipekne’katik
La Première Nation de Sipekne’katik, qui vit dans le comté de Hants, près de Shubenacadie en Nouvelle-Écosse, s’oppose actuellement à la création par Alton Natural Gas Storage d’une installation de stockage de gaz naturel et d’une canalisation d’évacuation de saumure à proximité de la rivière Shubenacadie (Hubley, 2016; Waldron, 2018a, 2021). Cette canalisation rendrait possible l’entreposage de gaz naturel dans des cavernes de sel souterraines situées en bordure de la rivière Shubenacadie. Or, on a constaté aux États-Unis un haut taux de défaillance pour les projets de stockage de gaz naturel liquéfié dans des cavernes de sel, et on les juge dangereux en raison des risques d’explosion, de fuite et de dégagement de gaz comme du méthane (Howe, 2016; Hubley, 2016).
À l’automne 2014, le promoteur entreprend le projet, rapidement bloqué par l’opposition grandissante des résidents. Après l’obtention par Alton Gas d’approbations environnementales du gouvernement provincial pour plusieurs demandes de permis, le projet reprend en janvier 2016 (Nouvelle-Écosse, 2016; Waldron, 2018a, 2021). Au fil de l’année 2016, l’opposition au projet s’intensifie. Les membres de la Première Nation de Sipekne’katik soutiennent qu’ils n’ont pas été consultés adéquatement, qu’ils n’ont pas donné leur permission à la reprise du projet, qu’ils n’ont pas eu le temps d’examiner les propositions ni d’évaluer les répercussions environnementales, et qu’ils n’ont pas été informés suffisamment à l’avance (voire pas du tout) de la tenue d’audiences publiques où ils auraient pu exprimer leurs inquiétudes avant la reprise du projet (Howe, 2016; Hubley, 2016). En mars 2020, un juge de la Nouvelle-Écosse invalide l’approbation du projet et ordonné à Alton Gas de poursuivre ses échanges avec la Première Nation (Grant, 2020).
Parallèlement à ce dossier, cette communauté s’inquiète depuis longtemps de la contamination de son eau. Les membres de la nation avaient accès à de l’eau saine jusqu’en 2012, où la nappe phréatique a été contaminée par du creusage à la carrière de sable et de gravier de la Nouvelle-Écosse, située à proximité. Lors d’une rencontre que j’ai organisée en 2014 (Waldron, 2014), des résidents ont parlé des méthodes dangereuses sur le plan environnemental employées par cette entreprise pour dégager et nettoyer le sable. Il a notamment été question de creusage jusqu’à la nappe phréatique qui alimentait cette communauté, une opération qui a entraîné des déversements vers leurs installations et la contamination de grands réservoirs d’eau. Les habitants ont reçu un avis d’interdiction de consommer l’eau avant que le ministère des Affaires autochtones ne se charge d’en livrer. Quoi qu’il en soit, comme on ne s’est pas attaqué à la racine du problème – le fait que la carrière est située tout près du territoire de cette nation –, les problèmes de contamination de l’eau perdurent (Donovan, 2015; Waldron, 2014).
Première Nation d’Acadia
La Première Nation d’Acadia vit dans le comté de Yarmouth, (sud-ouest de la Nouvelle-Écosse). Durant une rencontre que j’ai organisée en 2013, les membres de la nation se sont dits inquiets des risques sanitaires posés par le parc à ferraille qui est situé dans leur communauté :
« Notre communauté, notre réserve, est bâtie sur une décharge. Quand on a commencé à creuser pour ameublir le sol, pour pouvoir mettre de l’engrais ou autre chose, on a trouvé des pièces de voitures. J’en ai appris un peu plus sur cette histoire. Quand la bande a acheté ce territoire, le terrain était contaminé. Je ne sais pas combien ils ont payé à l’époque, probablement trois quarts de million de dollars, je ne sais pas… Mais peu importe, le territoire qu’a acheté la bande servait de cimetière de voitures. Là où sont construites les maisons, il y avait des centaines de voitures » (Waldron, 2014; Waldron, 2018a).
On a utilisé ce terrain comme parc à ferraille automobile pendant plus de 60 ans. Il s’agit d’une source d’anxiété pour les résidents, qui y associent les hauts taux de cancer constatés dans leur communauté (Waldron, 2014).
Les cas des Premières Nations de Sydney, de Pictou Landing, de Sipekne’katik et d’Acadia ne sont que quelques exemples d’un vaste phénomène de racisme environnemental existant en Nouvelle-Écosse et au Canada. Les changements climatiques pourraient avoir sur les Mi’kmaqs des répercussions semblables à celles du racisme environnemental, qui accroît l’exposition des communautés marginalisées aux dangers, ce qui mine la santé et le bien-être globaux de ces personnes et qui augmente leur vulnérabilité aux conséquences futures.
La prochaine section présente d’autres exemples de racisme environnemental, cette fois dans les communautés afro-néo-écossaises.
Déterminants structurels de la santé dans les communautés afro-néo-écossaises
Des personnes d’ascendance africaine vivent en Nouvelle-Écosse depuis près de trois cents ans, ce qui en fait la première communauté noire du Canada. Les Afro-Néo-Écossais descendent d’esclaves et d’esclaves affranchis africains, de loyalistes noirs des États-Unis, de colons néo-écossais de Sierra Leone, de Marrons de la Jamaïque et de réfugiés de la guerre de 1812. La majorité des Afro-Néo-Écossais et des personnes d’ascendance africaine vivent encore aujourd’hui dans les régions rurales et isolées en raison du racisme institutionnel qui dominait au début de la colonisation du territoire (Black Cultural Centre for Nova Scotia, s.d.; Waldron, 2018a).
Au cours des 70 dernières années, le racisme environnemental a eu des effets néfastes sur la santé des communautés afro-néo-écossaises. Ceux de ses membres qui vivent à proximité de sites toxiques estiment qu’il faut attribuer à ces derniers le taux élevé de cancer dans leurs rangs. Au fil de mes recherches, j’ai constaté que les Afro-Néo-Écossais de Shelburne, Lincolnville, et North et East Preston attribuaient à la présence de divers dangers environnementaux près de leurs communautés depuis des décennies les taux élevés de cancer, de troubles hépatiques et rénaux, de diabète, de maladies cardiaques et respiratoires, d’éruptions cutanées et de stress psychologique (Waldron, 2014, 2015, 2016; 2018a; 2018b, 2020a, 2020b, 2020c, 2020d). Sont présentés aux sections suivantes des exemples concrets de racisme environnemental envers les communautés afro-néo-écossaises, ainsi que leurs répercussions sur la santé.
Africville
S’il ne fallait donner qu’un exemple de communauté afro-néo-écossaise ayant subi ségrégation, racisme et racisme environnemental, ce serait probablement Africville. Situé juste au nord d’Halifax sur les berges du bassin de Bedford, le village a été établi au milieu des années 1800 par des réfugiés noirs ayant fui la guerre de 1812 (Allen, s.d.; Fryzuk, 1996; Nelson, 2001; Waldron, 2020d). Cette communauté a été victime de nombreuses injustices de toutes sortes. Par exemple, même si la Ville d’Halifax percevait des impôts à Africville, elle n’y offrait aucun service public ni infrastructure de base pourtant présents dans d’autres secteurs de la municipalité : rues pavées, approvisionnement en eau potable, réseau d’égout, transport public, collecte des déchets, installations de loisirs, services d’incendie, éclairage de rue ou protection policière adéquate (Allen, s.d.; Fryzuk, 1996; Municipalité régionale d’Halifax, s.d.; Nelson, 2001; Tavlin, 2013; Waldron, 2020d).
Dès les années 1800, la Ville a choisi Africville pour plusieurs installations indésirables, comme des abattoirs, un hôpital spécialisé dans les maladies infectieuses et des fosses d’enfouissement de déchets humains (Mackenzie, 1991). En 1947, elle a changé le zonage du secteur pour en faire une zone industrielle, ce qui lui a permis de construire une décharge à ciel ouvert en 1950, que de nombreux membres de la communauté considéraient comme une menace sanitaire (Waldron, 2018a). En 1964, le Conseil municipal a voté pour relocaliser les résidents d’Africville afin de construire des usines et des infrastructures. En 1970, toutes les maisons du village avaient été rasées par des bulldozers et les résidents, réinstallés de force dans d’autres secteurs de la ville (Waldron, 2020d). Dans les années qui ont suivi, les nuisances environnementales se sont succédé sur le site : abattoir, usines de coton, de goudron, d’engrais, et de concassage de pierre et de charbon, prison, trois réseaux de voies ferrées (Allen, s.d.; Fryzuk, 1996; Nelson, 2001; Waldron, 2018b, Waldron, 2020d).
Shelburne
Le site d’enfouissement de Morvan Road est situé à proximité de la communauté afro-néo-écossaise du sud de Shelburne depuis les années 1940 (Waldron, 2020d). Recevant des déchets industriels, médicaux et résidentiels, il a finalement été fermé en 2016 grâce aux pressions de la communauté (Waldron, 2018a). Même s’il s’agit d’une grande victoire, le site continue d’avoir des répercussions sanitaires et environnementales à Shelburne puisqu’il ne fait l’objet d’aucun plan de remise en état (Delisle et Sweeney, 2018). Une résidente de Shelburne ayant participé à mon étude sur les iniquités en matière d’hygiène de l’environnement dans les communautés afro-néo-écossaises attribue les taux élevés de cancer et de troubles hépatiques et rénaux chez ses concitoyens à la décharge située à proximité de sa communauté.
Lincolnville
Lincolnville est un autre exemple de racisme environnemental de longue date envers les communautés afro-néo-écossaises. Cette petite communauté rurale du comté de Guysborough, au nord-est de la Nouvelle-Écosse, a été établie en 1784 par des loyalistes noirs (NSPIRG, s.d.). En 1974, un site d’enfouissement de première génération a été créé à un kilomètre de cette communauté (Waldron, 2018a). Ses effets sur la santé sont inconnus, mais les résidents croient que le taux de cancer des habitants est bien au-delà des niveaux acceptables (Waldron, 2018a).
« C’est un fait connu, toutes les communautés adjacentes peuvent apercevoir le site d’enfouissement au sud. Un grand nombre de personnes vivant près de là sont décédées du cancer, ou souffrent ou ont souffert d’une panoplie de troubles de santé : diverses formes de cancer, pression artérielle élevée, détérioration des réflexes nerveux, troubles cérébraux, hépatiques et rénaux. » (Waldron, 2016)
En 2006, la municipalité du district de Guysborough a fermé le site d’enfouissement pour en ouvrir un de deuxième génération au même endroit. Y sont acceptés les déchets de tout le nord de la Nouvelle-Écosse et du cap Breton. Selon des organisations environnementales de la région, on y a enfoui des déchets dangereux, comme des transformateurs et des résidus de déversements pétroliers en mer. La communauté craint donc que la quantité de substances cancérigènes (cadmium, phénol, toluène, etc.) qui s’infiltrent dans l’eau potable dépasse les limites acceptables (Benjamin, 2008). Selon les résidents de Lincolnville ayant pris part à une de mes études, la santé de la communauté s’est dégradée depuis la création du site d’enfouissement de première génération; ils ont notamment observé une augmentation du taux de cancer et de diabète.
« Si on la compare à avant 1974, année d’ouverture du site d’enfouissement, la santé de la communauté semblait meilleure à l’époque. Depuis 1974, nous remarquons qu’elle tend à se dégrader. Il nous semble que les gens meurent plus jeunes. Ils contractent des types de cancer dont nous n’entendions pas parler avant 1974. On dirait qu’il y a de plus en plus de cancers de l’estomac, et le diabète augmente. Les gens se retrouvent avec des tumeurs. Nous ne comprenons pas quelles sont les causes de tout ça. La municipalité dit que c’est impossible que ce soit le site d’enfouissement. Mais si la proximité d’une décharge nuit à la santé ailleurs, pourquoi ne nuirait-elle pas à la nôtre aussi? » (Waldron, 2016)
North et East Preston
D’autres exemples de racisme environnemental peuvent être observés à North Preston et East Preston, dans l’est de la Municipalité régionale d’Halifax. À l’été 1991, l’autorité métropolitaine était à la recherche d’un nouveau site pour l’enfouissement des déchets d’Halifax et de Dartmouth. Au nombre des lieux retenus figuraient quatre sites près de secteurs où vivaient depuis longtemps des communautés afro-néo-écossaises. Lorsque l’autorité métropolitaine a finalement arrêté son choix sur East Lake, les Afro-Néo-Écossais du secteur étaient scandalisés (Fryzuk, 1996; Waldron, 2018). Les habitants de North Preston et East Preston, qui s’opposaient à la décision, ont déposé une plainte officielle, faisant valoir que l’autorité n’avait pas tenu compte des facteurs sociaux, culturels et historiques lors du processus de sélection.
Une résidente de North Preston présente à une réunion que j’ai organisée en 2013 s’inquiétait d’un possible lien entre la pollution aquatique et atmosphérique causée par le site d’enfouissement près du centre communautaire de North Preston et les taux élevés de cancer, de diabète, de maladies cardiaques, de troubles respiratoires et d’éruptions cutanées dans la communauté.
« Durant des années, une partie de la communauté était approvisionnée en eau par un réseau qui n’avait pas été purgé pendant plusieurs décennies parce qu’on assurait le traitement chimique de l’eau… mais je crois que la concentration de chlore y était trop élevée. Selon moi, c’est pour cette raison que le taux de cancer est si élevé depuis des dizaines d’années. Je pense aussi que la piètre hygiène environnementale dans la communauté est due à la décharge et que les cendres volantes ont contribué au taux élevé de troubles respiratoires. » (Waldron, 2014).
Les études de cas sur les communautés mi’kmaqs et afro-néo-écossaises présentées sont autant de preuves du lien entre l’origine ethnique, les industries polluantes et autres nuisances environnementales et l’état de santé de la population. D’autres études canadiennes appuient la thèse voulant que ce phénomène ne se limite pas à la Nouvelle-Écosse : partout au pays, des communautés racisées ont été disproportionnellement exposées à des risques sanitaires, puisqu’elles sont plus susceptibles que les autres d’être entassées près de sites d’enfouissement et d’autres dangers environnementaux (Atari, Luginaah, Gorey, Xu et Fung, 2012; Sharp 2009; Teelucksingh, 2007; Waldron, 2014, 2015, 2016, 2018a).
Conclusion
Ces études de cas montrent à quel point la santé des communautés mi’kmaqs et afro-néo-écossaises dépend de la qualité de l’air, de l’eau et du sol. La pollution industrielle et la dégradation de l’environnement ont déjà nui à la santé des communautés et des écosystèmes. Si les décideurs refusent de voir que les groupes marginalisés sont particulièrement touchés et de trouver des solutions, les changements climatiques risquent de les atteindre tout aussi inéquitablement.
Les décideurs et responsables des politiques en santé et en environnement de la Nouvelle-Écosse et du Canada doivent commencer à réfléchir à la manière d’enrayer les iniquités sociales, économiques, politiques et environnementales qui minent l’état de santé des Mi’kmaqs et des Afro-Néo-Écossais, ainsi que des membres d’autres communautés racisées (Autochtones, Noirs et autres). La présente section propose une avenue pour s’attaquer aux déterminants structurels de la santé dans ces communautés.
En nous penchant sur les déterminants structurels de la santé abordés ici, nous pouvons nous rapprocher de notre objectif d’atteindre l’équité en santé au Canada et de cultiver notre résilience face aux changements climatiques. L’équité en santé s’articule autour de trois grands principes :
- L’égalité d’accès aux soins de santé, quelle que soit sa situation socioéconomique, physique ou géographique.
- Le droit universel à la meilleure santé possible en fonction de sa physiologie.
- L’accès à des soins de santé de même qualité pour tous. Autrement dit, les fournisseurs de soins de santé doivent déployer les mêmes efforts et respecter les mêmes normes élevées pour tout le monde, sans égard aux différences sociales, économiques ou culturelles (Braveman et Gruskin, 2003).
L’équité en santé et la justice environnementale pour les Mi’kmaqs, les Afro-Néo-Écossais et les membres d’autres communautés autochtones et noires du Canada passent par la modification progressive des politiques et dépendent des décisions des ministères de la santé et de l’environnement. Ceux-ci peuvent poser plusieurs gestes pour enrayer les iniquités en santé (y compris en matière d’hygiène de l’environnement) dans les
En nous penchant sur les déterminants structurels de la santé, nous pouvons nous rapprocher de notre objectif d’atteindre l’équité en santé au Canada et de cultiver notre résilience face aux changements climatiques.communautés autochtones et noires.
Dans un premier temps, il est capital que les ministères de la santé et de l’environnement recueillent des données désagrégées concernant l’état de santé des communautés autochtones et noires et l’emplacement des dangers environnementaux au pays.
Dans un deuxième temps, les ministères de la santé doivent accroître la représentation des Autochtones et des Noirs en embauchant davantage de professionnels de la santé de ces communautés et en les recrutant pour des postes de gestion ou d’élaboration de politiques, afin qu’ils siègent aux comités qui font changer les choses en amont.
Dans un troisième temps, il importe d’adopter une loi sur la justice environnementale s’accompagnant d’outils, de stratégies et de politiques visant à éliminer les conditions et décisions injustes et inéquitables qui font que certaines communautés sont davantage exposées aux dangers environnementaux ou moins bien protégées.
Enfin, il faut inclure une étude d’impact sur l’équité en santé dans l’évaluation environnementale et le processus d’approbation afin que soit examiné et traité l’effet cumulatif du racisme environnemental sur la santé des communautés autochtones et noires, phénomène qui découle d’iniquités socioéconomiques, politiques et environnementales de longue date.
Ressources du projet sur la toxicité environnementale, les iniquités raciales et la santé communautaire (ENRICH Project)
Projet sur la toxicité environnementale, les iniquités raciales et la santé communautaire (ENRICH Project) : https://www.enrichproject.org/
Livre d’Ingrid Waldron, There’s Something in the Water: Environmental Racism in Indigenous & Black Communities : https://fernwoodpublishing.ca/book/there8217s-something-in-the-water
Page de dons pour le ENRICH Project sur MakeWay : https://makeway.org/project/the-enrich-project/
Page de dons pour la National Anti-Environmental Racism Coalition sur MakeWay : https://makeway.org/environmental-racism/
Bande-annonce du documentaire Netflix L’eau sale, basé sur le livre d’Ingrid Waldron, une coproduction d’Ingrid Waldron, Elliot Page, Ian Daniel et Julia Sanderson réalisée par Elliot Page et Ian Daniel : https://www.rollingstone.com/culture/culture-news/theres-something-in-the-water-ellen-page-documentary-954952/
Documentaire In Whose Backyard, une coproduction de Pink Dog Productions et d’Ingrid Waldron : https://www.enrichproject.org/resources/#IWB-Video
Carte du ENRICH Project : https://www.enrichproject.org/map/
Carte de récits d’Africville du ENRICH Project : https://dalspatial.maps.arcgis.com/apps/MapSeries/index.html?appid=d2e8df48f88e4ddc90ebe494a2cfa2a1
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