Mener une transition juste au Danemark

Avec des signaux de marché forts, l’innovation et les investissements dans les énergies renouvelables prennent le dessus.

Le Danemark est le plus grand producteur pétrolier au monde résolu à cesser toute extraction de pétrole et de gaz. En décembre 2020, la grande majorité des parlementaires ont voté une loi visant la carboneutralité d’ici 2050, et l’abandon progressif planifié de l’exploitation pétrolière et gazière est essentiel à l’atteinte de cet objectif. Le Danemark annule ainsi toutes ses rondes d’approvisionnement futures dans la mer du Nord, où il exploite plus de 55 plateformes dans 19 champs de pétrole et de gaz. On peut lire dans la disposition : « Si nous voulons que nos enfants et nos petits-enfants vivent dans un monde qui respecte les obligations imposées par l’Accord de Paris, il faut abandonner progressivement les combustibles fossiles […] Il ne s’agit pas d’un choix, mais bien d’un devoir moral » (Nordsøen, 2020 : 1). Un tel changement doit nécessairement passer par une transition juste. Le Danemark entend aider les travailleurs à trouver un nouvel emploi bien rémunéré et soutenir les régions et les collectivités les plus touchées (Nordsøen, 2020).

Contexte

Le Danemark, dont la population avoisine les six millions d’habitants, se démarque à l’échelle mondiale dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’abandon progressif de sa production de pétrole et de gaz, sur son territoire comme à l’étranger. En tant que membre de l’Union européenne (UE), le Danemark élabore des politiques sur l’énergie et le climat qui cadrent avec les objectifs européens. Toutefois, ses cibles de réduction des émissions de GES sont nettement plus ambitieuses que celles énoncées par la loi européenne sur le climat1. Il compte ainsi réduire ses émissions de GES de 70 % d’ici 2030, comparativement à 55 % à l’échelle de l’UE. Sur le plan international, en 2021, le Danemark et le Costa Rica ont lancé conjointement la Beyond Oil & Gas Alliance (BOGA), qui appelle les États membres à se fixer une date limite pour mettre fin à leur exploration et à leur extraction pétrolière et gazière2. Jusqu’à présent, le Danemark est l’unique pays doté d’une importante filière pétrolière et gazière à prendre un engagement aussi clair dans l’ensemble de son économie. Depuis les années 1970, il y a un dialogue efficace entre les employeurs, les syndicats et le gouvernement danois sur les politiques industrielles et climatiques et la transition énergétique du charbon à l’éolien. Les récents engagements climatiques s’appuient sur ce dynamisme et cette solidarité sociale.

Oil rigs in Esbjerg Denmark

La filière pétrolière et gazière danoise remonte à la crise de l’embargo pétrolier du début des années 1970. Le Danemark a commencé à produire du pétrole et du gaz en 1972 et est devenu un pays exportateur net en 1997. La production a atteint un sommet en 2004, puis en 2018 le pays est redevenu un importateur net (Sperling et coll., 2021). Il occupe aujourd’hui une place plutôt mineure dans le marché mondial, soit environ 0,1 % (Statistical Review of World Energy, 2021). En 2020, le Danemark a produit environ 77 000 barils équivalent pétrole par jour. La même année, le Royaume-Uni et la Norvège ont produit respectivement environ un million et deux millions de barils par jour (EIA, 2020). Bien que le pétrole et le gaz demeurent importants pour l’économie danoise, au cours des 20 dernières années, la production de pétrole brut y a diminué de 41 % et celle de gaz naturel de 57 %, alors que la production d’énergies renouvelables y a grimpé d’environ 300 % (Energistyrelsen, 2022). On envisage actuellement d’augmenter la production de gaz naturel afin de réduire la dépendance à la production russe. Il s’agirait toutefois d’une mesure temporaire.

Le déclin de la productivité et de la rentabilité de ses gisements de pétrole et de gaz a accéléré la transition énergétique du Danemark. Sa dernière ronde d’approvisionnement (la huitième) n’a suscité que très peu d’intérêt auprès des sociétés énergétiques, signe que le secteur est peu viable à long terme (Sperling et coll., 2021). Dans ces conditions, le milieu politique et les entreprises ont appuyé l’abandon progressif planifié du pétrole et du gaz dans la mer du Nord, et le gouvernement a soutenu les investissements dans la captation, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC), l’énergie éolienne en mer et les substituts de combustibles fossiles. On observe un soutien croissant depuis un certain temps. L’objectif d’abandonner le pétrole et le gaz d’ici 2050 a été annoncé dès 2006, puis bonifié d’une stratégie misant à 100 % sur les énergies renouvelables en 2011 sous un gouvernement conservateur. La loi de 2020 sur la carboneutralité (loi du Danemark sur le climat) est venue sceller ces intentions dans une importante coalition politique (réunissant la gauche et le centre droit), fournissant un niveau de stabilité rarement vu dans nombre d’autres compétences. Cette assise solide envoie également un message fort aux entreprises et fournit un cadre cohérent pour l’investissement. 

Chacune de ces décisions n’est pas uniquement le fait des gouvernements; une coalition d’ONG, de syndicats et d’organisations de la société civile a grandement contribué à promouvoir l’abandon du pétrole, notamment en lançant en 2020 une campagne collective appelant à « Cesser de chercher du pétrole MAINTENANT », précipitant ainsi la fin de la huitième ronde d’approvisionnement du Danemark. De nombreux militants soutenaient que l’abandon progressif s’échelonnait sur une trop longue période et qu’il fallait resserrer l’échéancier; cependant, le gouvernement estimait que le coût des rachats de contrats était trop élevé.

Abandonner les activités pétrolières et gazières aura des répercussions importantes sur l’emploi et les finances du pays. De 1972 à 2019, l’extraction de pétrole et de gaz dans la mer du Nord a généré des revenus pour l’État de plus de 100 milliards de dollars canadiens (541 milliards de couronnes danoises). Le coût de l’annulation des approvisionnements futurs et de l’obligation de cesser la production en 2050 est évalué à 2,45 milliards de dollars canadiens (13 milliards de couronnes danoises) en perte de recettes publiques (Energistyrelsen, 2022)3. Outre l’aspect financier, les conséquences sur l’emploi dans le secteur sont aussi très préoccupantes. On estime à 10 000 personnes le nombre de travailleurs directement employés dans l’extraction du pétrole et du gaz et à 16 000 le nombre d’emplois indirects, ce qui représente environ 1 % de la main-d’œuvre danoise. (Sperling et coll., 2021)4. La majorité des emplois du secteur est concentrée à Esbjerg – le pôle énergétique du Danemark, situé sur la côte ouest de la péninsule du Jutland dans le sud-ouest du pays.

Réponse politique et gestion des transitions

La loi de 2020 sur la carboneutralité du Danemark comportait une initiative de transition juste dans le port d’Esbjerg et les environs, où est concentré le secteur de l’énergie. Selon le consensus politique, la mer du Nord demeurera le centre névralgique de la production d’énergie, mais au lieu d’y produire du pétrole et du gaz, on misera sur l’éolien et d’autres sources d’énergies renouvelables. Ainsi, la transition juste du Danemark s’effectuera in situ; les nouvelles activités économiques s’inscrivent dans des secteurs qui nécessitent sensiblement les mêmes compétences et expertises que celui du pétrole et du gaz. Même en réorientant son économie, la région d’Esbjerg maintiendra le cap sur l’énergie, tout en conservant son identité. L’essor important des énergies renouvelables et leur efficacité éprouvée présentent peu de risques pour les travailleurs, les entreprises et la collectivité.

Dans un tel contexte, l’approche du Danemark a été d’obtenir des investissements importants dans la recherche et l’innovation portant sur les énergies durables, et de mettre en place une réglementation efficace qui favorise les investissements dans le secteur et l’infrastructure de transport permettant l’exportation. Entretenir des liens étroits avec le secteur et les syndicats fait partie intégrante de cette approche. Le Danemark est doté à la fois d’un ministère de l’Environnement et d’un ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement. Ensemble, ils s’occupent de coordonner les politiques de la transition juste. Dans le cadre des efforts climatiques du pays, le gouvernement a noué 14 partenariats avec des entreprises et, en 2019, a lancé un forum sur l’économie verte afin de renforcer le dialogue entre le gouvernement, les entreprises et le mouvement syndical sur les avenues qu’ouvre la transition verte des entreprises et ce qui pourrait nuire à sa mise en œuvre (ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement du Danemark, 2022b).

Le ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement collabore également avec 10 autres pays européens dans le but de réduire les coûts de l’énergie éolienne en mer et de développer le marché européen pour l’énergie éolienne de la mer du Nord5. La Commission européenne estime que cette énergie sera en mesure de couvrir jusqu’à 12 % de la consommation d’électricité de l’UE en 2030 et jusqu’à 20 % en 2040. La mer du Nord, d’ailleurs surnommée la Silicon Valley de l’énergie éolienne en mer, pourrait potentiellement desservir toute l’Europe (ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement du Danemark, 2022a). Les entreprises danoises sont des chefs de file mondiaux dans le domaine de l’énergie éolienne en mer, et plus de 31 000 travailleurs œuvrent dans le secteur au pays (ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement du Danemark, 2022a). L’accord de 2020 sur l’abandon progressif du gaz prévoit un investissement de 17 millions de dollars canadiens (90 millions de couronnes danoises) d’ici 2025, destiné à soutenir l’expansion du port d’Esbjerg en vue d’en faire le centre névralgique de l’énergie éolienne en mer à grande échelle. Bien que le secteur fasse l’objet d’appuis importants, le Danemark compte aménager les premiers parcs éoliens non subventionnés d’Europe, et on s’attend à ce qu’ils fournissent l’énergie la moins chère du continent – surpassée uniquement par l’éolien terrestre (ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement du Danemark, 2022a).

Dans le cadre de la transition, les travailleurs du pétrole et du gaz en mer qui approchent de la retraite ont droit à une rente anticipée. Toutefois, on prévoit que les nouvelles entreprises de production d’énergie en mer seront la principale source de croissance et d’emplois pendant la transition (Sperling et coll., 2021). En 2015, une évaluation de poids de la capacité du Danemark à combler la totalité de ses besoins en énergies renouvelables d’ici 2050 estimait que 50 000 emplois supplémentaires seraient créés annuellement d’ici là (Vad Mathiesen et coll., 2015)6. Selon cette analyse, « les réseaux d’énergies renouvelables créent davantage d’emplois au pays que ne le feraient les énergies fossiles, et plus on investira tôt, plus les effets sur l’emploi se feront sentir rapidement » (Vad Mathiesen et coll., 2015). On y précisait aussi que l’innovation et le potentiel d’exportation pourraient stimuler encore davantage la création d’emplois et l’économie. Ces facteurs pourraient être absolument déterminants à long terme pour la situation de l’emploi au Danemark, car ils ont le potentiel de générer des exportations annuelles de 20 milliards d’euros, ce qui créerait jusqu’à 150 000 emplois d’ici 2050 (Vad Mathiesen et coll., 2015)7. Par ailleurs, des évaluations plus récentes réalisées par des syndicats importants abondent dans le même sens à l’égard du potentiel des investissements dans les énergies vertes pour l’économie et l’emploi. Il y a également eu une forte croissance dans le secteur des technologies associées aux énergies renouvelables8

Le solide État-providence du Danemark, où l’inégalité des revenus est parmi les plus faibles des pays de l’OCDE, favorise également une transition en douceur. Son célèbre modèle de flexisécurité facilite l’embauche et la mise à pied de travailleurs sans compromettre leur sécurité financière grâce à un système robuste d’aide sociale et de soutien à l’emploi. Des politiques dynamiques sur le travail et l’éducation permettent aux travailleurs d’acquérir les compétences requises pour changer d’emploi. Par exemple, l’autorité portuaire municipale qui gère le port d’Esbjerg fonde une « académie en mer » en collaboration avec la Fédération unie des travailleurs danois, afin de fournir de la formation sur les énergies renouvelables et les secteurs connexes. Le port d’Esbjerg est un carrefour de transport multimodal international qui emploie une dizaine de milliers de personnes dans 200 entreprises et joue un rôle déterminant dans la transition. Esbjerg, qui compte 116 000 habitants, est la cinquième municipalité du Danemark.

Le Danemark a entrepris de devenir un pionnier dans la gestion de la transition pour les travailleurs en tirant parti des nouvelles occasions qui se présentent à lui. Par exemple, la première ministre du Danemark, Mette Frederiksen, dirige la nouvelle commission mondiale sur les transitions énergétiques axées sur l’être humain de l’Agence internationale de l’énergie. Les ministères danois responsables du climat, de l’énergie et du commerce comptent tous des initiatives internationales de premier plan parmi leurs priorités. À cet égard, une des réalisations remarquables du Danemark est la création d’un fonds vert (constitué en 2020) destiné au développement et à la diffusion des technologies, à la conversion aux énergies renouvelables, au stockage et à l’économie d’énergie et à l’exportation mondiale de technologies vertes, particulièrement dans l’éolien. Le fonds cumule des engagements financiers de 4,7 milliards de dollars canadiens (25 milliards de couronnes danoises). L’approche de la décarbonisation du Danemark comporte à la fois une dimension intérieure et extérieure : elle vise à augmenter l’innovation et la productivité des entreprises nationales et à faire voyager son expertise, en renforçant ses avantages comparatifs et concurrentiels.

Progrès réalisés à ce jour

L’abandon progressif du pétrole et du gaz au Danemark est accompagné d’ambitieux objectifs climatiques. En annonçant cette nouvelle direction, le gouvernement danois a souligné l’importance d’en faire une transition juste pour les travailleurs et les collectivités, tout particulièrement à Esbjerg, où se concentrent les emplois dans le pétrole et le gaz. Toutefois, à la différence d’autres pays menant une telle initiative, l’usage du terme « transition juste » est beaucoup moins fréquent dans les rapports publics et aucun processus officiel de transition juste ne fait l’objet de suivis et de rapports. Le Danemark est certes doté d’un conseil sur les changements climatiques composé d’experts indépendants, qui propose des solutions politiques efficientes aux enjeux climatiques. Mais les rapports de ce conseil ne traitent pas précisément du caractère juste de la transition (voir par exemple Klimaraadet, 2022).

Industrial area in Copenhagen with large silos, concrete, chimneys and a wind generator.

Cependant, les solides filets sociaux du Danemark renforcent l’équité de la distribution des coûts et des bénéfices entre les divers groupes et des mécanismes d’indemnisation (Bennett et coll., 2019). De plus, le concept de transition juste n’est pas nouveau dans le contexte danois. Le gouvernement, les entreprises et les syndicats collaborent depuis longtemps pour diriger activement les transitions. En dialoguant avec le public et en méritant sa confiance, l’État renforce les aspects de la justice que sont la procédure et la reconnaissance, en reconnaissant les parties prenantes et en adoptant des processus valides pour la planification et la gestion des transitions. Il y a également dans la conception des politiques une sensibilité à l’égard des disparités et inégalités socio-économiques. On s’attend à ce que les objectifs climatiques du Danemark engendrent une augmentation des coûts d’électricité, de chauffage et de transport à cause des nouvelles taxes et nouveaux investissements. Même si cette hausse devrait être contrebalancée par une plus grande efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables à moyen et à long terme, les gouvernements ont mis en place des subventions pour aider les ménages les plus démunis à payer les coûts élevés de l’énergie.

Le Danemark atteint-il ses objectifs? L’emploi et l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables ont connu une croissance considérable au cours des deux dernières décennies et tout porte à croire que la tendance se maintiendra. Le Viking Link, un nouveau câble d’alimentation reliant le Danemark et le Royaume-Uni, et l’agrandissement du réseau électrique entre Holstebro et la frontière dano-allemande renforcent encore davantage l’économie éolienne. Des signaux précoces suggèrent également que la guerre que la Russie mène à l’Ukraine a pour effet de renforcer les engagements en matière d’énergies renouvelables de l’UE. Le peu de réticences que suscite l’approche du Danemark jusqu’à présent – lorsqu’on considère le consensus sociétal et parlementaire – reflète également un haut niveau d’acceptation et d’adhésion.

Leçons pour le Canada

Globalement, l’approche du Danemark repose sur l’investissement dans les énergies renouvelables et la collaboration avec le secteur privé et les syndicats dans le but de stimuler le secteur émergent des énergies vertes. La production de pétrole était déjà en déclin dans le pays, représentant une petite portion de la production économique danoise et employant environ 1 % de la main-d’œuvre. (La situation s’apparente à celle du Canada, où le secteur emploie aussi 1 % de la main-d’œuvre.) Ce contexte, en plus de la structure gouvernementale centralisée et unitaire du Danemark, constituait un environnement propice à la formulation d’engagements fermes et au consensus de l’ensemble du parlement, fournissant ainsi au marché et aux entreprises des signaux clairs les incitant à investir dans les énergies renouvelables. Les mesures d’appui et les investissements publics dans l’énergie stimulent le secteur des énergies renouvelables, alors que le rôle de plus en plus prépondérant du Danemark sur la scène internationale consolide son expertise dans la transition mondiale vers la sobriété en carbone.

Un aspect critique de la planification et de la gestion de la transition mondiale vers la sobriété en carbone est de déterminer vers quelles nouvelles occasions les travailleurs et les collectivités pourront se tourner. Au Danemark, la réponse est claire : les énergies renouvelables, et l’éolien en particulier. Ainsi, le Canada peut tirer quelques leçons de l’expérience danoise :

  • Mettre en place une réglementation fiable et cohérente : Les engagements climatiques multipartites du Danemark rendent ses objectifs de décarbonisation clairs à court, à moyen et à long terme. Sa structure réglementaire soutient ce processus et crée un environnement favorable à l’investissement dans les énergies vertes.
  • Tirer parti des atouts concurrentiels : Les instances canadiennes pourraient s’inspirer du Danemark en développant une vision claire de leurs capacités et de leurs avantages comparatifs, en investissant dans ces forces et en les faisant connaître au reste du monde. Les relations internationales et le partage des connaissances sont des éléments clés de la stratégie de transition juste du Danemark.
  • Favoriser la concertation et le dialogue : L’exemple du Danemark souligne l’importance du dialogue avec les parties prenantes et les détenteurs de droits autochtones importants. Le Danemark a une longue tradition de concertation entre les syndicats, le privé et les gouvernements dans un contexte de transition. Ces antécédents ont facilité l’atteinte d’un consensus sur l’abandon progressif du pétrole et du gaz, lequel est soutenu par des partenariats visant à gérer le processus de transition. 

Conclusion     

Pour le ministre du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement du Danemark, Dan Jørgensen, « la science est claire à ce propos – il faut mettre fin à l’ère des énergies fossiles » (Centre régional d’information des Nations unies pour l’Europe occidentale, 2021). La transition énergétique du Danemark est déjà bien amorcée. En tant que nation relativement petite, le Danemark fait preuve d’un dynamisme remarquable pour atteindre ses objectifs. Dans ce cas-ci, la filière énergétique danoise emprunte une direction claire. Les investissements dans l’éolien s’avèrent profitables et les emplois dans le domaine nécessitent de nombreuses compétences compatibles avec celles du pétrole et du gaz. Par ailleurs, la robustesse de l’État-providence réduit les risques de la transition énergétique pour les travailleurs touchés (directement ou indirectement). Les mesures d’aide sociale et de soutien à l’emploi atténuent les injustices et les inégalités.

Toute opinion, erreur ou omission relève uniquement de l’auteur.

Références

Bennett, Nathan J. et coll. 2019. « Just Transformations to Sustainability. » Sustainability, 11 (14) : 3881. doi : 10.3390/su11143881

Centre régional d’information des Nations unies pour l’Europe occidentale. 2021. « Denmark, Sweden and Greenland in a new global alliance to seek an end to oil and gas production. » 12 novembre. https://unric.org/en/denmark-sweden-and-greenland-in-a-new-global-alliance-to-seek-an-end-to-oil-and-gas-production/

Energistyrelsen. 2022. « Danish Energy Agency. » Gouvernement du Danemark. https://ens.dk/en

Klimaraadet. 2022. « Statusrapport 2022 : Danmarks Nationale Klimamål Og Internationale Forpligtelser. » 25 février. https://klimaraadet.dk/sites/default/files/downloads/statusrapport_2022_webpdf_final.pdf  

Mathiesen, Ken. 2021. « Olieindustrien Glæder Sig over Aftale Om CO2-Lagring i Nordsøen: Grønt Lys Til Nyt Eventyr Med Flere Tusinde Job. » Jydske Vestkysten. 15 décembre. https://jv.dk/artikel/olieindustrien-glæder-sig-over-aftale-om-co2-lagring-i-nordsøen-grønt-lys-til-nyt-eventyr-med-flere-tusinde-job

Ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement du Danemark. 2022a. « North Seas Energy Cooperation. » Gouvernement du Danemark. https://kefm.dk/globale-samarbejder/nordsoesamarbejdet 

———. 2022b. « Regeringens Klimapartnerskaber. » Gouvernement du Danemark. https://kefm.dk/klima-og-vejr/regeringens-klimapartnerskaber-og-groent-erhvervsforum

Nicolas, Elena Sanchez. 2020. « Denmark to Stop North Sea Oil Drilling in 2050. » UE Observer. 7 décembre. https://euobserver.com/nordic/150287

Nordsøen. 2020. « Aftale mellem regeringen (Socialdemokratiet), Venstre, Dansk Folkeparti, Radikale Venstre, Socialistisk Folkeparti og Det Konservative Folkeparti om fremtiden for olie- og gasindvinding i Nordsøen af 3. december 2020 » https://kefm.dk/Media/0/3/Nordsøaftale.pdf 

Sperling, Karl et coll. 2021. « Denmark without Oil and Gas Production: Opportunities and Challenges. » Université Aalborg : 1-35. https://vbn.aau.dk/en/publications/Danemark-without-oil-and-gas-production-opportunities-and-challeng

Statistical Review of World Energy. 2021. « Full Report – Statistical Review of World Energy 2021. » British Petroleum. https://www.bp.com/content/dam/bp/business-sites/en/global/corporate/pdfs/energy-economics/statistical-review/bp-stats-review-2021-full-report.pdf

Vad Mathiesen, Brian et coll. 2015. « Aalborg Universitet IDA’s Energy Vision 2050 A Smart Energy System Strategy for 100% Renewable Denmark. » UniversitéAalborg : 1-159. https://vbn.aau.dk/en/publications/idas-energy-vision-2050-a-smart-energy-system-strategy-for-100-re


1 En juin 2021, l’UE a adopté la loi européenne sur le climat, visant la carboneutralité de l’EU d’ici 2050. La loi comprend aussi l’objectif intermédiaire de réduire les émissions de GES d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux concentrations de 1990.

2 L’alliance, lancée lors de la COP26, compte également la Suède et le Groenland comme autres pays nordiques, ainsi que la France, l’Irlande, le Québec et le pays de Galles.

3 Estimation basée sur la production quotidienne moyenne en 2020 : 83 000 barils de pétrole brut et 21 000 barils équivalents pétrole (Energistyrelsen, 2022).

4 Il est à noter que ces chiffres sont ceux de Oil & Gas Denmark, l’organisation danoise qui s’occupe du secteur du pétrole et du gaz en amont, et qu’ils ont été remis en question par des ONG qui estiment que les travailleurs touchés sont en réalité moins nombreux (Sperling et coll., 2021).

5 La North Seas Energy Cooperation est une association de réseaux d’énergie éolienne et d’électricité en mer du Nord de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, de l’Irlande, du Royaume-Uni, de la France, de la Norvège, de la Suède, de l’Allemagne et du Danemark avec la participation de la Commission européenne.

6 Chiffre tiré d’une évaluation de la mise en application de la IDA Energy Vision 2050 (un rapport de l’association des ingénieurs du Danemark). Cet apport constitue le résultat net comparé à la référence pour les énergies fossiles (Vad Mathiesen et coll., 2015).

7 En supposant un taux d’importations de 50 % (pour consulter le scénario de référence, voir Vad Mathiesen et coll., 2015).

8 Voir par exemple l’analyse de Dansk Metal (le syndicat des métallurgistes), qui anticipe environ 3 000 nouveaux emplois liés à la CUSC dans le secteur d’Esbjerg dans un avenir rapproché (Mathiesen, 2021).