OTTAWA—Dave Sawyer, économiste principal à l’Institut climatique du Canada, a fait la déclaration suivante en réponse à la publication du Rapport d’inventaire national (RIN) du gouvernement fédéral sur les émissions de gaz à effet de serre émis par le Canada en 2022.
“Si les émissions de 2022 sont en légère hausse par rapport à l’année précédente, il ne faut pas perdre de vue l’ensemble du tableau : les émissions nationales restent inférieures de 5,9 % à ce qu’elles étaient avant la pandémie en 2019. L’économie a progressé de 3,2 % entre-temps, ce qui prouve clairement que le Canada accélère la séparation entre les émissions et la croissance économique. Ce découplage doit maintenant s’accélérer davantage – plus que doubler – si le Canada veut atteindre son objectif pour 2030.
“Les émissions nationales sont désormais inférieures de 7,1 % à celles de 2005, l’année de référence pour l’objectif officiel du Canada de réduire ses émissions d’au moins 40 % d’ici 2030.
“Le Rapport d’aujourd’hui est similaire à l’estimation des émissions nationales de l’Institut climatique du Canada publiée en septembre dernier, qui estimait que les émissions en 2022 étaient inférieures de 6,4 % aux niveaux de 2005.
“Le dernier inventaire national est largement positif, mais quelques secteurs se révèlent être des freins au progrès. Des secteurs comme l’électricité sont en tête du peloton en termes de réduction des émissions. Mais les émissions des secteurs pétrolier et gazier, des véhicules lourds, des bâtiments et de l’agriculture continuent d’augmenter, ce qui annule une partie des progrès importants réalisés depuis 2005.
“Les méthodologies du Rapport intérimaire national sont régulièrement mises à jour en fonction des améliorations apportées aux données et à la science. Les mises à jour de cette année ont entraîné une augmentation significative des émissions de méthane au Canada. Ce changement analytique, associé à l’augmentation de la production de pétrole et de gaz, signifie que les émissions de ce secteur sont aujourd’hui plus importantes que jamais – 31 % du total, soit près du tiers des émissions canadiennes. L’importance de la réduction des émissions de méthane dans le secteur du pétrole et du gaz est évidente, car il s’agit d’une mesure climatique rentable.
“Le Rapport contient également un avertissement sur la variabilité du changement climatique à venir, les terres agricoles rejetant 22 millions de tonnes d’émissions en 2022 en raison de la sécheresse, qui limite la capacité des sols et des cultures à séquestrer le carbone. Le record précédent était de 8 millions de tonnes en 2003. La moyenne depuis 1990 est de -14 Mt, ce qui indique que les terres cultivées ont généralement séquestré plus de carbone qu’elles n’en ont libéré.
“Avec huit années de déclaration sur les émissions restantes avant la fin de 2030, le temps presse pour mettre en œuvre des politiques nécessaires pour atteindre les réductions marquées requises.”
Personne-ressource
Catharine Tunnacliffe
directrice des communications
ctunnacliffe@institutclimatique.ca
(416) 527-1777
FAITS MARQUANTS
- Les chiffres officiels pour 2022 indiquent que les émissions au Canada étaient de 708 mégatonnes (Mt), soit 7,1 % de moins que les niveaux de 2005, l’année de référence pour l’objectif national de réduction des émissions d’au moins 40 % d’ici 2030.
- Si les émissions ont légèrement augmenté par rapport à l’année précédente (+1,3 %), elles sont restées inférieures aux niveaux d’avant la pandémie, malgré une forte croissance économique en 2022 (3,8 %).
- Parmi les secteurs ayant enregistré des réductions des émissions par rapport aux niveaux de 2005 figurent l’électricité (-59,4 %), les déchets (-3,6 %) et les industries lourdes (-11,5 %). Les secteurs qui ont augmenté leurs émissions depuis cette date sont le secteur pétrolier et gazier (+ 11 %), celui des bâtiments (+ 4,5 %) et de l’agriculture (+ 7 %). En 2022, les émissions du secteur des transports ont augmenté, ce qui les a ramenées aux niveaux de 2005.
- Le Rapport d’inventaire national pour 2022 présente plusieurs améliorations méthodologiques, notamment en ce qui concerne le mode de calcul du méthane, ce qui a entraîné une augmentation significative des émissions de méthane au Canada. En raison de ces changements méthodologiques, l’objectif du Canada pour 2030 est désormais plus élevé, car les émissions de 2005 sur lesquelles l’objectif de 2030 est calculé ont été revues à la hausse.
- L’Institut climatique du Canada publiera en septembre ses propres estimations des émissions nationales pour 2023.
RESSOURCES
Base de données : Estimations préliminaires des émissions nationales (septembre 2023)
Analyse : Les émissions du secteur pétrogazier et du secteur du bâtiment sapent les progrès climatiques du Canada s (septembre 2023)
Analyse :Quelles politiques climatiques canadiennes auront le plus d’influence d’ici 2030? – 440 Mégatonnes: La voie du Canada vers la carboneutralité (mars 2024)
Rapport : Le Canada est en voie d’atteindre 85 à 90 % de sa cible pour 2030, selon une évaluation indépendante (décembre 2023)