Indigenous Climate Action

Comment Indigenous Climate Action et d’autres organisations environnementales peuvent-elles participer et contribuer à une mobilisation et à une représentation appropriées des connaissances et de la vision du monde inuites dans les politiques climatiques?

ᐋᖅᑭᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᖅ ᐅᕙᑦᑎᓐᓂᑦ | Notre positionnement

Le présent travail est mené par l’Indigenous Climate Action (ICA), une organisation dirigée par des Autochtones qui œuvre pour soutenir les communautés autochtones dans le renforcement de leur rôle en tant que chefs de file dans la mise en œuvre de solutions au changement climatique. Nos programmes actuels sont conçus pour responsabiliser les communautés autochtones à agir contre le changement climatique et favoriser le développement de solutions communautaires ancrées dans les connaissances et les pratiques autochtones.

Le besoin de recherche a été déterminé dans les conversations que notre organisation a tenues avec des parents inuits par l’entremise de mobilisations informelles avec le comité de direction et le conseil consultatif de l’ICA. L’étude de cas offre à l’ICA l’occasion de critiquer sainement notre propre travail, en particulier dans le domaine de notre projet de Décolonisation de la politique climatique (DPC), qui vise à enquêter sur les insuffisances et les problèmes associés à la politique climatique canadienne tout en soutenant et en développant une politique climatique dirigée par des autochtones (ICA, 2024).

L’étude de cas est l’occasion pour l’ICA de réfléchir à ses méthodes de recherche et à son processus éthique. C’est un jalon pour les travaux futurs sur de meilleurs processus de mobilisation des Inuits, qui éclairera la DPC 3 et d’autres travaux pertinents.

ᑕᒪᓐᓇ ᐱᓕᕆᐊᖑᔪᖅ ᐊᐅᓚᑕᐅᓪᓗᓂ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒧᑦ (ICA), ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᓄᑦ ᓯᕗᓕᖅᑕᐅᓪᓗᓂ ᑎᒥᐅᔪᖅ ᐱᔾᔪᑎᖃᖅᑐᓂ ᐃᑲᔪᖅᑐᐃᓂᕐᒥ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓄᓇᓕᖏᓐᓂᑦ ᐅᔾᔨᕈᓱᓕᖅᑎᒃᑲᓐᓂᖅᑐᒋᑦ ᓯᕗᓕᖅᑎᐅᔭᕆᐊᖃᕐᓂᖏᓐᓂᑦ ᐊᔭᐅᕆᓂᕐᒥ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐋᖅᑭᒋᐊᕈᑕᐅᒍᓐᓇᖅᑐᓂᑦ. ᒫᓐᓇᒃᑯᑦ ᐱᓕᕆᐊᑦᓴᖁᑎᕗᑦ ᓴᓇᔭᐅᓯᒪᔪᑦ ᓴᙱᓕᖅᑎᑦᓯᒋᐊᕆᓂᕐᒥ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓄᓇᓕᖏᓐᓂᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᒋᓗᒍ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓ ᑎᒍᓯᒋᐊᖅᑎᑦᓯᓪᓗᑎᓪᓗ ᐱᕙᓪᓕᐊᑎᑦᓯᓂᕐᒥ ᓄᓇᓕᖃᖅᑐᓄᓪᓗ ᓯᕗᓕᖅᑕᐅᔪᓂᑦ ᖃᓄᖅᑑᕈᑎᖃᕐᓗᑎᑦ ᑐᙵᕕᖃᖅᑐᓂᑦ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᖃᐅᔨᒪᔭᑐᖃᖏᓐᓂᑦ ᐱᓕᕆᔾᔪᓯᑐᖃᖏᓐᓂᓪᓗ.

ᑕᒪᓐᓇ ᓇᓗᓇᐃᖅᑕᐅᓯᒪᔪᖅ ᖃᐅᔨᓴᕈᑕᐅᒋᐊᖃᕐᓂᖓᓂ ᐱᓯᒪᔪᖅ ᐅᖃᖃᑎᒌᒍᑕᐅᖃᑦᑕᖅᓯᒪᔪᓂᑦ ᑎᒥᖁᑎᑦᑎᓐᓄᑦ ᑲᑎᑎᑦᓯᓪᓗᑎᑦ ᐃᓄᓐᓂᑦ ᐃᓚᒌᑦᑐᓂᑦ ᑖᒃᑯᓂᖓ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒧᑦ ᑲᑎᒪᔨᕋᓛᖏᓐᓄᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐅᖃᐅᔾᔨᒋᐊᕐᓂᕐᒧᑦ ᑲᑎᒪᔨᖏᓐᓂ.  ᑕᒪᓐᓇ ᖃᐅᔨᓴᕈᑕᐅᓂᖓ ᐱᕕᑦᓴᖃᖅᑎᑦᓯᔪᖅ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒧᑦ ᐃᓚᐅᑎᑦᓯᓂᕐᒥ ᕿᒥᕐᕈᔭᐅᓗᓂ ᖃᓄᖅ ᐋᖅᑭᒋᐊᖅᑐᑦᓴᐅᒻᒪᖔᖅ ᐱᓕᕆᐊᕆᓯᒪᔭᕗᑦ, ᐱᓗᐊᖅᑐᒥ ᐃᓗᓕᖃᖅᑐᑦ ᐱᓕᕆᐊᕆᓯᒪᔭᑦᑎᓐᓂ ᑎᒍᓯᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᖅ ᐊᐅᓚᑦᓯᓂᕐᒥ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒥ ᐱᓕᕆᐊᑦᑎᓐᓂ (DCP), “ᑐᕌᒐᖃᖅᑐᓂ ᖃᐅᔨᓴᕆᐊᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒥ ᐱᑕᖃᙱᓗᐊᖅᓯᒪᔪᓂᑦ ᐱᓇᐃᓗᑕᕈᖅᓯᒪᔪᓂᓪᓗ ᐊᑦᑐᐊᓂᖃᖅᑐᓂ ᖃᓇᑕᐅᑉ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑎᒋᓯᒪᔭᖏᓪᓕ, ᐊᑕᐅᑦᓯᑯᑦᓴᐃᓐᓇᖅ ᐃᑲᔪᖅᑐᐃᓪᓗᓂ, ᐱᕙᓪᓕᐊᑎᑦᓯᓪᓗᓕᔾ; ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᓄᑦ-ᓯᕗᓕᖅᑕᐅᔪᓂᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒥ (ICA, 2024)”. 
ᑖᓐᓇ ᖃᐅᔨᓴᕈᑕᐅᓯᒪᔪᖅ ᐱᕕᑦᓴᖃᕆᐊᖅᑎᑦᓯᕗᖅ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒧᑦ ᑎᒥᖁᑎᖓᓐᓂ ᑕᑯᒋᐊᕐᓗᑎᑦ ᐃᒻᒥᓄᑦ ᖃᓄᖅ ᖃᐅᔨᓴᕈᑎᖃᖃᑦᑕᕐᒪᖔᑦᑕ ᐊᒻᒪᓗ ᒪᓕᑦᑕᐅᒋᐊᓕᓐᓂᑦ ᐊᑐᐊᒐᖃᑦᓯᐊᕋᓗᐊᕐᒪᖔᑦᑕ. ᐊᓪᓗᕆᐊᕐᕕᑦᓴᐅᓪᓗᓂ ᓯᕗᓂᑦᓴᑎᓐᓂ ᐱᓇᓱᐊᖃᑎᖃᑦᓯᐊᓂᖅᓴᐅᓗᑕ ᐃᓄᓐᓂᑦ, ᐃᓗᓪᓕᖅᑐᐃᒍᑕᐅᓂᐊᕆᓪᓗᓂ DCP 3 ᐊᒻᒪᓗ ᐊᓯᖏᓐᓂ ᐊᑦᑐᐊᓂᖃᖅᑐᓂᑦ ᐱᓇᓱᐊᕈᑕᐅᔪᓂᑦ. 


ᓄᐃᑎᑦᓯᒋᐊᙵᐅᑎ | Introduction

Nous savons que différents environnements créent différents contextes dans lesquels se déroule la crise climatique. Par conséquent, les réponses à la crise climatique varient selon les communautés autochtones en raison de facteurs socioéconomiques, géopolitiques, culturels et historiques.

Les peuples et communautés autochtones ont été et continuent d’être structurellement exclus de la création et de la mise en œuvre du cadre actuel de la politique climatique du Canada. Cela viole notre droit à l’autodétermination ainsi que le droit au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause (CPLCC), qui est le droit inhérent des communautés autochtones à pouvoir accepter ou refuser tous les projets de développement susceptibles d’affecter les droits collectifs de leurs communautés (What is FPIC, s.d.). Dans la phase 1 de la Décolonisation de la politique climatique, nous avons souligné l’échec du gouvernement fédéral à respecter les engagements envers une relation de nation à nation et Inuit-Couronne, en citant des exemples de violations du droit des peuples autochtones à l’autodétermination et au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause dans la rédaction du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques ainsi que du plan pour un environnement sain et une économie saine.

Les Inuits ont été et continuent d’être activement engagés dans l’atténuation des impacts du changement climatique sur leurs terres malgré leur exclusion structurelle du développement des politiques climatiques fédérales. Le but de cette étude est de valoriser la richesse et la validité des savoirs inuits et de souligner l’importance des points de vue inuits dans les politiques climatiques. Ce travail exploratoire est essentiel pour comprendre comment Indigenous Climate Action peut participer et contribuer à une mobilisation et à une représentation appropriées des connaissances et de la vision du monde inuites dans les politiques climatiques. Nous commençons par exposer certains des obstacles auxquels les Inuits sont confrontés pour participer aux politiques climatiques. Ensuite, nous apprenons comment les Inuits répondent à ces obstacles. Enfin, nous explorons comment nous pouvons aller de l’avant dans l’inclusion équitable des points de vue inuits dans les politiques climatiques en tant que camarades œuvrant pour la vision partagée de la justice climatique.

Voici les objectifs de l’étude de cas :

  1. Développer une compréhension des approches inuites des politiques climatiques dans l’ensemble du Canada selon leurs propres enseignements, lois et vision du monde.
  2. Rechercher et soutenir des recommandations qui garantissent que les droits, visions du monde et lois inuits soient représentés équitablement dans le projet de Décolonisation de la politique climatique de l’ICA. Un sous-objectif de cet objectif est d’encourager d’autres organisations environnementales et ordres de gouvernement à entreprendre des efforts similaires.
  3. Renforcer la relation entre Indigenous Climate Action et les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat.

ᖃᐅᔨᒪᕗᒍᑦ ᐊᔾᔨᒌᙱᓐᓂᖃᖅᑐᑦ ᐊᕙᑏᑦ ᐊᔾᔨᒌᙱᑦᑑᑎᓂᑦ ᐊᑐᖅᐸᓪᓕᐊᒻᒪᑕ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ. ᐱᔾᔪᑎᒋᓪᓗᒍ, ᑭᐅᔾᔪᑎᑦᓴᓕᐊᕆᔭᐅᓯᒪᔪᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔫᖃᑎᒌᓂ ᐊᔾᔨᒌᙱᓐᓂᖃᓪᓛᔪᖅ ᐱᔾᔪᑎᒋᓪᓗᒋᑦ ᐃᓅᖃᑎᒌᑦᑐᑦ-ᑮᓇᐅᔭᓕᐅᕈᓐᓇᕐᓂᖏᑦ, ᓄᓇᖏᑕ ᒐᕙᒪᓄᑦ ᐊᐅᓚᑕᐅᓂᖏᑦ, ᐃᓕᖅᑯᓯᖃᖃᑎᒌᙱᓐᓂᕐᒧᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐊᔾᔨᒌᙱᑦᑐᓂᑦ ᐊᑑᑎᓯᒪᓂᖏᓐᓂᑦ.

ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᓄᓇᓕᖏᑦ ᐃᓚᐅᑎᑕᐅᙱᓐᓇᓕᒫᖅᑐᑦ ᐋᖅᑭᓱᖅᓯᒪᔪᑎᒍᓪᓗ ᐃᓚᐃᓐᓈᖅᑕᐅᓪᓗᑎᑦ ᓴᓇᔭᐅᓂᖏᓐᓄᑦ ᐊᑐᓕᖅᑎᑕᐅᕙᓪᓕᐊᓂᖏᓐᓂᓪᓗ ᑲᓇᑕᐅᑉ ᓯᓚᒥ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᕐᒧᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐊᕆᕙᑦᑕᖏᓐᓄᑦ. ᑕᒪᓐᓇ ᓯᖁᒥᑦᓯᓂᐅᔪᖅ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖃᕐᓂᕐᒥ ᓇᒻᒥᓂᖅᓱᕈᓐᓇᓂᕐᒧᑦ ᐱᖃᓯᐅᓪᓗᒍᓪᓗ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖃᕐᓂᖅ ᐊᑭᖃᙱᑦᑐᒥᒃ, ᓯᕗᓂᐊᒍᑦ ᑐᑭᓯᒪᑎᑕᐅᑦᓯᐊᕐᓗᑎᑦ ᐊᖏᕈᑕᐅᒋᐊᖃᕐᓂᖓᓂ, ᐱᑖᕆᓯᒪᒐᒥᐅᒃ “ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖃᕐᓂᖅ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᓄᑦ ᐊᖏᕈᓐᓇᕐᓗᑎᑦ ‘ᐄ’ ᐅᑉᕙᓘᓐᓃᑦ ‘ᐋᒡᒐ’ ᐱᕙᓪᓕᐊᑎᑕᐅᒐᓱᐊᖅᑐᓕᒫᕐᓂᑦ ᐊᑦᑐᐃᓂᖃᕈᓐᓇᖅᑐᓂᑦ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖃᕐᓂᖏᓐᓂ ᓄᓇᓕᖏᑦᑕ (ᓱᓇᐅᓂᖓ FPIC, n.d.)”. ᐱᓕᕆᐊᖑᓂᖓ ᓯᕗᓪᓕᕐᒥ (1) ᑎᒍᓯᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᖅ ᐊᐅᓚᑦᓯᓂᕐᒥ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒥ, ᐊᓚᒡᒐᐃᒋᐊᒃᑲᓐᓂᖅᑎᓚᐅᖅᑕᕗᑦ ᒐᕙᒪᑐᖃᒃᑯᑦ ᐊᑐᕐᓂᐊᕐᓂᕋᖅᓯᒪᔭᒥᓂᑦ ᒪᓕᙱᑦᓯᒪᓂᕆᔭᖓ ᑲᓇᑕᓕᒫᕐᒥ ᐃᓄᐃᑦ ᒐᕙᒪᑐᖃᒃᑯᓪᓗ ᐱᓇᓱᐊᖃᑎᒌᓐᓂᖏᑕ, ᐆᑦᑑᑎᖃᖅᑐᖅ ᓯᖁᒥᑦᓯᓯᒪᓂᖏᑕ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖏᓐᓂᑦ ᓇᒻᒥᓂᖅᓱᕈᒪᓂᕐᒧᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐊᑭᖃᙱᑦᑐᒥᒃ, ᓯᕗᓂᐊᒍᑦ ᑐᑭᓯᒪᑎᑕᐅᑦᓯᐊᕐᓗᑎᑦ ᐊᖏᕈᑕᐅᒋᐊᖃᕐᓂᖓᓂ ᑎᑎᕋᖅᑕᐅᕙᓪᓕᐊᓂᖓ ᑲᓇᑕᓕᒫᕐᒨᖓᔪᖅ ᐱᓇᓱᐊᕐᓂᕐᒧᑦ ᐊᑐᐊᒐᖅ ᓴᓗᒪᔪᓂᑦ ᐱᕈᖅᐸᓪᓕᐊᒍᑎᖃᕐᓗᑎᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐱᖃᓯᐅᓪᓗᒍ ᖃᓄᐃᙱᑦᓯᐊᖅᑐᒥ ᐊᕙᑎᖃᕆᐊᖃᕐᓂᖅ ᐊᒻᒪᓗ ᑮᓇᐅᔭᓕᐅᕋᓱᐊᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒧᑦ ᐸᕐᓇᐅᑎᒥ. 

ᐃᓄᐃᑦ ᐃᓚᐅᖃᑕᐅᖏᓐᓇᖅᑐᑦ ᐊᑐᓕᖅᑎᑦᓯᑦᑕᐃᓕᓂᕐᒥ ᐊᑦᑐᖅᑕᐅᒍᑕᐅᒍᓐᓇᖅᑐᓄᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᓄᓇᖏᓐᓂ ᓱᓇᒃᑯᑖᒻᒪᕆᓂ ᐱᑕᖃᖅᑎᑕᐅᙱᒃᑲᓗᐊᕋᒥᑦ ᒐᕙᒪᑐᖃᒃᑯᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐊᕆᕙᑦᑕᖏᓐᓄᑦ. ᑕᒪᑐᒪ ᖃᐅᔨᓴᕆᐊᕐᓂᐅᑉ ᐱᔾᔪᑎᖓ ᒪᑭᑎᑦᓯᒋᐊᒃᑲᓐᓂᕈᒪᓪᓗᑎᑦ ᐱᑕᖃᓪᓚᕆᓐᓂᕆᔭᖓᓂᑦ ᓈᒻᒪᑦᓯᐊᕐᓂᕆᔭᖏᓐᓂᓪᓗ ᐃᓄᐃᑦ ᐱᔾᔪᓯᖏᑦ ᖃᐅᔨᒪᓂᕐᒧᑦ, ᐊᒻᒪᓗ ᑐᓴᖅᑎᑦᓯᒋᐊᒃᑲᓐᓂᕈᒪᓪᓗᑕ ᐱᒻᒪᕆᐅᓂᖏᓐᓂᑦ ᐃᓄᐃᑦ ᑕᑯᓐᓇᕐᓂᕆᔭᖏᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᖃᑦᑕᓂᕐᒥ.  ᑐᑭᓯᓇᑦᓯᐊᖅᑐᓂᑦ ᐃᓕᔾᔪᑎᑦᓴᖃᖅᑐᖅ ᒫᓐᓇᒃᑯᑦ ᐱᑕᖃᙱᓗᐊᕐᓂᖏᓐᓄᑦ ᐃᓚᐅᑎᑦᓯᒋᐊᕐᓂᕐᒧᑦ ᐱᓕᕆᔾᔪᓯᐅᕙᑦᑐᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᖅᐸᓪᓕᐊᓂᕐᒧᑦ. ᐃᓄᐃᑦ ᐅᖃᐅᓯᖃᖃᑦᑕᐃᓐᓇᖅᓯᒪᔪᑦ ᓇᒻᒥᓂᖅ ᓯᕗᓪᓕᐅᑎᒍᒪᔭᕐᒥᓂᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕐᓂᕐᒧᑦ ᐃᓚᐅᑎᑦᓯᒋᐊᕐᓂᕐᒧᓪᓗ, ᑐᑭᓯᑎᑦᓯᒋᐊᖅᑐᑎᑦ ᐊᑑᑎᖃᓪᓚᕆᑦᑐᓂᑦ ᐃᒫᖓᐃᕆᐊᕈᑕᐅᒍᓐᓇᖅᑐᓂᓪᓗ. ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᖏᑦ, ᐱᖃᓯᐅᓪᓗᒋᑦ ᐊᓯᖏᑦ ᐊᕙᑎᓕᕆᓂᕐᒧᑦ ᑎᒥᐅᔪᑦ, ᐃᓕᑦᑐᓐᓇᖅᑐᑦ ᐃᓕᑦᑕᕆᐊᖃᖅᑐᑎᓪᓗ ᑕᒪᒃᑯᓂᖓ ᐊᐅᓚᑦᓯᑦᓯᐊᕐᓂᕐᓴᐅᒍᓐᓇᖁᓪᓗᒋᑦ ᑲᑎᒪᓂᐅᔪᓂᑦ, ᑐᙵᕕᖃᕐᓂᖅᓴᓂᑦ ᖃᐅᔨᓴᕈᑎᖃᖅᐸᓪᓗᑎᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑕᐅᓂᐊᖅᑐᓄᑦ ᐱᔾᔪᑎᒋᓪᓗᒍ ᑖᓐᓇ ᖃᐅᔨᓴᕈᑕᐅᔪᖅ.  

ᑕᒪᓐᓇ ᕿᒥᕐᕈᔭᐅᕙᓪᓕᐊᔪᖅ ᑐᑭᓯᒋᐊᕈᑕᐅᒍᓐᓇᖅᑐᓂᑦ ᐱᓇᓱᐊᕈᑎᖃᕐᓂᖅ ᐱᒻᒪᕆᐅᔪᖅ ᑐᑭᓯᒪᖁᓪᓗᑕ ᖃᓄᖅ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᒋᓯᒪᔭᖏᑦ ᓈᒻᒪᑦᓯᐊᖅᑐᓂᑦ ᐃᓚᐅᑎᑦᓯᓂᕐᒥ ᑭᒡᒐᑐᖅᑕᐅᓗᑎᓪᓗ ᐃᓄᐃᑦ ᖃᐅᔨᒪᔭᑐᖃᖏᑦ ᓄᓇᕐᔪᐊᒥᓪᓗ ᑕᑯᓐᓇᕈᓯᖏᑦ ᓯᓚᒨᖓᔪᓂᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑕᐅᕙᑦᑐᓄᑦ? ᐱᒋᐊᕈᑎᖃᖅᑯᒍᑦ ᓇᓗᓇᐃᔭᖅᑐᒋᑦ ᐃᓚᖏᑦ ᐊᐳᖅᑕᕈᑕᐅᕙᑦᑐᑦ ᐃᓄᓐᓄᑦ ᐃᓚᐅᖃᑕᐅᓂᕐᒥ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕐᓂᕐᒥ. ᐃᓕᒍᑎᒋᓂᐊᕆᓪᓗᑎᒍᓪᓗ ᖃᓄᖅ ᐃᓄᑦ ᑭᐅᔾᔪᑎᖃᖅᐸᓪᓕᐊᒻᒪᖔᑕ ᑕᒪᒃᑯᓄᖓ ᐊᐳᕈᑕᐅᕙᑦᑐᓄᑦ. ᑭᖑᓪᓕᕐᐹᕐᒥ, ᕿᒥᕐᕈᒋᐊᕐᓂᖃᖅᑯᒍᑦ ᖃᓄᖅ ᓯᕗᒧᐊᒋᐊᕈᓐᓇᕐᒪᖔᑕ ᐃᓚᐅᑎᑕᐅᑦᓯᐊᕐᓗᑎᑦ ᓇᓕᒧᒌᓐᓂᒃᑯᑦ ᐃᓄᐃᑦ ᑕᑯᓐᓇᕐᓂᕆᔭᖏᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕐᓂᒥ ᐱᓇᓱᐊᖃᑕᐅᑦᓯᐊᕐᓗᑎᑦ ᑖᑦᓱᒥᖓᑦᓴᐃᓐᓇᖅ ᑕᐅᑐᒐᖃᓕᕐᓗᑎᑦ ᓯᓚᐅᑦ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐋᖅᑭᒋᐊᕈᑕᐅᔪᓄᑦ.  

ᑐᕌᒐᕆᔭᖏᑦ ᑕᒪᑐᒪ ᖃᐅᔨᓴᕈᑕᐅᔫᑉ ᒪᑯᐊᖑᔪᑦ:

  1. ᑐᑭᓯᕙᓪᓕᐊᒍᑎᒋᓗᒋᑦ ᐃᓄᐃᑦ ᐊᑐᕆᐊᖅᐸᑦᑕᖏᓐᓂᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕐᓂᕐᒥ ᑲᓇᑕᓕᒫᕐᒥ ᒪᓕᓪᓗᒋᑦ ᐃᓕᓴᖅᑕᐅᒍᑎᒋᓯᒪᔭᖏᑦ, ᐱᖁᔭᓕᕆᔾᔪᓯᖏᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᓄᓇᕐᔪᐊᕐᒥ ᑕᑯᓐᓇᕐᓂᕆᔭᖏᑦ. 
  2. ᐃᑲᔪᖅᑐᖅᑕᐅᒍᒪᓪᓗᑕ ᐱᖁᔨᕗᖔᓕᐅᖅᑎᓪᓗᑕ ᐃᓄᐃᑦ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖏᑦ, ᓄᓇᕐᔪᐊᕐᒥ ᑕᑯᓐᓇᕐᓂᕆᔭᖏᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐱᖁᔭᖏᑦ ᑭᒡᒐᑐᖅᑕᐅᑦᓯᐊᐊᓗᐊᕐᒪᖔᑕ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᒋᓯᒪᔭᖏᑎᒍᓯᒋᐊᕈᑎᖃᕐᓂᖅ ᐊᐅᓚᑦᓯᓂᕐᒥ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᑐᐊᒐᓕᐅᕈᑎᖃᕐᓂᕐᒥ ᐱᓕᕆᐊᕆᔭᖓᓂ. ᐱᔭᐅᖃᓯᐅᑎᒍᒪᒻᒥᔪᖅ ᑕᒪᑐᒪᓂ ᑐᕌᒐᕆᔭᐅᔪᒥ ᑲᔪᖏᖅᑐᖅᑕᐅᓗᑎᑦ ᐊᓯᖏᑦ ᐊᕙᑎᓕᕆᓂᕐᒧᑦ ᑎᒥᐅᔪᑦ ᒐᕙᒪᐅᔪᓪᓗ ᑕᐃᒫᑦᓴᐃᓐᓇᒐᓚᒃ ᐱᓇᓱᐊᕈᑎᖃᕐᓗᑎᑦ. 
  3. ᓴᙱᓕᕆᐊᖅᑕᐅᓗᑎᑦ ᐱᓇᓱᐊᖃᑎᒌᓐᓂᕆᔭᖏᖅ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᑦ ᐊᐅᓚᔾᔭᒋᐊᕈᑎᖏᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐃᓄᐃᑦ ᓄᓇᖃᖅᑐᑦ ᐃᓄᐃᑦ ᓄᓇᖓᓐᓂ.  

Méthodologie

Reconnaissant les paysages géopolitiques uniques, les histoires particulières et les cultures diverses qui façonnent les Inuits dans leur ensemble, comme l’a articulé Kuokkanen (2007), cette étude se concentre délibérément au Canada. Il est important de noter que le contexte canadien diffère de celui de la Scandinavie ou du Groenland, et ces distinctions jouent un rôle crucial dans la compréhension de l’autodétermination dans les différentes régions.

En tant que seule organisation autochtone de lutte contre le changement climatique au Canada, l’ICA a la responsabilité de faciliter une mobilisation concrète de nos proches dans le développement de nos offres organisationnelles afin de ne pas risquer de reproduire les fonctions d’une approche pan-autochtone du développement des connaissances. S’éloigner d’un discours eurocentrique et se tourner vers un discours enraciné dans la réappropriation, la réécriture et la recherche à partir de nos propres façons distinctes de savoir nous permet de nourrir et de renforcer les visions du monde autochtones.

Par conséquent, nous avons mené cette recherche en utilisant un paradigme de résurgence autochtone. Comme le suggère le chercheur cherokee Jeff Corntassel (2021), un paradigme de résurgence autochtone reformule la colonisation : les priorités ne sont plus liées à l’État mais se concentrent plutôt sur les relations entre l’identité nationale autochtone, les pratiques basées sur le lieu et centrées sur la communauté qui travaillent à revitaliser les actes de renouveau et de régénération. Il n’y a pas d’approche unique à la résurgence, elle est constamment réimaginée et réenvisagée en fonction des paysages terrestres et marins autochtones ancrés dans le contexte. Cependant, le chercheur cherokee Jeff Corntassel met en évidence quatre éléments interconnectés qui se distinguent des mobilisations résurgentes passées et de la littérature émergente (Corntassel 2021, p. 74) :

1. Mettre au centre l’identité nationale autochtone et la gouvernance basée sur la terre/l’eau;

2. Honorer et pratiquer les responsabilités relationnelles, qui forment la base de l’autorité autochtone qui s’autodétermine;

3. Se détourner de l’État et décentrer la politique de reconnaissance, d’hétéropatriarcat et de colonialisme des colons;

4. S’engager dans des actes quotidiens de renouveau, de mémoire et de régénération.

La méthodologie retenue repose sur notre compréhension que le besoin de stratégies contextuellement ancrées dans les façons de savoir inuites ne peut être sous-estimé. Quels sont les différents endroits où nous pourrions développer des relations avec des personnes ou des lieux dans la recherche de connaissances? À quoi ressemblent les méthodes de production de connaissances contextuellement ancrées? Ce sont là quelques-unes des questions que nous nous posons dans l’application d’un paradigme de résurgence autochtone.

Au cours de cette étude de cas, nous avons entrepris une analyse critique de la littérature existante centrée sur les approches inuites du changement climatique. Nous avons consulté un large éventail de sources pour bien comprendre la situation, notamment :

  • les politiques fédérales,
  • les organisations représentatives inuites,
  • les pratiques communautaires et les enseignements culturels.

Dans le cadre d’un paradigme de résurgence autochtone, nous avons principalement recherché une littérature axée sur les relations entre l’identité nationale, les relations basées sur le lieu et les pratiques centrées sur la communauté. D’un point de vue géographique, la littérature était centrée sur le Canada; cependant, nous reconnaissons que des organisations comme l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), une organisation internationale non gouvernementale représentant les Inuits d’Alaska, du Canada, du Groenland et de Russie, sont au service des Inuits à l’échelle internationale.

De plus, nous avons interviewé des participants inuits familiers des offres de l’ICA afin d’élargir notre travail de Décolonisation de la politique climatique pour garantir que les droits, les points de vue et les approches des Inuits soient inclus et trouvent une place centrale. Tout au long de cette analyse, nous avons recherché des thèmes sur la manière dont la crise climatique est décrite, les insuffisances des politiques actuelles, les valeurs et les relations qui devraient être mises en avant à l’avenir et les solutions proposées.


Bannière Indigenous Climate Action

Pourquoi les cadres politiques actuels posent des obstacles importants à la participation des Inuits

La crise climatique, déjà sévère, est aggravée pour les Inuits de tout l’Inuit Nunangat (composé de quatre régions : l’Inuvialuit [Territoires du Nord-Ouest et Yukon], le Nunavik [Nord du Québec], le Nunatsiavut [Labrador] et le Nunavut), en raison de sa localisation éloignée, de ses conditions environnementales uniques et de l’héritage persistant du colonialisme. Ainsi, les Inuits sont confrontés aux effets exacerbés du changement climatique, tels que le dégel du pergélisol, la fonte de la banquise et des conditions météorologiques extrêmes. 

Le cadre de la politique climatique fédérale du Canada continue de poser des obstacles importants à la mobilisation concrète des Inuits. En premier lieu, le cadre actuel de la politique climatique fédérale ne différencie pas les régions nord des régions sud, et ainsi ne parvient pas à créer des stratégies pour aborder correctement le changement climatique en fonction des différentes régions géographiques. C’est ce que confirme une femme inuite, Bryanna Brown, qui explique :

« Le manque de compréhension de la manière dont nous vivons dans le Nord est vraiment différent de celle du Sud. Donc parfois, beaucoup de choses ne sont pas prises en compte, par exemple, les problèmes que nous avons avec l’infrastructure et le pergélisol, et comment cela cause des difficultés avec des problèmes comme la plomberie et la gestion des déchets. Ou les problèmes de capacité dans divers départements et les problèmes d’insécurité alimentaire et comment cela a des répercussions sur les gens et sur leur capacité à continuer à travailler. » (B. Brown, communication personnelle, 4 avril 2024)

Une compréhension approfondie des expériences de la colonisation et de la manière dont elles se sont manifestées différemment d’un océan à l’autre, ainsi que des impacts qui en ont découlé, est nécessaire pour soutenir l’autodétermination des Inuits. Un autre obstacle évident à la mobilisation concrète des Inuits dans le cadre fédéral existant est la nature symbolique de la mobilisation des peuples autochtones, les communautés étant souvent consultées pour la forme plutôt qu’en tant que partenaires égaux dans les processus de prise de décision. Par exemple, lors de l’élaboration du Cadre pancanadien, il y avait une absence flagrante de mécanismes pour garantir que l’Assemblée des Premières Nations (APN), l’ITK et le Ralliement national des Métis (RNM) puissent recueillir des avis pertinents sur le Cadre au nom des peuples autochtones qu’ils sont censés représenter (DPC, 2019). Comme le souligne Russel Diabo (2017), cette omission a permis au Canada d’induire le public en erreur sur l’étendue de la participation des peuples autochtones et a créé une façade de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause (CPLCC).

les Inuits sont confrontés aux effets exacerbés du changement climatique, tels que le dégel du pergélisol, la fonte de la banquise et des conditions météorologiques extrêmes. 

Un autre exemple flagrant peut être observé dans le cadre de l’élaboration du Plan de réduction des émissions (PRE) pour 2030, dont le rapport d’étape 2023 a indiqué que les peuples autochtones estimaient que les délais de mobilisation dans le cadre du PRE 2030 étaient inadéquats et « ont souligné la nécessité de leur participation précoce, concrète et cohérente dans les politiques et programmes climatiques fédéraux » (Rapport d’étape du PRE, p. 58).

Un phénomène connu sous le nom de « cloisonnement » exacerbe ces défis en donnant la priorité à la mobilisation des organisations politiques dirigées par des Autochtones plutôt que des organisations de la base et communautaires, ce qui entrave encore la participation des peuples autochtones en excluant des points de vue essentiels. Pour en savoir plus sur les obstacles existants aux solutions climatiques dirigées par des Autochtones, consultez notre DPC Phase 2 Partie 1 récemment publié.


Résultats

Les Inuits ont constamment plaidé pour la protection de leurs terres, de leurs eaux et de leurs moyens de subsistance par divers moyens, notamment la gouvernance inuite, l’organisation communautaire et les actions directes de la base. La présente section approfondira les stratégies de plaidoyer employées dans l’ensemble de l’Inuit Nunangat et soulignera l’importance de la mobilisation appropriée de l’ICA (et d’autres ONG environnementales) de ces stratégies.

Les organisations de gouvernance représentatives des Inuits ont fourni des voies claires et des étapes concrètes pour assurer l’inclusion des connaissances inuites. En 2019, l’Inuit Tapiriit Kanatami a introduit la Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques (SNICM) qui visait à cerner les priorités climatiques dans l’ensemble de l’Inuit Nunangat. Cette organisation a fourni un point de départ pour que les gouvernements provinciaux et fédéraux, les instances internationales et les organisations non gouvernementales coordonnent les stratégies climatiques au sein de l’Inuit Nunangat. L’objectif était de façonner les politiques climatiques aux niveaux local, régional, national et international, en favorisant la recherche, l’élaboration de politiques et les actions dirigées par les Inuits grâce à des partenariats éthiques qui répondent aux besoins uniques, urgents et divers (ITK, 2019).

La stratégie met en lumière des actions visant à accroître l’accessibilité de l’information grâce à des transferts de connaissances pour et avec les Inuits, ainsi qu’à la recherche dirigée par les Inuits. Voici les cinq principales priorités d’action relevées :

  1. « Renforcer la capacité des Inuits et l’utilisation des connaissances inuites dans la prise de décision climatique.
  2. Améliorer les résultats liés à la santé et au bien-être des Inuits et de l’environnement par des politiques et des initiatives intégrées en matière de santé, d’éducation et de climat pour les Inuits.
  3. Réduire la vulnérabilité des réseaux alimentaires des Inuits et du marché.
  4. Combler le fossé infrastructurel avec des constructions neuves à l’épreuve du climat, la mise aux normes des constructions existantes et des adaptations inuites aux infrastructures naturelles changeantes.
  5. Soutenir les solutions énergétiques régionales et communautaires conduisant à l’indépendance énergétique des Inuits. » (ITK 2019, p. 19)

Bien que non spécialisé dans le climat, l’organisation nationale représentant les droits et les intérêts des Inuits vivant au Canada, l’Inuit Circumpolar Council, a publié en 2023 un rapport intitulé Circumpolar Inuit Protocols for Equitable and Ethical Engagement (protocoles inuits circumpolaires pour une mobilisation équitable et éthique). Ce rapport décrit les pratiques exemplaires pour les chercheurs, les décideurs et les autres parties intéressées par la promotion des droits interreliés, interdépendants et indivisibles des Inuits. On distingue huit protocoles :

  1. « Rien sur nous sans nous » — Toujours mobiliser les Inuits
  2. Reconnaître les connaissances autochtones en tant que telles
  3. Pratiquer une bonne gouvernance
  4. Communiquer avec intention
  5. Faire preuve de responsabilité — Construire la confiance
  6. Établir des partenariats concrets
  7. Partage, propriété et permissions des informations et des données
  8. Financer équitablement la représentation et les connaissances inuites (ICC 2023, p. 14).

Ces protocoles fournissent une voie collective pour la mobilisation des Inuits dans la poursuite de la justice climatique, appelant le gouvernement fédéral à aborder cette mobilisation avec la reconnaissance que les Inuits ont un droit à l’autodétermination qui doit être respecté dans le cadre de tout programme, politique ou service climatique mis en œuvre sur leur territoire (ITK, 2019). De plus, ils soulignent que les voix et les points de vue des aînés, des femmes, des jeunes, des enfants et des personnes handicapées inuits doivent être au centre des initiatives climatiques (ITK, 2019).

Au cours de notre discussion, Bryanna Brown a souligné les avantages d’un front uni parmi les organisations représentatives inuites. Ces organisations ont mis en place des mécanismes de coopération qui, selon elle, offrent une voie prometteuse pour l’intégration efficace des politiques climatiques, car elles facilitent des processus décisionnels apparemment plus rapides (communication personnelle, 4 avril 2024).

Cependant, des processus décisionnels plus rapides ne sont pas avantageux s’ils n’incluent pas toutes les voix de la communauté, ce qui est souvent le cas dans les relations entre la Couronne et les Inuits où la représentation se limite souvent aux affiliés des organisations politiques. Un des jeunes Inuits interviewés a estimé que la mobilisation inclusive devrait aller au-delà des organisations politiques :

 « Les personnes qui devraient être incluses sont celles qui vivent dans la communauté et qui vivent directement les changements. La question n’est pas qui est présent mais qui n’est pas présent dans les espaces de décision » (M. Dicker, communication personnelle, 5 avril 2024).

Par exemple, les jeunes, qui subissent de manière disproportionnée les conséquences du changement climatique, sont souvent exclus des processus décisionnels. Les jeunes apportent des dons, des connaissances et des points de vue pour répondre à la crise climatique. Il est impératif de les encourager à devenir des participants actifs. Pour ce faire, nous devons aller au-delà d’une simple invitation aux tables de décision et nous assurer que leurs points de vue sont valorisés et mis en œuvre dans les mesures prises.

Les organisateurs de la base et communautaires ont des points de vue vitaux en raison de leur nature ancrée dans le lieu. Il est essentiel d’établir un lien avec le lieu pour vraiment comprendre les répercussions de la crise climatique : « Si les gens ne vivent pas quelque chose directement, ou n’ont pas de lien avec un lieu… ils ne vivent pas les mêmes choses. Il pourrait être plus facile de le repousser ou de laisser faire » (M. Dicker, communication personnelle, 5 avril 2024).

Examiner les stratégies de mobilisation produites par les organisations représentatives inuites met en lumière l’importance pour l’ICA et d’autres ONG environnementales d’employer des approches inclusives pour la mobilisation et la prise de décision. Compléter cet examen par des interviews montre combien il peut être difficile de s’assurer que les bonnes voix sont incluses dans le processus de mobilisation, malgré des appels explicites à prioriser les points de vue des aînés, des femmes, des enfants et des jeunes Inuits dans la stratégie de mobilisation de l’ITK. En adoptant les protocoles tout en reconnaissant les obstacles à leur mise en œuvre, des organisations comme l’ICA peuvent être plus attentives à leurs voies de mobilisation afin de contribuer à des efforts plus efficaces et inclusifs en faveur de la justice climatique dirigée par les Inuits.


Voie à suivre

Les plus grandes menaces aux droits fonciers et à la réalisation des solutions climatiques dirigées par les Autochtones sont les systèmes de colonisation, le financement et les soutiens inadéquats en cours, et l’absence de diffusion directe d’informations critiques aux communautés. Essentiellement, il y a un manquement au respect du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause : on maintient les communautés dans l’ignorance, en soutenant les processus de recherche effectués sur nos communautés plutôt que par ou pour nos communautés. Il y a de toute évidence un manque d’information, un manque de financement et d’accès aux espaces décisionnels qui laissent nos communautés en déficit, ajoutant une couche écrasante de complexité à l’avancement de nos solutions.

Les plus grandes menaces aux droits fonciers et à la réalisation des solutions climatiques dirigées par les Autochtones sont les systèmes de colonisation, le financement et les soutiens inadéquats en cours, et l’absence de diffusion directe d’informations critiques aux communautés.

Comme on l’a vu ci-dessus, les Inuits ont pris le temps de poser les bases de leur mobilisation efficace sur la politique climatique. Nous devons respecter et honorer ce travail en nous y engageant et en l’appliquant à notre approche.

La voie à suivre pour l’ICA dans la représentation inclusive des connaissances et des visions du monde inuites dans notre travail nécessite une approche contextuellement ancrée. Il faut pour cela reconnaître et respecter les facteurs socioéconomiques, géopolitiques, culturels et historiques uniques auxquels les Inuits sont confrontés. Il s’agit de favoriser une mobilisation inclusive des Inuits à tous les niveaux, qui intègre toutes les expériences vécues. L’ICA s’engage et prévoit de s’engager dans ce travail par les actions et initiatives suivantes :

Réaliser les droits des Inuits par le développement et le partage accrus des connaissances

L’ICA est en train de revoir ses méthodes de recherche et son processus éthique. La présente étude de cas est un jalon pour les travaux futurs sur de meilleurs processus de mobilisation avec les Inuits, qui éclairera la DPC 3 et d’autres travaux pertinents.

Centrer les systèmes de connaissances inuites en continuant à prioriser les pratiques exemplaires, à inclure les voix marginalisées et à contrer la désinformation

La recherche sert d’outil pour promouvoir diverses formes d’impérialisme économique et culturel en façonnant et en approuvant des relations de pouvoir injustes (Smith, 2019). Les connaissances autochtones sont souvent perçues comme secondaires par rapport à la validité présumée des connaissances occidentales, ce qui conduit à leur détournement et à leur exploitation. Ce sentiment se reflète souvent dans les méthodes de mobilisation qui facilitent la collecte de données des chercheurs.

Les connaissances autochtones sont souvent perçues comme secondaires par rapport à la validité présumée des connaissances occidentales, ce qui conduit à leur détournement et à leur exploitation

La légitimité accordée aux politiques par la recherche souligne l’importance de la mobilisation inclusive dans le processus de recherche. Adopter une approche contextuellement ancrée pour la collecte de données inclut l’adoption d’une approche contextuellement ancrée pour la mobilisation, ce qui signifie aller au-delà des idées occidentales sur les voix qui devraient être incluses. Pour que les politiques soient adaptées aux communautés locales, elles doivent fournir une compréhension complète des défis et opportunités uniques existants, qui ne peuvent provenir que de l’expérience vécue.

Le processus de centrage des systèmes de connaissances inuites exige également que nous priorisions les relations avec la terre. La structure du comité consultatif de l’ICA était intentionnellement composée de représentants de chacun des cinq biomes. Les biomes sont caractérisés par leurs conditions climatiques distinctes et leurs combinaisons uniques de caractéristiques biotiques et abiotiques (DPC Phase 2 : Partie 1, 2023). Notre inspiration a été tirée de notre désir d’intégrer les connaissances autochtones de différentes terres et leurs communautés humaines et non humaines. Tout au long du projet colonial, les peuples autochtones ont été regroupés de manière à nous priver de notre relationnalité les uns avec les autres, avec nos proches non humains et avec la terre. Les processus décisionnels qui tirent parti des observations et des efforts des communautés locales fournissent une compréhension plus holistique de la crise climatique.

Le processus de centrage des systèmes de connaissances inuites exige également que nous priorisions les relations avec la terre.

Soutenir les Inuits dans le développement de stratégies climatiques pertinentes et efficaces au-delà des solutions réactives, remplacées par des solutions dirigées par la communauté

Il est évident qu’une analyse plus approfondie des avantages potentiels des approches contextuellement ancrées pour réduire la crise climatique est nécessaire. Mais la réalité est que les mécanismes de financement pour soutenir ce travail à l’échelle requise sont inadéquats. Une autre façon de faire est de fournir les ressources et les délais adéquats pour que les Inuits puissent contribuer de manière concrète, ainsi que de soutenir les solutions dirigées par la communauté et les observations locales de la terre.


Conclusion

Dans le cadre d’un paradigme de résurgence autochtone, la présente étude de cas visait à comprendre comment l’ICA et d’autres ONG environnementales peuvent participer et contribuer à une mobilisation et à une représentation appropriées des connaissances et de la vision du monde inuites dans les politiques climatiques.

Ce que nous avons constaté, c’est que cela exige une compréhension globale des facteurs uniques qui façonnent la communauté inuite, ainsi qu’une approche contextuelle de l’élaboration des politiques. En centrant les voix inuites, l’ACI et d’autres ONG environnementales peuvent contribuer à des efforts plus efficaces et inclusifs en faveur d’une justice climatique dirigée par les Inuits.

La voie à suivre consiste à déployer des efforts concertés pour éliminer les obstacles structurels et favoriser la mobilisation inclusive des Inuits à tous les niveaux, qui intègre toutes les expériences vécues. Cette étude sert d’appel à l’action pour Indigenous Climate Action et d’autres ONG environnementales, dans le but de renforcer leurs relations avec les Inuits, d’élever les systèmes de connaissances des Inuits et de promouvoir des politiques fondées sur l’autodétermination et les notions de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.


Sources (cliquer pour agrandir)

Aporta, Claudio & Bishop, Breanna & Choi, Olivia & Wang, Weishan. 2020. Knowledge and Data: An Exploration of the Use of Inuit Knowledge in Decision Support Systems in Marine Management.

Canada. (2023). Rapport d’étape 2023 sur le Plan de réduction des émissions pour 2030 : Partie I. Extrait de https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/plan-climatique/survol-plan-climatique/reduction-emissions-2030/rapport-etape-2023/partie-1.html

Canada. (s.d.). Le partenariat du Canada avec les peuples autochtones sur le climat. Extrait de https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/changements-climatiques/partenariat-autochtone.html

Corntassel, J. (2021). Life Beyond the State: Regenerating Indigenous International Relations and Everyday.Challenges to Settler Colonialism. Vol. 2021 No. 1 (2021): The Politics of Indigeneity, Anarchist Praxis, and Decolonization.

Indigenous Climate Action. (2023). Décolonisation de la politique climatique au Canada Rapport de la première phase. Extrait de https://static1.squarespace.com/static/5e8e4b5ae8628564ab4bc44c/t/6086ca7897326e3f522e608c/1619446397209/pcf_critique_FR_FINAL.pdf

Indigenous Climate Action. (2023). Decolonizing Climate Policy: Phase 2, Part 1. Extrait de https://www.indigenousclimateaction.com/programs/decolonizing-climate-policy

Indigenous Climate Action. (2024). Decolonizing Climate Policy. Extrait de https://www.indigenousclimateaction.com/programs/decolonizing-climate-policy

Indigenous Climate Action. (2024). Decolonizing Climate Policy: Phase 2 Part 2. À venir.

Inuit Circumpolar Council. (s.d.). À propos de l’ICC. Extrait de https://www.inuitcircumpolar.com/about-icc/

Inuit Circumpolar Council. (2022). Circumpolar Inuit Protocols for Equitable and Ethical Engagement. Extrait de https://www.inuitcircumpolar.com/project/circumpolar-inuit-protocols-for-equitable-and-ethical-engagement/

Inuit Tapiriit Kanatami. (2019). Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques. Extrait de https://www.itk.ca/wp-content/uploads/2019/07/ITK_Climate-Change-Strategy_French-Online.pdf

Kuokkanen, R. (2007). Indigenous self-government in the Arctic: Assessing the scope and legitimacy in Nunavut, Greenland, and Sápmi.

Smith, L. T. (2019). Decolonizing Methodologies. Bloomsbury.
« What is FPIC? » s.d. Extrait de https://whatis.fpic.info/#:~:text=Free%2C%20Prior%20%26%20Informed%20Consent%20is,collective%20rights%20of%20their%20communities