La réduction des émissions pétrogazières passe par la réglementation du méthane, ça va de soi

OTTAWA Anna Kanduth, directrice du projet 440 mégatonnes à l’Institut climatique du Canada, a fait la déclaration suivante à la suite de l’annonce du Canada concernant la réglementation visant à réduire de 75 % par rapport aux niveaux de 2012 les émissions de méthane générées par le secteur pétrolier et gazier en amont d’ici 2030 :

« Dans la lutte contre les changements climatiques au Canada, la réduction des émissions pétrogazières passe par la réglementation du méthane, ça va de soi. Une réglementation stricte visant à limiter la pollution par le méthane est généralement considérée comme le moyen le plus simple et le moins coûteux à cet effet.

« Nos recherches ont montré qu’en réduisant les émissions de méthane de 75 % par rapport aux niveaux de 2012 d’ici à 2030, l’industrie pétrogazière se rapprocherait au moins d’un tiers des projections pour les émissions présentées dans le Plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral, ce qui permettrait à l’industrie de respecter plus facilement et à moindre coût un plafond d’émissions pour le pétrole et le gaz. Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de finaliser rapidement ce règlement, afin d’accélérer la lutte contre les changements climatiques tout en renforçant la compétitivité de l’économie canadienne sur les marchés mondiaux qui sont en transition rapide vers des produits à bas-carbone. 

« La réduction de 75 % du méthane issu des activités utilisant des combustibles fossiles d’ici 2030, voilà l’une des trois mesures cruciales que l’Agence internationale de l’énergie a établies pour aligner le secteur mondial de l’énergie sur l’objectif de 1,5 °C, et une mesure importante que la communauté mondiale doit appuyer lors de la COP28. Le Canada fait partie des plus de 150 pays à avoir ratifié un engagement mondial en faveur de la réduction du méthane en 2021. Il est donc entouré de bons alliés pour lutter contre le méthane. Renforcer l’ambition sur le méthane aux côtés des principaux partenaires internationaux, comme les États-Unis, est bénéfique pour l’action climatique, la collaboration transfrontalière et la compétitivité économique du Canada. 

« La réduction de 75 % des émissions de méthane d’ici à 2030 est de plus en plus considérée comme un plancher, et non comme un plafond. Le gouvernement fédéral s’est déjà engagé à dépasser cet objectif, et certaines des plus grandes sociétés pétrolières et gazières du monde visent un taux avoisinant zéro d’ici à 2030. La Colombie-Britannique, quant à elle, s’est engagée à éliminer la quasi-totalité du méthane industriel d’ici 2035, et l’Alberta explore des pistes pour atteindre jusqu’à 80% d’ici 2030.

« Le Centre d’excellence sur le méthane nouvellement annoncé est un pas en avant essentiel et aidera à améliorer la façon dont les émissions de méthane sont mesurées. Ces dix dernières années, l’industrie a fait des progrès prometteurs en matière de réduction du méthane. Il est cependant difficile d’évaluer de manière crédible l’efficacité de ces efforts lorsque la recherche continue de montrer que les niveaux réels de méthane sont beaucoup plus élevés que les estimations actuelles

« La réglementation sur le méthane aura des retombées importantes, mais elle ne suffira pas à elle seule à aligner les émissions issues du pétrole et du gaz sur les objectifs climatiques du Canada. C’est pourquoi il faut prendre des mesures supplémentaires, notamment en établissant un plafond strict pour limiter ces émissions. Le pétrole et le gaz sont les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre au Canada, et ceux dont la croissance est la plus rapide. D’autres secteurs qui en génèrent beaucoup parviennent à réduire leur part, mais les émissions de pétrole et de gaz continuent d’augmenter, ce qui éloigne les objectifs climatiques du Canada, érode la compétitivité de l’industrie et contribue à l’aggravation des répercussions climatiques et à la montée en flèche des coûts pour les Canadiens. »

PERSONNE-RESSOURCE

Catharine Tunnacliffe
Directrice, Communications
Institut climatique du Canada
(226) 212-9883
ctunnacliffe@institutclimatique.ca

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