Crédit d'image: Des dégâts sont visibles à côté de la rivière Guadalupe le mardi 8 juillet 2025, après qu'une crue soudaine ait balayé la région près d'Ingram, au Texas. (AP Photo/Ashley Landis)

Les catastrophes climatiques imposent le respect, mais nous ne pouvons pas taire leurs causes

Il est difficile, mais nécessaire, de faire le lien entre les tragédies climatiques et les facteurs du réchauffement climatique.

Cet article a précédemment été publié dans Corporate Knights.

Si vous lisez cet article, vous êtes probablement déjà au fait des récentes catastrophes météorologiques liées au climat. Vous ou des gens autour de vous en avez peut-être même été victimes.

La plus récente tragédie : les déchirantes crues soudaines à récurrence de 1 000 ans au Texas, qui ont coûté la vie à plus d’une centaine de personnes, dont 27 enfants et membres du personnel dans un camp d’été pour filles.

Ici au Canada, nous sommes aux prises avec une saison des feux de forêt dévastatrice, qui est en voie de se hisser au deuxième rang des pires jamais enregistrées. Partout au pays, particulièrement dans les communautés éloignées, nordiques et autochtones, les gens se voient contraints de fuir ou de vivre dans l’angoisse du lendemain. D’énormes nuages de fumée suffocante se répandent sur les grands centres urbains du Canada et des États-Unis, comme ce fut le cas lors de la saison record des feux de forêt en 2023.

Rappelons-nous aussi juillet dernier, où toute la ville de Jasper a failli être engloutie par les flammes, et les feux de forêt catastrophiques à Los Angeles en janvier.

On pourrait donner une foule d’autres exemples, qui auraient tous la même chose en commun : une tragédie et une souffrance humaines immédiates et incalculables, qui se traduisent par des vies bouleversées, des êtres chers à jamais perdus et des cicatrices indélébiles.

Et derrière tout ça, il y a les changements climatiques. 

C’est lors de ces catastrophes naturelles que le terme scientifique, neutre et aseptisé, de “changements climatiques” dévoile son caractère brutal. Ils provoquent un drame humain d’une ampleur sans précédent, qui se déroule sous nos yeux, presque au ralenti. « Presque », parce que les catastrophes se succèdent de plus en plus vite à mesure que le réchauffement de la planète s’accélère.

Mais que faire face à ce constat? Et comment pouvons-nous parler de ces événements d’une manière sensible à la souffrance humaine sans voiler la force accélératrice du changement climatique?

Trouver l’équilibre est délicat

En tête de la liste de tâches figurent la réduction rapide de la pollution par le carbone que nous émettons dans l’air et le développement d’une économie plus propre. Nous pouvons aussi prendre une foule de mesures pour protéger nos collectivités et nous assurer d’être mieux préparés aux catastrophes futures.

Prises de concert, ces deux actions permettront de réduire considérablement les coûts – notamment sur le plan humain –, comme l’a montré en détail l’Institut climatique du Canada (qui a d’ailleurs mis en ligne un outil pour suivre les coûts des changements climatiques liés aux phénomènes météorologiques extrêmes récents).

Toutefois, une part de la problématique consiste à aider la population à acquérir une compréhension plus viscérale de la réalité à laquelle nous faisons tous face. Les gens font-ils le lien entre ces événements tragiques et les changements climatiques?

C’est une question importante, parce qu’en dehors de ces catastrophes, les changements climatiques peuvent sembler bien moins concrets, eux qui sont souvent exprimés dans le vocabulaire plus abstrait de la science ou de la politique. 

La réponse semble être que, oui, de nombreux Canadiens font le lien entre ces phénomènes et les changements climatiques, en particulier les feux de forêt. Et ce, malgré l’absence de couverture médiatique établissant un lien entre les deux. Selon une analyse récente, seuls 16% des articles de presse au Canada lient explicitement les feux de forêt et les changements climatiques. Il reste encore beaucoup à faire pour faire comprendre que l’une et l’autre occurrence sont indissociables.

Pour ceux qui œuvrent à accélérer les changements politiques, il s’agit de trouver un moyen d’aider à établir ce lien. Nous devons pleinement reconnaître les deux réalités : l’impact humain immédiat, et la force sous-jacente des changements climatiques. Et ce travail doit se faire en très peu de temps, avant que l’attention des médias et du public ne retombe.

Agir de la sorte ne revient pas à “politiser” la météo ou les feux de forêt, comme certains le prétendent. Bien sûr, nous devons traiter les victimes avec beaucoup d’empathie. Mais nous ne pouvons pas laisser le moment nous filer entre les doigts sans faire le lien entre les symptômes et la cause.

Si nous restons les bras croisés, nous risquons d’exacerber la trajectoire actuelle et d’inviter encore plus de danger, sous forme de catastrophes de plus en plus graves et fréquentes. Ces tragédies indicibles se poursuivront sans que la racine du problème ne soit évoquée. Et le public restera dans l’ignorance de la véritable urgence à laquelle nous sommes confrontés, avec les changements climatiques qui menacent de provoquer des destructions encore plus importantes à l’avenir.

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