Bâtir la force grâce à l’abri

Prescriptions politiques pour des logements autochtones écoénergétiques sains

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Media credit: Couverture réalisée par Bayja Morgan-Banke, artiste des nations Toquaht (Nuu-Chah-Nulth) et Secwépemc (Shuswap).

L’inégalité en matière de logement parmi les communautés autochtones du Canada est un problème coûteux, tant sur le plan financier que, plus important encore, en vies humaines.

Partout au Canada, le logement inadéquat est l’un des enjeux les plus urgents auxquels sont confrontés les peuples autochtones. Le mauvais état des logements fait grimper les coûts des soins de santé et mène à des habitations dangereuses et inefficaces sur le plan énergétique, vulnérables aux catastrophes climatiques et non adaptées aux communautés qui y vivent.

Pourtant, les recherches démontrent que des logements sains et sécuritaires sont essentiels à la santé et au bien-être des gens, sans parler d’un droit fondamental de la personne reconnu par la Commission canadienne des droits de la personne. Malgré le fait que le logement, l’énergie, la résilience aux changements climatiques et la santé sont profondément interdépendants, pourtant les politiques et les programmes les abordent trop souvent de manière indépendante.

Dans le contexte des changements climatiques, ne pas s’attaquer au problème des logements inadéquats ne fera qu’accroître les risques pour la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis partout au Canada, qui sont déjà exposés de manière disproportionnée à des effets néfastes comme la fumée causée par les feux de forêt et les vagues de chaleur extrêmes.

Bâtir la force grâce à l’abri : prescriptions politiques pour des logements autochtones écoénergétiques, un rapport élaboré conjointement par l’Institut climatique du Canada et Indigenous Clean Energy avec le soutien de Shared Value Solutions, souligne l’urgence de la crise du logement qui frappe les Autochtones partout au pays et les possibilités de transformation grâce à l’élaboration concertée de politiques. Le rapport préconise une intervention coordonnée des gouvernements, afin d’accélérer la construction de logements abordables et les rénovations en profondeur grâce à une approche appelée « Logements écoénergétiques sains ».

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Les logements autochtones inadéquats nuit à la santé et au bien-être

Au Canada, les Autochtones sont près de trois fois plus susceptibles de vivre dans un logement nécessitant des réparations importantes que les Canadiens non autochtones.

Le mauvais état des logements dans les communautés autochtones, conséquence des politiques coloniales et de la discrimination systémique, a des répercussions directes sur la santé, entraînant des taux plus élevés de maladies respiratoires, de stress et de maladies chroniques. Des problèmes comme la moisissure, l’humidité, une mauvaise isolation et le manque de chauffage fiable nuisent également au bien-être physique, spirituel et mental.

Ces problèmes de santé liés au logement touchent particulièrement les populations des communautés éloignées et du Nord où les coûts d’infrastructure sont plus élevés et les risques climatiques plus importants. Les phénomènes météorologiques extrêmes, les changements dans les écosystèmes et les cycles saisonniers imprévisibles augmentent les risques pour les logements déjà dans des conditions fragiles.

Que sont les logements écoénergétiques sains?

Le concept de « logements écoénergétiques sains » privilégie le développement de logements autochtones écoénergétiques, résistants aux changements climatiques et favorisant le bien-être général.

En améliorant l’efficacité énergétique, ces logements réduisent les émissions, diminuent les factures d’énergie, améliorent la qualité de l’air intérieur et allègent la pression sur les systèmes de soins de santé. Ces avantages sont particulièrement importants dans les communautés autochtones, où le bien-être est perçu de façon plus holistique, un terme qui englobe la santé physique, mentale et spirituelle, y compris les relations avec la terre, l’eau et tous les êtres vivants.

Cette image montre que la construction de logements écoénergétiques sains tient compte du fait que le logement n'est pas qu'un abri; il est lié à de nombreux enjeux. Il repose sur 3 pilliers: résilience climatique et efficacité énergétique, réconciliation et auto-détermination, santé et bien-être.

Partout au Canada, de nombreuses communautés et organisations autochtones mènent déjà des initiatives conformes à l’approche de logements écoénergétiques sains, concevant et mettant en œuvre des logements qui améliorent la santé, l’efficacité énergétique, la résistance au climat et plus encore.

Pour que ces progrès se poursuivent, les gouvernements doivent éliminer les obstacles et collaborer avec les communautés autochtones, afin de planifier, d’élaborer et d’investir dans le développement de logements écoénergétiques sains.

Les impacts climatiques amplifient les risques pour la santé dans les logements autochtones

Les changements climatiques exacerbent les risques pour la santé dans les communautés autochtones, rendant les logements mal construits ou en mauvais état encore plus dangereux pour leurs occupants.

Par exemple, les maisons vieillissantes sont plus vulnérables aux infiltrations de fumée causées par les feux de forêt. Elles exposent leurs occupants à des polluants atmosphériques, ce qui peut entraîner une augmentation des taux d’hospitalisation.

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Une ventilation passive et une climatisation insuffisantes peuvent compliquer la gestion des vagues de chaleur, augmentant ainsi le risque de maladies et de décès liés à la chaleur.

Les changements climatiques exacerbent également l’érosion côtière et le dégel du pergélisol, ce qui peut déstabiliser les bâtiments et aggraver l’exposition au radon, forçant souvent les populations à déménager.

Notre recherche précédente, Plus qu’une question de durabilité : la force des logements autochtones, a démontré l’interdépendance du logement, de la santé et de l’énergie. L’efficacité énergétique et les systèmes d’énergie propre ne sont pas seulement des solutions climatiques. Au même titre que le logement, ils constituent des déterminants sociaux de la santé.

Pourquoi investir dans le logement des Autochtones est-il payant?

Les logements autochtones inadéquats et mal construits ont des répercussions importantes sur la santé des populations autochtones et cela entraîne des coûts considérables. Par exemple, le coût d’une hospitalisation pour une infection des voies respiratoires inférieures chez un nourrisson inuit de l’Arctique peut atteindre 60 000 $ par visite.

Jusqu'à 60 000$ par visite
1,2 milliards de dollars

Investir dans des logements écoénergétiques sains est rentable : chaque dollar investi dans le logement des Autochtones peut générer un retour sur investissement social d’environ 6,79 $, incluant des économies estimées à 3,12 $ pour le gouvernement, selon l’Association de gestion du logement autochtone de la Colombie-Britannique.

Cette image montre qu'à long terme, les investissements dans le logement pour les Autochtones engendrent d'importantes économies d'argent. Un dollar investi aujourd'hui peut rapporter 6,79$ en avantages sociaux.

Une action concertée est nécessaire pour améliorer le logement autochtone

Les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones de partout au Canada participent tous, à des degrés divers, à des initiatives en matière de santé, d’énergie et de logement. Or, les politiques et les approches de financement actuelles fonctionnent de manière cloisonnée et à court terme, sans tenir compte des liens entre le logement, le bien-être, l’efficacité énergétique et la résistance au climat. 

La lutte contre les logements dangereux et inadéquats dans les communautés autochtones nécessite une action concertée avec un financement flexible à long terme, une responsabilité partagée, le renforcement des capacités et la reconnaissance des retombées positives sur les politiques de santé, de logement, d’énergie et de climat. La collaboration avec les dirigeants autochtones est essentielle pour combler l’écart en fait de logement et bâtir un avenir plus sain et plus résilient. 

Le chemin vers des logements écoénergétiques sains doit être adapté à chaque communauté et refléter les valeurs, les priorités et les systèmes de gouvernance autochtones locaux. Les mécanismes de financement doivent être pilotés par les détenteurs de droits autochtones, afin de s’assurer qu’ils reflètent les besoins distincts des communautés et favorisent l’autodétermination.

Une politique intelligente et concertée, qui réoriente les approches existantes, est nécessaire pour réussir la mise en œuvre de solutions de logements écoénergétiques sains. Notre rapport recommande que tous les ordres de gouvernement :

  1. Coordonnent et intègrent leurs actions en fait de logement autochtone.
    Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient réduire les chevauchements. Ils devraient également éliminer les obstacles qui entravent la création de meilleurs logements autochtones.
  2. Élaborent conjointement des politiques et des programmes avec les dirigeants autochtones. 
    Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent élaborer conjointement des politiques avec les dirigeants des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Ce processus permettra de s’assurer que les logements répondent aux besoins culturels et aux conditions climatiques régionales.
  3. S’engagent à conclure des ententes d’investissement à long terme.
    Des ententes de financement pluriannuelles avec les Premières Nations pour le logement, la rénovation et le suivi de la santé peuvent assurer la stabilité de la planification à long terme.
  4. Offrent des options de financement flexibles. 
    Offrir divers modèles de financement permet aux communautés autochtones de choisir celui qui leur convient le mieux.
  5. Mesurent les avantages et les impacts holistiques du logement. 
    Investir dans de meilleurs logements autochtones génère des retombées positives plus larges sur le plan de la santé, de la culture, de la société et de l’environnement. L’inclusion de ces aspects sociaux dans l’analyse coûts-avantages appuiera une prise de décision fondée sur des données probantes.
  6. S’assurent que les programmes de financement sont accessibles et adaptés à la capacité. 
    Rationaliser les processus de demande et renforcer la capacité des communautés à fournir des logements et à soutenir la formation, le perfectionnement des compétences et la création d’emplois.

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