Cinq raisons d’espérer à la lecture du rapport du GIEC sur les changements climatiques

Les changements apportés au Canada et dans le reste du monde pourraient provoquer une accélération de la décarbonisation.

Il se dégage indéniablement un sentiment d’urgence de la première partie du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui a été publié lundi : le réchauffement planétaire se produit plus rapidement que prévu et entraîne des phénomènes météorologiques extrêmes sur tous les continents.


On en observe aussi les conséquences au quotidien. Trop de gens au Canada subissent déjà directement les effets désastreux des changements climatiques : inondations, incendies et vagues de chaleur. Le pays se réchauffe plus rapidement que beaucoup d’autres régions du monde, avec une hausse moyenne de la température de 1,7 °C depuis 1948. Ainsi, il faut agir beaucoup plus vigoureusement pour s’adapter aux changements climatiques afin d’en réduire les coûts et de sauver des vies dans les prochaines décennies.

Il y a donc bien des raisons de s’inquiéter à la lecture du tout dernier rapport du GIEC.

Pourtant, tout n’est pas noir. Bien souvent lorsqu’il est question de changements climatiques, le dialogue public prend une tournure qui frise le nihilisme. Mais il nous appartient encore de façonner notre avenir. Précédents rapports scientifiques du GIEC à l’appui, voilà cinq grandes raisons pour lesquelles je termine la semaine sur une note d’espoir :

  1. Il est possible d’éviter les pires conséquences des changements climatiques.

C’est la bonne nouvelle : il n’est pas encore trop tard pour changer de cap (même si la fenêtre pour le faire se ferme rapidement). Les projections du rapport du GIEC démontrent, avec beaucoup de certitude, que si on atteint la carboneutralité à l’échelle mondiale d’ici 2050, il sera encore possible de limiter le réchauffement à 1,5 °C et ainsi éviter des points de bascule catastrophiques. La communauté scientifique est claire : plus vite on réduit nos émissions, plus froide demeurera la planète.

  1. Le réchauffement planétaire est réversible si on agit rapidement.

Dans le pire des scénarios du GIEC, les émissions mondiales doublent d’ici 2050, causant une hausse des températures estimée à 2,4 °C entre 2041 et 2060. Mais dans le meilleur des scénarios, celui où l’on réduit rapidement les émissions dans les 10 prochaines années, il est estimé que la température mondiale augmente de 1,5 °C jusqu’en 2040, culmine à quelque 0,1 °C supplémentaire, puis commence à diminuer vers la fin du siècle.

  1. La diminution des émissions globales est déjà amorcée.

Dans les 10 dernières années, le coût de l’énergie propre a diminué et les politiques climatiques du Canada et d’autres pays sont devenues plus sévères. Les émissions mondiales ont ralenti, n’ayant augmenté que de 1 % par année dans la dernière décennie. Les cibles de l’Accord de Paris ne sont pas atteintes, mais il est improbable que les scénarios où l’on prédisait une hausse très importante des émissions se concrétisent. Nous sommes sur la bonne voie, particulièrement par rapport à la situation en 2010.

  1. Le carbone n’est pas éternel.

De 65 % à 80 % du CO2 relâché dans l’atmosphère se dissout dans l’océan sur une période de 20 à 200 ans. Le rapport du GIEC est clair : l’atteinte d’un niveau d’émissions de gaz à effet de serre (GES) faible ou très faible aura des effets perceptibles en quelques années. Si l’on réduisait rapidement les émissions, la température mondiale commencerait à afficher une tendance à la baisse détectable en l’espace d’environ 20 ans.

  1. Réduire rapidement les émissions de GES, c’est gagnant pour tout le monde.

Le rapport du GIEC souligne que la réduction des émissions de gaz à effet de serre améliorera la qualité de l’air, ce qui permettra de sauver des vies et de réaliser des économies au Canada. En effet, le fardeau social sur la santé associé à la pollution atmosphérique, qui représente actuellement environ 8,3 milliards de dollars par année au pays, pourrait dégringoler à 0,7 milliard de dollars d’ici 2050. Et ce n’est là qu’un exemple de retombées positives. Notre rapport Vers un Canada carboneutre démontre qu’il est non seulement réaliste pour le Canada d’agir pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, mais que cette action sera bénéfique pour la santé et la prospérité.
Les gens et les systèmes climatiques ont des points de bascule, comme le soulignent les auteurs de l’étude Plausible grounds for hope. Tout porte à croire que l’on vit actuellement l’un de ces moments charnières : les changements au Canada et ailleurs dans le monde pourraient provoquer une accélération de la décarbonisation. Si la dernière année et demie de pandémie nous a appris quelque chose, c’est bien qu’on peut adapter nos comportements, parfois très rapidement, même si ce n’est pas toujours facile. Il ne reste plus qu’à nous atteler à la tâche.